SINÉ : SA VIE, SON OEUVRE, SON CUL, PHILIPPE VAL
Le mardi 8 juillet, sur les ondes de RTL, Claude Askolovitch, journaliste du Nouvel Observateur dénonçait « un article antisémite dans un journal qui ne l’est pas ». Claude Askolovitch faisait allusion à une chronique de Siné dans Charlie Hebdo dont nous reproduisons le texte ici :
« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l’UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »
Effrayé par la perspective d’un procès pour antisémitisme, Philippe Val, directeur de publication, a enjoint à Siné de signer une lettre d’excuses dans Charlie Hebdo, ce que le caricaturiste a refusé de faire.
En conséquence, la direction de Charlie envisage de suspendre sa collaboration avec Siné.
Où est l’antisémitisme dans le texte de Siné ? Il y dénonce seulement, avec le ton fleuri qui est sa marque de fabrique, l’opportunisme du fils du président de la République.
Philippe Val et la direction de Charlie Hebdo se sont couchés devant Jean Sarkozy, grand bien leur fasse, leurs lecteurs apprécieront. D’autres continuent à la radio de faire des procès en antisémitisme comme certains, naguère, en sorcellerie.
Nous connaissons bien Siné : sa grande gueule, sa violence intellectuelle, son humour et surtout sa maison ouverte à tous : Juifs, Arabes, Français, Noirs, Auvergnats, Bretons, pédés, communistes (liste non exhaustive), tous unis pour conchier autour d’un (ou plusieurs) verre une société de plus en plus bien-pensante et moraliste. Siné c’est ça. Pas ce que peuvent déblatérer sur son compte Philippe Val et Claude Askolovitch.
C’est pourquoi nous lui apportons notre soutien total et inconditionnel.
Siné n’est pas antisémite.
Siné n’aime pas les cons.
Siné est un anar.
Vive Siné !"
Pour signer la pétition :
http://www.soutenir-sine.org/petition/
2.000 signatures pour la pétition de soutien à Siné
Les dessinateurs Willem et Pétillon, les humoristes Guy Bedos et Christophe Alévêque ou le réalisateur Pierre Carles ont, entre autres, signé un texte qui rappelle que Siné « dénonce seulement, avec le ton fleuri qui est sa marque de fabrique, l’opportunisme du fils du président de la République », soulignant que sa « violence intellectuelle » a toujours été « ouverte à tous : Juifs, Arabes, Français, Noirs, Auvergnats, Bretons, pédés, communistes ».
Une pétition de soutien à Siné, licencié de Charlie hebdo après une chronique sur une supposée conversion au judaïsme de Jean Sarkozy, a obtenu près de 2.000 signatures, selon les proches du dessinateur et chroniqueur.
« C’est impressionnant, c’est de la folie », a commenté Siné à l’AFP, samedi 19 juillet.
La pétition rappelle les faits reprochés au chroniqueur, « un anar », qui « dénonce seulement, avec le ton fleuri qui est sa marque de fabrique, l’opportunisme du fils du président de la République ».
Elle reproche au directeur de la publication de Charlie hebdo, Philippe Val, de s’être « couché devant Jean Sarkozy », et évoque la « grande gueule » de Siné, « sa violence intellectuelle, son humour et surtout sa maison ouverte à tous : Juifs, Arabes, Français, Noirs, Auvergnats, Bretons, pédés, communistes ».
« Nous apportons notre soutien inconditionnel à Siné », disent les signataires.
Le texte est signé par nombre de dessinateurs -Willem, Pétillon, Pichon, Philippe Geluck, Desclozeaux-, des écrivains tels Gilles Perrault, François Maspero et Raphaël Confiant, des philosophes comme Michel Onfray et Daniel Bensaïd, les humoristes Guy Bedos et Christophe Alévêque, l’écrivain et cinéaste Fernando Arrabal, le réalisateur Pierre Carles, des enseignants, des journalistes -Denis Robert, Denis Sieffert...-, la comédienne Marina Vlady, le porte-parole de la LCR Alain Krivine, l’entarteur Noël Godin...
Bedos compare Val à Sarkozy
Guy Bedos a par ailleurs rédigé une lettre à Philippe Val, l’accusant d’être à l’hebdomadaire « ce que Sarkozy est à la France », et une autre de l’avocate féministe Gisèle Halimi qui estime que le licenciement de Siné « participe des procès en sorcellerie qui se multiplient aujourd’hui pour maintenir une psychose du juif persécuté ».
Enfin ils citent une interview du dessinateur Plantu à l’Est républicain, où il souligne que Charlie Hebdo est « un journal de provocateurs (...) qui fait du bien », et que « dans la provocation il convient d’accepter les dérapages ».
AFP
Gisèle Halimi : « On tente de museler Siné-le-libertaire »
Voici un texte de Gisèle Halimi, communiqué vendredi 18 juillet, en soutien au caricaturiste Siné, licencié de Charlie Hebdo pour des propos que la direction de l’hebdomadaire satirique juge antisémites.
Siné n’est pas ce qu’il est convenu d’appeler un ami. Sa misogynie volontairement primaire nous a tenus éloignés l’un de l’autre, malgré quelques causes communes essentielles. (anticolonialisme, antiracisme etc.).
La direction de Charlie Hebdo vient de le licencier brutalement. Motif allégué : propos antisémites. A la lecture attentive de ses quelques lignes, je suis en mesure d’affirmer - en spécialiste du droit de la presse - qu’il ne s’agit que d’un prétexte ; un procès pour antisémitisme n’aurait guère de chances d’aboutir.
Cette opération participe donc des procès en sorcellerie qui se multiplient aujourd’hui pour maintenir une psychose du juif persécuté.
Charlie Hebdo s’est toujours posé en champion de la liberté d’expression. Rappelez-vous le tonitruant procès mis en scène, filmé, supermédiatisé des caricatures de Mahomet. Aujourd’hui il porte à cette liberté un coup terrible en tentant de museler Siné-le-libertaire.
J’ai participé en son temps avec Cavanna et d’autres, à la création de Charlie Hebdo. Cette aventure superbe risque de s’achever dans la honte.
J’ai bénéficié jusqu’à présent d’un service de presse du journal. Arrêtez. Je ne veux plus vous entendre ni vous lire.
Gisèle HALIMI