Les syndicats de l’opérateur public postal (la CGT, Sud, la CFDT, FO et la CFTC) étaient réunis en intersyndicale, mercredi 9 juillet, pour décider de « la meilleure riposte » au projet défendu par le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, auprès de l’Etat. Ils envisageaient d’appeler à une journée d’action en septembre. « Nous demandons au gouvernement de nous recevoir dans les meilleurs délais, pour examiner toutes les solutions permettant de relever le défi de la libéralisation du courrier », indiquait Jacques Lemercier (FO) avant la rencontre.
La veille, le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot, facteur de son état, avait appelé son syndicat, SUD, pour prendre la température sociale. Vent debout contre l’ouverture annoncée du capital, M. Besancenot préconise une mobilisation nationale, pour dénoncer la fuite des services publics de proximité sur tout le territoire.
L’inquiétude des syndicats reflète celle, plus diffuse, des salariés, encore sous le choc de l’annonce. A l’incrédulité, ont succédé les interrogations sur les conséquences concrètes du projet. En dépit des premières déclarations de M. Bailly assurant que rien ne changera pour les fonctionnaires (60 % de l’effectif), ceux-ci peinent à comprendre comment le statut de société anonyme (SA) se combinera avec le leur.
EFFETS PERVERS
Les postiers craignent aussi les effets pervers d’une privatisation qui obligera l’entreprise à servir des dividendes substantiels à ses futurs actionnaires. Mardi soir, le numéro vert mis en place, la veille, par la direction pour apaiser l’inquiétude (0800-00-63-63), avait déjà enregistré 10 000 appels. Les postiers peuvent y entendre M. Bailly expliquer « pourquoi (ce projet) est, à (ses) yeux, essentiel pour l’avenir de l’entreprise (...) » et affirmer que « La Poste restera dans une sphère publique, contrôlée majoritairement par l’Etat », conformément à l’article 9 de la Constitution. Celui-ci établit qu’un service public national doit être contrôlé par l’Etat.
De fait, sitôt son projet révélé, vendredi 4 juillet, M. Bailly a choisi de préparer les esprits à une « évolution juridique » dont tous les détails sont prêts. Ce projet, qui doit être présenté en conseil d’administration, jeudi 10 juillet, vise à céder entre 20 % et 25 %du capital, afin d’en retirer 2 à 3 milliards d’euros de ressources nouvelles.
Mis très tôt au courant, le gouvernement voit cette évolution d’un bon oeil, comme l’a dit le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant sur Europe 1, dimanche 6 juillet. Mais il entend juger du meilleur moment pour donner son feu vert, alors que se profilent des échéances électorales sensibles, les élections sénatoriales à l’automne et les européennes, en 2009.