Lors d’une conférence de presse tenue le 1er novembre à Alger, les membres fondateurs de ce nouveau-né ont livré l’avant-projet de la plateforme du MDSL tout en brossant au passage un tableau peu reluisant de la situation globale qui prévaut actuellement en Algérie. « La crise du pays est multidimensionnelle », déplore d’emblée M. Moulay, porte-parole du mouvement. Elle touche, dira-t-il, tous les secteurs de la vie politique, sociale, économique et culturelle. « Tous les chaînons de cette crise sont imbriqués entre eux de façon indissociable et prétendre la résoudre sans refonder l’Algérie sur des bases radicalement nouvelles est une illusion », avertit l’orateur, persuadé que cette refondation, qui définira clairement la place et le rôle des institutions et veillera au respect de leur fonctionnement, doit passer inéluctablement par l’abrogation de l’article 2 de la Constitution, l’abrogation pure et simple du code de la famille, la proclamation de l’Etat laïque, la disqualification des partis islamistes et de toutes les organisations satellites du pouvoir (UGTA, ONM...). Pour le MDSL, la transition pour une alternative démocratique est un acte révolutionnaire qui aura un retentissement sans précédent sur le développement du pays et constituera l’acte de naissance de la nouvelle république.
Les initiateurs de ce projet qu’est le MDSL affichent haut et fort leur laïcité et leur rupture avec « le système rentier ». « Il n’est plus question d’être un laïc honteux, ainsi nous revendiquons la séparation de la religion du système et nous allons nous battre pour une nouvelle république laïque et démocratique. Nous allons travailler de sorte à expliquer aux citoyens le sens de la laïcité qui n’est nullement un blasphème », a plaidé le conférencier qui est convaincu que la république laïque mettra à l’abri les religions de toute manipulation à des fins politiques ou idéologiques et prendra résolument le chemin de la modernité en consacrant l’égalité des droits des femmes et des hommes et en déclarant caduque toute disposition contraire à cette valeur essentielle, tout particulièrement le code de la famille.
La nouvelle république, estime M. Moulay, résoudra démocratiquement la crise identitaire nationale et plurielle, notamment en faisant de tamazight une langue officielle. « Il faut que l’ensemble des forces démocratiques décide de ne plus cautionner le système en refusant de participer aux élections truquées. Ce sont les démocrates qui sont en train de permettre au système de se pérenniser », regrettent les ex-camarades du défunt El Hachemi Cherif qui pensent que les démocrates ne sont pas encore convaincus qu’ils sont capables d’aller vers une transition. « Il est inconcevable de voir le parti d’Aït Ahmed critiquer le pouvoir et participer en même temps aux différents scrutins. Il faut construire un rassemblement démocratique fort qui constituera un pôle d’opposition lui permettant de négocier avec le pouvoir », a affirmé M. Moulay.
Evoquant la révision de la Constitution, le porte-parole du MDSL se dit non concerné par cette annonce. « La révision de la Constitution doit se faire autour d’une table et avec la participation de tout le monde. La révision de la Loi fondamentale par un seul individu vise tout simplement le maintien du système en place », a expliqué l’orateur. Pour ce qui est de l’agrément et de l’activité du MDSL, M. Moulay a soutenu qu’un comité national est chargé de préparer les assises et plus tard le congrès. « La loi nous permet de créer un parti et avant de demander l’agrément, nous allons prendre notre temps pour préparer le congrès, d’autant plus que nous ne fixons pas comme objectif l’élection présidentielle, bien au contraire, nous voulons arrêter ce processus à l’heure actuelle », déclarent les membres fondateurs de ce nouveau parti.