Julien Coupat restera en prison. La cour d’appel de Paris en a décidé
ainsi, vendredi 26 décembre, dans l’enquête sur des dégradations
contre des lignes SNCF. Agé de 32 ans, Julien Coupat est présenté par
la justice antiterroriste comme le chef de la bande accusée d’avoir
« saboté » des lignes ferroviaires, fin octobre et novembre 2008. Il est
détenu depuis le 15 novembre.
L’arrêt motivant ce maintien en détention est « couvert par le secret
de l’instruction », a indiqué à Mediapart le parquet général de la cour
d’appel, vendredi soir. On ne connaît donc pas les arguments retenus
par les magistrats pour justifier leur décision. Une semaine plus tôt,
à l’inverse, la remise en liberté de Julien Coupat avait été ordonnée
par un juge des libertés et de la détention (JLD). Mais le parquet s’y
était opposé. Et, vendredi 26 décembre, la cour d’appel a validé cet
appel du parquet en jugeant que le jeune homme devait rester en
prison. Seul le JLD aura été favorable à la libération de Julien
Coupat – contrairement au juge d’instruction « antiterroriste » chargé
du dossier Thierry Fragnoli, au ministère public et à la cour d’appel.
Avocate de Julien Coupat, Me Irène Terrel a aussitôt déploré une
décision judiciaire « non conforme aux exigences légales du droit
français et de la présomption d’innocence ». Le père du jeune homme a
dénoncé les méthodes utilisées à l’encontre de son fils : « Ils veulent
casser Julien. Ce matin, entre sa sortie de prison et son entrée dans
le tribunal, il a été déshabillé plusieurs fois. A chaque fois, on le
met complètement nu. Le but, c’est de l’humilier et d’intimider la
jeunesse », a fustigé Gérard Coupat, sur France Info.
Pièce centrale de l’accusation, un rapport de la sous-direction
antiterroriste (SDAT) explique avoir vu Julien Coupat et sa compagne,
Yldune Lévy, le 7 novembre 2008, près d’un endroit du réseau TGV-Est
visé immédiatement après par un acte de sabotage. Mais le dossier,
fort en présomptions, reste vide d’éléments matériels à charge contre
le couple. Devant le juge Fragnoli, Julien Coupat a contesté les faits
qui lui sont reprochés.
L’avocate du jeune homme a maintes fois dénoncé le recours « à une
procédure terroriste dans un simple dossier de dégradations où rien
n’est établi ». La question est en effet discutée. En droit, les
infractions entrent dans le cadre terroriste si elles ont été commises
« intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou
collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par
l’intimidation ou la terreur ».
« La décision de maintenir Julien Coupat en détention est difficile à
comprendre », a réagi le secrétaire national du PS chargé de la
justice, André Vallini. « Il existe en effet des possibilités de
contrôle judiciaire très strict allant jusqu’à l’assignation à
résidence », a-t-il ajouté. « Le principe de notre procédure pénale qui
veut que la liberté soit la règle et la détention l’exception est
violé chaque jour. »
Au total, Julien Coupat et sa compagne Yldune Lévy sont les seuls des
neuf suspects interpellés à la mi-novembre qui ont été maintenus en
prison. La demande de remise en liberté de la jeune femme avait été
refusée par un JLD au motif qu’elle n’avait pas encore été interrogée
par le juge d’instruction qui a prévu de l’entendre après les fêtes,
le 8 janvier.