Tous les constructeurs, équipementiers et sous-traitants du secteur automobile multiplient journées de chômage partiel et réductions d’effectifs, alors que le secteur a déjà perdu, entre 2000 et 2007, 46 000 emplois. Malgré cette dégradation de la situation, ils ont le culot de maintenir le cap des engagements pris auprès des milieux financiers : 6 % de marge opérationnelle en 2009 pour Renault, 5,5 à 6 % en 2010 pour PSA, 10 % en 2006 pour Michelin.
Pourtant, après la démonstration de force du Mondial de l’auto, envahi par 3 000 à 4 000 manifestants venus de toute la France médiatiser leur refus de payer une crise dont ils ne sont pas responsables, les patrons du secteur automobile vont devoir compter avec cette détermination, au cours des prochaines semaines.
Alors que Renault affirme qu’il n’affectera deux nouveaux véhicules utilitaires à l’usine de Sandouville qu’en 2012, pour créer 2000 emplois et garantir la pérennité du site, la direction maintient l’objectif de supprimer 1000 emplois de fabrication avant le 30 avril prochain. À Sandouville, comme dans toutes les entreprises où se mettent en place ces plans « d’ajustement », il faut refuser toute nouvelle suppression d’emploi et imposer l’interdiction de tout licenciement. Parce qu’ils dégradent les conditions de travail de ceux qui restent et font payer aux seuls travailleurs les gains de productivité exigés par les actionnaires. En cas de refus, à l’heure où des gouvernements envisagent la nationalisation partielle de banques, l’exigence d’une réquisition de l’entreprise doit faire son chemin, sous le contrôle des salariés et de la population.
D’ici Noël, les travailleurs de Sandouville vont perdre, avec le chômage partiel, 300 à 400 euros par mois, soit près de 20 % de leur salaire. Cette situation est en train de se généraliser à l’ensemble des sites Renault. C’est l’occasion, pour les directions, de renégocier des accords de flexibilité du temps de travail, combinant la généralisation de compteurs « congés négatifs », qui devront être remboursés par des semaines de six jours quand l’activité reviendra, et la mise à la disposition des directions de presque tous les congés encore à la disposition des salariés (formation, préparation à la retraite, compte épargne temps). Ces mesures ne parviennent pourtant plus à juguler le chômage partiel. Face à cette attaque en règle, il faut une épreuve de force qui impose le paiement à 100 % du chômage partiel, en prenant sur les dividendes servis aux actionnaires.
Chez Renault, moins de 100 millions d’euros suffiraient pour indemniser, pendant un an, à hauteur de ce que perdent mensuellement les salariés de Sandouville, la totalité des salariés du groupe pouvant être frappés par le chômage partiel. Une somme dérisoire lorsqu’on la compare aux 1300 millions d’euros de dividendes promis aux actionnaires, l’an prochain. Une telle revendication offrirait, de plus, l’avantage de mettre en mouvement tous les sites de fabrication, dans un combat offensif commun.
Même si les attaques contre l’emploi polarisent l’activité des équipes militantes intervenant dans le secteur automobile, le redémarrage de l’inflation et l’ampleur des augmentations de prix des produits de première nécessité vont remettre à l’ordre du jour la nécessité d’une épreuve de force pour l’augmentation du pouvoir d’achat. Pas de salaire inférieur à 1 500 euros net, 300 euros pour tous : telles étaient les revendications mises en avant par le syndicat CGT de l’usine Renault de Cléon, en février dernier, pour un coût représentant moins du tiers des 716 millions de dividendes versés aux actionnaires en 2007. Des revendications auxquelles il faudra ajouter l’exigence d’une échelle mobile des salaires pour tenir compte de l’inflation.
Correspondant
* Paru dans Rouge n° 2270, 16/10/2008.
Offensive contre les salaires dans l’automobile
Communiqué de la LCR
A deux reprises, le Salon de l’Automobile a reçu, cette année, la visite animée et combative de plusieurs milliers de salariés de Renault, Peugeot, Ford, General Motors, venus défendre leur emploi et leur salaire.
Aujourd’hui, la riposte patronale tape dur. Après le licenciement des intérimaires qui sont toujours les premières victimes, le chômage technique allant de une à plusieurs semaines frappent tous les salariés sur tous les sites de production ou d’assemblage de la branche automobile, quelque soit le constructeur.
Les plus touchés sont ceux de Ford à Blanquefort où la fermeture de l’entreprise passe de 6 à 10 semaines. C’est une décision politique : le chômage technique c’est plusieurs centaines d’euros qui manquent sur la feuille de paie à la fin du mois, alors que les actionnaires verront bien évidemment leurs dividendes augmenter. Les salariés de Renault-Sandouville, qui bloquent aujourd’hui l’entreprise pour la deuxième fois, montre le chemin à suivre, celui de la résistance collective. Il est inacceptable que des centaines de milliards d’euros soient débloqués pour les responsables de la crise, les banquiers et les patrons et rien pour les salariés.
La LCR soutient les mobilisations, les résistances des salariés de l’automobile. Il est injuste de faire payer la crise financière et économique aux salariés. Ils ne sont en rien responsables de la spéculation qui est devenu le sport favori des établissements financiers. Ils ne doivent subir aucune perte de salaire à cause de la fermeture de leur entreprise. Le chômage technique doit être indemnisé à 100%.
Le 24 octobre 2008