Une petite touche de politique et de grosses louches de business. Tel était le programme de José Manuel Barroso ce vendredi en Chine. Le président de la Commission européenne était initialement venu parler environnement et économie, mais il a dû se saisir de la question sensible des droits de l’homme... avant que les affaires ne reprennent leurs droits.
Ne craignant pas les sujets qui fâchent, Barroso a abordé de front la question du Tibet. Il n’a d’abord pas hésité à réclamer à la Chine un accès libre à la province à la fois pour les journalistes et les touristes étrangers. Avant de souhaiter, après avoir rencontré le Premier ministre Wen Jiabao, des « développements positifs » sur ce dossier. « Nous avons eu des échanges ouverts et francs sur le Tibet. J’ai réaffirmé la position de l’Union européenne sur le sujet », a-t-il déclaré.
Après tant de violence verbale, le président de l’exécutif européen a rassuré son partenaire chinois en le félicitant pour son petit pas fait en direction du dialogue avec le dalaï-lama et en lui rappelant l’opposition de l’Union européenne à l’indépendance du Tibet. Wen Jiabao lui a alors confirmé que la situation au Tibet était un problème interne.
Carrefour est « une compagnie chinoise en Chine »
Barroso a aussi répété que l’UE n’était pas favorable au boycott des Jeux olympiques de Pékin. Légère audace, cependant : il n’a pas évoqué d’éventuelles défections à la cérémonie d’ouverture.
Mais c’est un autre boycott qui a récemment irrité le président de la Commission européenne : celui des magasins Carrefour en Chine, sur fond d’une montée du sentiment anti-français dans le pays. « Ce type d’actions contre des entreprises, qu’elles soient chinoises ou étrangères, n’a aucun sens », s’est indigné Barroso, rappelant qu’avec un personnel pratiquement entièrement chinois et des rayons « remplis à 95% de produits chinois », le distributeur français est « une compagnie chinoise en Chine ».
L’exécutif européen représenté en force
Car José Manuel Barroso tient à de bonnes relations commerciales avec Pékin. C’est à ce titre que s’est ouvert en fin de journée à Pékin un dialogue économique de haut niveau. Et l’exécutif européen était représenté en force pour cet événement : pas moins de neuf commissaires entouraient le Portugais. Les Européens veulent en effet faire avancer les dossiers épineux, au premier rang desquels leur déficit commercial, chaque année plus important.
Il a doublé entre 2004 et 2007, passant de 80 milliards d’euros à 159 milliards d’euros, selon les statistiques européennes. Les exportations chinoises vers les pays européens ont, elles, progressé de 27% par an sur les cinq dernières années, selon la Commission européenne. Barroso a affirmé avoir trouvé des interlocuteurs soucieux « d’équilibrer la balance commerciale ».
LIBERATION.FR (AVEC SOURCE AFP).