Les luttes pour la défense et la promotion des hôpitaux et maternités de proximité ont vraiment commencé dans les années 1980. Elles se sont généralisées à la fin des années 1990 et, surtout, au début des années 2000. Elles mettent en avant les mêmes principes, notamment le respect du service public en général et la revendication d’égalité territoriale, dans le cadre d’un équitable aménagement du territoire.
Tous les citoyens-usagers ont les mêmes droits à une santé de qualité, comme ils ont les mêmes droits politiques. Cela signifie la prise en compte des intérêts de toute une population (personnels, usagers, services socio-économiques locaux, milieux paramédicaux, élus), le refus de fusions hospitalières – qui sont des absorptions d’une ou plusieurs structures par une autre –, et non de réelles ententes, ni de véritable constitution de réseaux complémentaires et égalitaires. Cela implique donc le refus du programme « Hôpital 2007 » (puis « Hôpital 2012 »), et des schémas régionaux de santé (Sros) qui, depuis fin mars 2006, appliquent de fait les restrictions budgétaires, renforcent les fusions et, donc, accroissent la désertification sanitaire de notre territoire.
Nous sommes déterminés à nous opposer au plan Larcher et aux propositions Bachelot du projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires » (HPST). Nous refusons également une organisation de la santé publique soumise aux marchands et au capital. Nous sommes totalement contre l’extension de la tarification à l’activité (T2A), qui fait dépendre les moyens budgétaires du volume de l’activité des soins, à tous les hôpitaux. Ce système conduit inexorablement à sélectionner les malades ou les pathologies les plus rentables.
Nos méthodes de lutte visent à refonder la démocratie, notamment sanitaire, et à promouvoir et améliorer les sites hospitaliers territoriaux de proximité. Avec l’information la plus large possible de toutes les personnes et associations concernées, la mobilisation de tous les acteurs d’un secteur géographique, sans exclusive. Nous voulons interpeller les autorités politiques et administratives (agences régionales d’hospitalisation, ministère, collectivités territoriales), qui décident souvent en mettant en avant les impératifs budgétaires, et non les besoins des populations.
Nous recherchons des appuis auprès des personnels des services concernés, et auprès des élus des localités touchées. Nous avons la volonté de participer aux mouvements et regroupements proches, notamment ceux qui défendent prioritairement les services publics. Notre coordination est membre associé de la Fédération nationale des comités de défense et de promotion des services publics (Convergence), fondée en début 2006 à Lorient, et reprenant le mouvement de Guéret (début 2005). Nous appartenons également, depuis le début, au Collectif national contre les franchises et pour l’accès aux soins partout et pour tous et pour une Sécurité sociale solidaire.
En 2003 et 2004, une méthode de lutte particulièrement efficace a été mise au point par le Comité de défense de l’hôpital de Saint-Affrique (Aveyron) et par celui de Lure-Luxeuil dans l’est et le nord de la Haute-Saône. Il s’agit de la réalisation d’une sorte de référendum populaire pour contrer une fusion, en informant et en mobilisant massivement les populations concernées. Cette modalité est aujourd’hui toujours utilisée, notamment par le comité d’Ivry, le 19 novembre 2006, ou par celui de Lézignan, en 2007. Saint-Affrique et Lure ont décidé de tenter de regrouper les comités semblables aux leurs.
La Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité (CNCDHMP) s’est donc créée officiellement aux rencontres de Saint-Affrique, les 3 et 4 avril 2004. C’est une fédération de comités autonomes, qui fixe ses orientations et sort des textes essentiels lors des rencontres nationales (qui se réunissent, en général, deux fois par an). Aujourd’hui, la Coordination est en contact avec plus de 180 localités), et elle compte plus de 80 groupes ou comités adhérents dans toute la France, sans compter les associations, partis ou syndicats proches. Elle regroupe les secteurs ruraux et urbains (Toulouse, Marseille, Ivry, Creil, Le Havre, Juvisy, Bezons-Argenteuil…), car la proximité est une exigence pour tous les territoires.
Depuis la fin 2004, la coordination dispose d’un programme qui ouvre le débat pour définir ce que doit être un vrai et complet « hôpital de proximité », et pour qu’il réponde au plus près des demandes des habitants des territoires concernés. La coordination est donc également une force de propositions, qui a pour but de peser dans le débat public sur l’organisation sanitaire française. C’est pourquoi elle est heureuse d’être enfin reconnue société d’usagers, agréée depuis août dernier. Dans son programme, elle rappelle qu’un site hospitalier territorial de proximité (SHTP) doit absolument disposer des services sanitaires essentiels, notamment urgences et Smur, médecine, chirurgie et radiologie, maternité, sans oublier les services administratifs et techniques… Il s’agit de donner à toutes et tous, et partout, des services publics sanitaires de qualité.
Depuis le printemps dernier, avec une mobilisation parisienne devant la maternité des Bluets et des délégations d’une trentaine de comités, la Coordination tente d’aider au regroupement de toutes les forces qui luttent pour une santé solidaire. Elle a proposé un ensemble de manifestations et d’actions, reliées entre elles (sous forme d’étapes ou de minirallyes), pendant la période de septembre-novembre 2008, afin de contrer les projets Bachelot-Sarkozy. Les deux autres collectifs nationaux, la Convergence et le Collectif contre les franchises s’y sont évidemment associés, ainsi que de nombreuses autres organisations politiques et syndicales. L’action a été officiellement lancée à Ivry-sur-Seine, le 27 septembre, et elle va connaître un temps fort, le 24 octobre, à Luçon, et un autre, en novembre, à Paris.