La fermeture des services de maternité et de chirurgie de l’hôpital de Carhaix (Finistère) a été suspendue par décision de justice. C’est une défaite pour le gouvernement, qui a voulu imposer la fermeture de services hospitaliers rendus vitaux par la situation géographique de la région de Carhaix, au centre de la Bretagne et éloignée des grandes agglomérations. Les habitants devaient être réorientés vers les hôpitaux de Brest, de Morlaix ou de Quimper, à une heure de route. Alors que les résultats des soins sont souvent liés à la rapidité de la prise en charge.
Le gouvernement a déployé toute l’armada sécuritaire en sa possession (gardes mobiles, CRS, hélicoptère, grenades offensives…) à l’encontre de manifestants pacifiques. Les femmes enceintes, les enfants, les retraités, les syndicalistes, les élus ont étés gazés, matraqués, piétinés. Ces méthodes n’ont pas eu l’effet escompté : la population s’est indignée et le mouvement s’est élargi. « Sauver notre hôpital » est devenu « Sauver un territoire », un bras de fer d’une petite ville face à un État méprisant, autoritaire et violent.
Après chaque coup dur, interpellations, déclarations de l’agence régionale d’hospitalisation ou du député UMP, Christian Ménard, jugeant le plan Bachelot comme un « moindre mal », fleurissaient dans la presse du lendemain des communiqués de soutien venant de la France entière. Comme celui de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (Anacr), disant appuyer « le juste combat que Carhaix mène pour sauver son hôpital. Résister doit toujours se conjuguer au présent ».
L’éclectisme des manifestants a été un atout majeur. Le « décloisonnement » social, générationnel, politique et syndical, bref, l’unité de lutte la plus large, a popularisé le combat. Les manifestations commençaient par un chant : « Carhaix, Carhaix, résistance ! » Une mobilisation massive, un combat unitaire, une détermination sans faille, une organisation intelligente ont eu raison d’une restructuration des hôpitaux à la Bachelot. Son but insidieux était de mettre un prix sur une naissance ou un acte chirurgical, un prix sur la vie. Une belle manche a été gagnée, mais il reste à gagner le match. En bons Bretons, la victoire doit d’abord être savourée avant de remettre le bleu de chauffe. Tous ensemble, on peut gagner. Ce qui s’est passé à Carhaix doit servir à l’ensemble des combats sociaux.