La première ministre bangladaise, Sheikh Hasina, a appelé, dimanche 5 août, les étudiants manifestant contre l’insécurité routière à rentrer chez eux, alors qu’un mouvement de protestation sans précédent contre ce fléau entre dans son huitième jour et a dégénéré en violences.
Au cours de la semaine écoulée, des milliers d’étudiants ont bloqué une partie de la capitale Dacca pour réclamer une meilleure sécurité routière après la mort de deux jeunes percutés par un bus qui roulait trop vite.
Les violences se sont poursuivies dimanche, la police tirant des gaz lacrymogènes en direction d’une importante foule se dirigeant vers un bureau du parti au pouvoir, l’Awami League, selon l’Agence France-Presse.
La première ministre a mis en garde contre « une tierce partie » qui pourrait saboter les manifestations et mettre en danger la sécurité des manifestants. « C’est la raison pour laquelle je demanderais à tous les parents de garder leurs enfants à la maison. Quoi qu’ils aient fait, cela suffit », a déclaré Sheikh Hasina. Elle a aussi appelé les enseignants à « faire en sorte que leurs élèves retournent en classe ».
Internet coupé
Les manifestations se sont étendues au cours de la semaine à d’autres parties de ce pays d’Asie du Sud, et les autorités ont coupé l’Internet mobile dans de vastes territoires du Bangladesh, selon des responsables et médias locaux, afin de tenter de freiner la mobilisation.
Les services Internet 3G et 4G ont été coupés pour 24 heures depuis samedi soir, a rapporté le journal à plus grand tirage du pays, Prothom Alo, après que 115 étudiants ont été blessés lors de heurts avec la police qui a tiré des balles en caoutchouc en direction de manifestants.
Les réseaux sociaux étaient inondés de messages de Bangladais dans l’impossibilité de se connecter à Internet via leurs téléphones portables, tandis que des réseaux sans fil et câblés ne semblaient pas affectés. Le directeur de la Commission bangladaise de régulation des télécommunications (BTRC) a déclaré que celle-ci avait été informée d’une « décision » en ce sens du gouvernement, sans préciser ce que le gouvernement avait exactement exigé. « La BTRC a ralenti le fonctionnement d’Internet », a déclaré de son côté un responsable des télécommunications, qui a requis l’anonymat. Cette décision vise à essayer de limiter la capacité de mobilisation des étudiants.
Manifestations depuis des mois
Selon des témoins, la police avait tiré samedi des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes en direction des manifestants, et des milices pro-gouvernementales avaient aussi attaqué les manifestants, y compris des personnes fuyant vers les hôpitaux voisins pour y recevoir des soins. « Nous nous sentons tous en danger, ici. Nous voulions une manifestation pacifique. Nous ne voulons pas de problèmes. Pourtant, des balles de caoutchouc ont été tirées sur nos frères », a raconté un étudiant, Sabbir Hossain.
La police a nié avoir tiré en direction des manifestants.
Le gouvernement du premier ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 2009, fait face depuis plusieurs mois à d’importantes manifestations de citoyens réclamant la fin du système de recrutement du service public, vieux de plusieurs décennies et jugé discriminatoire. Redoutant que le mouvement étudiant ne se transforme en manifestations antigouvernementales avant les élections législatives prévues plus tard dans l’année, plusieurs ministres influents ont enjoint les étudiants de retourner en classe, sans succès.