Le Japon a un nouveau Premier Ministre en la personne de Taro Aso. Avant d’endosser l’habit du chef d’Etat, il avait –indispensable préalable– gagné la présidence du Parti libéral démocrate (PLD) qui domine la chambre basse (l’équivalent de notre Parlement).
Comme en bien d’autres pays (des Etats-Unis à la France), le candidat de la majorité parlementaire fait campagne en se présentant comme l’homme du changement, histoire de faire oublier un temps le coût social des contre-réformes néolibérales qu’il a lui-même soutenues.
Taro Aso joue de son image pour se présenter comme un homme d’Etat différent – alors qu’il est le digne descendant de l’une de ces dynasties politiques qui font traditionnellement les gouvernants au pays de soleil levant. Promouvant la « pop culture » et les bandes dessinées nippones, il est ainsi connu sous le sobriquet de « ministre du Manga ».
Il se définit lui-même comme un « faucon » en matière de politique étrangère. Il joue à fond sur la corde nationaliste, réhabilitant la colonisation passée de la Corée et chantant l’homogénéité de la nation japonaise, ce « pays d’une seule race et d’une seule langue ». S’il n’ajoute pas ici la religion, ce n’est pas tant parce qu’il y en a de historiquement plusieurs (shintoïsme, bouddhisme…), mais parce qu’il sera le premier chef d’Etat catholique du Japon. Pour répondre d’avance à qui douterait en conséquence de sa nipponitude, il en rajoute dans la posture populiste de droite et la grandiloquence : il se dit sans rire « déterminé à sacrifier sa vie pour défendre la paix du monde et l’intérêt national ».
Notre catholique Premier Ministre Taro Aso vous évoque-t-il un Nicolas Sarkozy nippon ? La crise mondiale du paradigme néolibéral imposerait-elle un « profil » similaire (un populisme théâtral sans politique ni mouvement populistes) aux deux extrémités du continent eurasiatique ?
Toujours est-il que Taro Aso, en jouant sur la fibre nationaliste impériale du Japon, risque fort de jeter de l’huile sur le feu des tensions asiatiques déjà bien vives.