Fils d’un agriculteur congolais, Laurent Nkunda est l’un des quatre protagonistes de la guerre au Nord-Kivu. Formé militairement par les Rwandais, il est, en 2004, général des 81e et 83e brigades, qui combat aux côtés du Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-Goma), une organisation contrôlée par le Rwanda. Lors du processus de paix, il refuse systématiquement d’intégrer l’armée nationale de la RDC, pour deux raisons : les Tutsis, qui composent majoritairement son armée, sont victimes de brimades ; l’armée nationale ne protège pas la population tutsie de la RDC contre le Front de libération du Rwanda (FDLR).
Le FDLR est le deuxième protagoniste. En majorité hutus, certains de ses membres ont fui le Rwanda, en 1994, avec l’aide de l’armée française, dans le cadre de l’opération Turquoise. On y trouve d’anciens génocidaires, qui ont tenté à partir des camps de réfugiés de déstabiliser le nouveau régime rwandais. Ils sont dispersés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Contre les troupes de Nkunda, ils font souvent alliance avec l’armée de la RDC, le troisième protagoniste. Les militaires des Forces armées de la RDC, mal payés, peu entraînés, peu disciplinés, peu efficaces, se transforment à la moindre occasion en pillards. Enfin, derniers protagonistes, des groupes d’autodéfense, appelées Maï Maï, se sont créés pour protéger leurs villages et leurs communautés. Regroupés dans les Patriotes résistants du Congo (Pareco), ils n’hésitent pas à organiser des coups de main contre les villages voisins.
Ces quatre groupes ont en commun les crimes de guerre, l’enrôlement d’enfants soldats, les violences sexuelles systématiques contre les femmes et les enfants, les exécutions sommaires et les pillages. Pour l’instant, aucune puissance impérialiste ne joue la carte de la déstabilisation, d’autant que ce conflit peut rapidement prendre une dimension régionale. En effet, le président du pays, Joseph Kabila, en appelle déjà à l’aide de l’armée angolaise.
Cette situation tragique est la conséquence d’agissements anciens des puissances impérialistes. Pendant des décennies, la France a soutenu le régime de Mobutu, qui a plongé le Zaïre, devenu RDC, dans un marasme tel qu’il a favorisé la violence et la corruption. La passivité de la communauté internationale, et la complicité de la France lors du génocide au Rwanda, continuent à avoir des répercussions au Kivu. Aujourd’hui, la politique des grandes entreprises attise les braises du conflit : elles achètent sans sourciller les diamants, l’or, la cassitérite (minerai d’étain) ou le coltan (servant aux composants électroniques). Elles savent pertinemment que cela finance les groupes armés exploitant les mines de la région du Kivu et réduisant en quasi-esclavage les populations locales.