Jobs with Justice (JwJ) [1] a été créé en 1987 pour organiser le soutien à une grève nationale de la compagnie aérienne Eastern Airlines, car au niveau de la confédération AFL-CIO [2], la direction droitière de l’époque refusait de le faire. Les fondateurs étaient les syndicats les plus à gauche, comme ceux des services (SEIU) [3] ou des télécommunications (CWA).
Les deux principales missions de JwJ sont d’organiser le soutien aux luttes des travailleurs (grèves, campagnes lors de la renégociation d’accords d’entreprise [4], campagnes de syndicalisation) et de constituer dans ce but des coalitions permanentes entre diverses organisations.
JwJ existe dans environ 40 villes des USA. Chaque collectif local est autonome et décide lui-même de ses propres campagnes. Ces collectifs sont en général constitués des structures syndicales les plus à gauche de la ville, de groupes communautaires [5], d’organisations religieuses, d’associations d’immigrés, d’organisations de gays et lesbiennes, etc. Les syndicats et les autres organisations sont sur un pied d’égalité et dirigent ensemble ce réseau.
JwJ agit par le biais de ses organisations constitutives ainsi que par ses adhérents individuels qui s’engagent à se mobiliser au moins cinq fois par an. Les collectifs locaux utilisent les e-mails et le téléphone pour appeler rapidement aux manifestations. La plus grande partie du travail est faite par des bénévoles qui sont en général des travailleurs de base.
Beaucoup de groupes locaux de JwJ ont des commissions s’occupant des droits des salarié-e-s qui sont constituées dans chaque ville par des responsables politiques et des représentants de diverses communautés.
Ces commissions mettent en place des tribunaux pour enquêter sur des atteintes aux droits des salarié-e-s dans leur ville. L’impact médiatique que cela permet aide à faire pression sur les employeurs et permet la mobilisation ainsi que des actions sur le terrain.
JwJ a également établi un projet nommé SLAP (Student Labor Action Project) qui mobilise les étudiants pour soutenir les luttes des salariés. SLAP a soutenu efficacement les employés des universités cherchant à constituer des syndicats et obtenir de meilleurs salaires. Les militants du SLAP apportent également une énergie juvénile, sortant des sentiers battus, à un mouvement ouvrier principalement dominé par des hommes blancs et plutôt âgés. Ils apportent également à JwJ une orientation plus à gauche.
Certaines villes ont un mouvement ouvrier plus organisé que d’autres, et les activités de JwJ y sont plus faciles. Là où le mouvement ouvrier est faible, il est plus difficile d’avoir les moyens de fonctionner et d’embaucher des permanents. Les ressources de JwJ proviennent en effet de syndicats, de contributeurs individuels et de subventions de fondations.
En plus des luttes de salarié-e-s, JwJ soutient des luttes sociales comme celles pour le droit aux soins de santé, le droit des immigré-e-s et l’altermondialisme. JwJ essaye d’impliquer les syndicats dans le soutien à de telles luttes afin de renforcer leurs liens avec diverses communautés et courants progressistes. Ce n’est pas toujours facile, car beaucoup de syndicats veulent surtout agir sur des revendications économiques immédiates.
Sans illusions sur les politiciens démocrates, JwJ espère toutefois que la rupture introduite par la victoire des Démocrates aux élections de novembre 2006 se traduira par une poussée des luttes ouvrières.
L’avenir nous dira si nous avons raison, et si les salarié-e-s passeront de combats essentiellement défensifs à des luttes plus offensives, plus militantes et mieux organisées. Sur ce point, les deux prochaines années aux Etats-Unis devraient être particulièrement intéressantes.