18 000 coupeurs de canne à sucre sont actuellement en grève dans la Valle del Cauca en Colombie, une région qui produit 21,1 millions de tonnes de canne, 2,3 millions de tonnes de sucre et 275 millions de litres d’éthanol.
Ils revendiquent des augmentations de salaire et la suppression des prétendues « coopératives de travail associé » mises en place par le gouvernement.
Ce système, déjà expérimenté en Argentine et au Brésil, est fondé sur la sous-traitance des opérations les plus intenses en travail à de petites entreprises, soi-disant coopératives, au sein desquelles travailleurs et travailleuses sont prétendument associés, et sont donc leurs propres patrons, privés des droits fondamentaux des salarié-e-s (syndicalisation, protection sociale, droit du travail, etc.). Les salaires effectifs se montent ainsi à 230 $ par mois pour 70 heures de travail par semaine !
Vu l’absence de services de santé et de programmes de préventions des risques, on assiste à la multiplication des cas de paralysie partielle ou totale, de lésions des extrémités, de blessures infectées par les eaux contaminées ou les produits toxiques. De plus, les coupeurs de canne ne reçoivent aucun soin de la part des propriétaires des plantations qui prétendent n’avoir aucune relation contractuelle de travail avec eux. Il en va de même des assurances sociales de base, comme les pensions de vieillesse, dont ces ouvriers et ouvrières sont privés.
Pour La Centrale Unitaire des Travailleurs (CUT) de Colombie : « La production actuelle d’éthanol de la région a été imposée par les pays du Nord qui cherchent ainsi à résoudre leur déficit énergétique ». Elle bénéficie d’importants subsides de l’Etat colombien (153 millions de dollars d’exemptions fiscales, selon la CUT), qui définit les zones de plantation d’agrocarburants comme des « Zones franches spéciales. »
La grève des travailleurs de la Valle del Cauca a besoin de notre solidarité. Comme le dit le président de la Fédération latino-américaine des travailleurs du sucre, Bueno de Camargo : « Les traités de libre commerce avec les Etats-Unis sont au service exclusif des oligarchies nationales. L’éthanol, nouvelle vedette des combustibles alternatifs, ne produit aucun bénéfice pour les travailleurs et les paysans […] , alors qu’il représente un véritable désastre en termes sociaux, économiques et environnementaux. […] Afin d’approfondir la lutte globale pour une société juste et solidaire, où les exigences du parc automobile de l’Europe et des Etats-Unis ne sont pas placées au-dessus de la qualité de la vie et de la souveraineté alimentaire de millions de personnes, il faut que nous fassions nôtre la lutte des travailleurs et travailleuses de la Valle del Cauca et que nous appuyions de toutes nos forces leurs revendications légitimes. »