Daniel Cohn-Bendit est en passe de réussir à embarquer, pour les prochaines élections européennes, sur la base de son orientation libérale, les amis de Nicolas Hulot, la totalité des Verts et même José Bové.
Au-delà de ses tours de passe-passe médiatiques, Cohn-Bendit affirme haut et fort son acceptation du libéralisme et des institutions européennes définies dans le traité de Lisbonne. Cela l’amène à préconiser des alliances avec des partis de droite : en France, avec François Bayrou, pour les élections municipales et en Allemagne, avec le parti chrétien-démocrate CDU de la chancelière Angela Merkel, avec qui les Verts ont formé une coalition à Hambourg. Adepte de la privatisation des services publics, au nom d’un libéralisme-libertaire anti-étatique, des fonds de pensions, de la flexibilité, l’ex-gauchiste institutionnalisé a une conception de la démocratie plutôt étriquée. Il veut faire ainsi revoter au plus vite les Irlandais et n’esquisse pas la moindre critique sur le refus des gouvernements européens de soumettre à référendum le traité de Lisbonne.
Le ralliement de la gauche des Verts à cette opération ressemble à une capitulation en rase campagne. Justifier cette alliance par l’intégration d’un amendement à la résolution votée par le conseil national des Verts, indiquant que ce rassemblement aura pour objectif « la promotion des valeurs de justice sociale, d’égalité, de solidarité et d’approfondissement démocratique », est dérisoire, tant de telles généralités sont sans conséquences concrètes.
Quant à la participation de José Bové à cette coalition, elle est contradictoire avec son opposition au traité de Lisbonne et avec la campagne qu’il a menée pour l’élection présidentielle. Mais aussi avec les combats de Via Campesina (réseau mondial d’organisations paysannes) et de la Confédération paysanne, dont il est membre, contre la mondialisation capitaliste et pour la souveraineté alimentaire. Lors de sa récente participation au Grand Jury RTL-Le Figaro, Daniel Cohn-Bendit vantait, comme réalisation de l’Union européenne, la politique agricole commune (PAC) contre laquelle la Confédération paysanne et José Bové manifestaient à Annecy, samedi 19 septembre.
La coordination des collectifs qui ont soutenu la campagne présidentielle de Bové a voté une motion refusant « cette opération totalement contradictoire avec nos objectifs ». Il est encore temps pour José Bové de faire marche arrière, sinon c’est à un véritable suicide politique en direct que l’on va assister.