Mélenchon fustige un vote à 80 %, qui consacre « l’évolution du PS vers un parti démocrate » [1]. Il accuse Royal de se tourner vers Bayrou et souligne qu’à l’exception de la motion Hamon, toutes les autres ont accepté le traité de Lisbonne, l’allongement de la durée des cotisations de retraites, le maintien des troupes en Afghanistan. Nous ne pouvons que partager l’essentiel de ce réquisitoire même si, pour notre part, cela fait belle lurette que nous l’énonçons, car il y a bien continuité entre les motions de congrès Royal/Aubry/Delanoë, les politiques sociales-libérales menées par les gouvernements de gauche successifs, le caractère inaudible de l’opposition socialiste à Sarkozy.
Le débat s’ouvre avec le Parti de gauche. À peine créé, celui-ci a tendu logiquement la main au PCF. Mais il a aussi demandé à rencontrer le NPA. Cette demande n’est pas motivée par la proposition de fusionner nos deux mouvements dans un même parti. Si tel était le cas, gageons qu’il y aurait eu moins de précipitation pour lancer le parti, choisir le nom, ouvrir le site Internet… Le Parti de gauche sera « un parti gouvernemental capable, avec d’autres, d’entraîner la société au service d’un projet majoritaire » [2]. Cette définition est floue, mais elle laisse ouverte la possibilité de gouverner demain avec ceux que Mélenchon vient de quitter. Il dit vouloir « mettre ses pas dans ceux d’Oskar Lafontaine [leader de Die Linke, en Allemagne] ». Un chemin qui risque bien de ramener au point de départ : la cogestion des grandes institutions de la bourgeoisie. C’est ce que fait déjà Die Linke à Berlin et le débat qui l’a miné en Hesse [3]. Le Parti de gauche veut aussi être « un parti résolument républicain, défendant sans concession la souveraineté du peuple, la laïcité des institutions », alors que le NPA souhaite la transformation révolutionnaire de la société.
Cela fait de solides divergences, que Mélenchon a l’honnêteté de reconnaître en déconnectant la proposition d’une alliance aux élections européennes du reste. La résolution soumise au vote du congrès du NPA prévoit l’ouverture de discussions, sur la base d’un « plan d’urgence », dans le but de « constituer des listes de rassemblement anticapitalistes aux élections européennes, en France » [4]. Cela suppose un programme clair et l’indépendance absolue avec toutes les forces qui mettent en œuvre les politiques gouvernementales et européennes de destruction des acquis et des droits sociaux. Le comité d’animation national provisoire du NPA, qui se réunira début décembre, en débattra et mandatera des délégations pour les rencontres unitaires. Fin janvier prochain, le congrès de fondation tranchera.