En deux semaines, l’offensive israélienne sur Gaza a déjà fait plus de 900 morts palestiniens, dont un tiers d’enfants et des milliers de blessés. Le gouvernement d’Israël affirme que ses bombes ciblent seulement le Hamas et ses dirigeants, pas le peuple palestinien. Mais, en visant des immeubles, des marchés, des écoles, des mosquées et des cliniques, l’armée israélienne mène bel et bien une guerre contre un peuple.
De plus, cette guerre, ou plutôt ce massacre, est l’occasion pour l’armée israélienne de tester de nouvelles armes, de nouvelles munitions en toute sérénité puisque Gaza est interdit à toute personne extérieure.
Les dirigeants israéliens sont encouragés dans leur politique colonialiste par les gouvernements des États-Unis et des grandes puissances européennes, qui ont beaucoup d’intérêts stratégiques et pétroliers dans la région. La dernière résolution de l’ONU n’appelle à un cessez-le-feu qu’en laissant à Israël le soin d’en choisir le moment et les modalités. Quant à Sarkozy, il ne joue aux médiateurs que pour donner l’illusion qu’il prendrait en compte, un peu plus que les autres, les intérêts des États arabes, où il faut le rappeler les entreprises françaises ont de puissants intérêts financiers et économiques. [1] Mais ne nous le cachons pas : le massacre des Gazaouis se fait dans le plus grand des silences.
L’agression israélienne était pourtant prévisible : Gaza, immense ghetto, ne pouvait et ne peut que se soulever, les massacres n’y feront rien. Demain, quand les troupes israéliennes partiront, la situation sera la même, tant que la politique expansionniste d’Israël ne sera pas stoppée.
Seuls se font entendre les milliers de manifestants de par le monde que cette guerre soulève d’indignation. La révolte des Palestiniens est légitime. Il s’agit bien d’un nouveau massacre, pour pousser toujours davantage dehors la population d’une Palestine que l’État sioniste d’Israël s’applique, depuis 60 ans, à vider de ses habitants par des moyens sanglants.
Le peuple palestinien ne peut compter que sur sa résistance et sur la mobilisation des peuples du monde, afin de faire appliquer des sanctions diplomatiques, politiques, économiques, culturelles et sportives contre l’État colonial israélien.
Marc Prunier
* Paru dans Rouge n° 2282, 15/01/2009 (Editorial).
PALESTINE : La note sanglante
Profitant des derniers jours précédant l’investiture de Barack Obama à la Maison Blanche, le gouvernement israélien redouble de violence à Gaza.
L’acharnement meurtrier de l’armée israélienne contre la population de Gaza – 1,5 million d’hommes, de femmes, de vieillards et d’enfants – nous laisse tout d’abord muets. Muets devant un carnage qui a déjà fait 1 000 morts et contre lequel toute forme de protestation semble dérisoire. Muets face à la collaboration des grands médias, pour qui plus le mensonge est gros, plus il est efficace. Muets face à la collusion de la « communauté internationale » qui, tout en versant des larmes de crocodile sur les victimes civiles collatérales, laisse traîner les choses pour qu’Israël puisse finir le boulot.
Et ce sale boulot, les soldats israéliens ne le font pas seulement pour réaliser les objectifs du Premier ministre, Ehud Olmert, et de son ministre de la Défense, Ehud Barak, mais aussi pour les États-Unis et pour l’Union européenne. Car c’est bien d’une sainte alliance qu’il s’agit, dans laquelle toutes les forces réactionnaires de la planète se sont unies afin de protéger l’Occident de la menace islamiste.
L’État d’Israël est aujourd’hui le fer de lance de cette offensive, et Gaza est sommée de payer la note. Gaza et pas seulement le Hamas, car c’est la Bande de Gaza tout entière, avec son million et demi d’habitants, qui a été déclarée, il y a déjà plusieurs années, « entité hostile » par le gouvernement israélien. C’est Gaza qu’on enferme et qu’on affame depuis un an et demi ; c’est Gaza qu’on bombarde au phosphore ; c’est encore Gaza qu’on prive d’électricité et de médicaments.
Gaza doit être punie pour avoir démocratiquement choisi un gouvernement Hamas et refusé de se soumettre au chantage à la famine en acceptant de remplacer la direction élue par des collaborateurs à la botte de Washington et de Tel-Aviv. Gaza doit être éradiquée pour avoir eu l’audace de riposter au siège international, aux bombardements et aux incursions permanentes de l’armée israélienne par des roquettes Qassam et des obus de mortier.
Mobilisation mondiale
Au-delà du caractère punitif et vengeur de l’opération, on a beaucoup de peine à comprendre le but de l’offensive israélienne, et ses organisateurs eux-mêmes se gardent bien de fixer des objectifs clairs. Ils ont su tirer les leçons du fiasco libanais de 2006, quand l’opération qui devait éradiquer le Hezbollah s’est soldée par une victoire claire et nette de la milice libanaise et de ses alliés. C’est pourquoi ils restent vagues : « affaiblir le Hamas », « marquer les consciences », « rétablir la capacité de dissuasion de Tsahal », des objectifs que l’on peut toujours affirmer avoir réalisé.
En réalité, il s’agit d’une des dernières offensives de la stratégie néoconservatrice de la guerre globale, permanente et préventive, liée au changement de direction à la Maison Blanche. Les stratèges israéliens sont préoccupés par l’entrée de Barack Obama à la Maison Blanche et les changements que cela va entraîner dans la politique étrangère des États-Unis au Moyen-Orient, d’autant que la décision du nouveau président de rencontrer prochainement les dirigeants de la République islamique d’Iran n’est pas pour les rassurer. Car, même sans se faire d’illusions sur la « révolution Obama », nul ne doute que la chute des néoconservateurs signifie la fin de la stratégie de la guerre globale et préventive. La stratégie américaine au Moyen-Orient sera plus politique et plus sophistiquée que le « on cogne et on verra » de Dick Cheney et Richard Pearl, qui se solde par une déroute américaine.
Pour Olmert et Barak, il est impératif d’utiliser les derniers jours de l’administration Bush pour, au moins, marquer les consciences des masses arabes et musulmanes au fer rouge. Ce sont les enfants de Gaza qui en paient le prix, un prix exorbitant, inadmissible, intolérable. Tellement intolérable que, la semaine dernière, plus d’un million de personnes dans le monde sont sorties dans la rue pour crier leur colère et dénoncer la collusion de leurs propres gouvernements avec les criminels de guerre israéliens. En Europe, en Australie, en Asie du Sud, mais aussi dans le monde arabe, où la collaboration de certains régimes, en particulier l’Égypte, risque, à moyen terme, de hâter leur fin. À force de laisser faire les militaires israéliens, les néoconservateurs ont mis en péril les positions de l’Empire en Asie occidentale. Obama ne pourra pas ne pas s’en occuper dès son arrivée à La Maison Blanche.
Michel Warschawski
* Paru dans Rouge n° 2282, 15/01/2009.
GRÈVE DE SOLIDARITÉ EN NORVÈGE
Jeudi 8 janvier, les trains de Norvège, ainsi que les trams et métros de la capitale, Oslo, se sont arrêtés pendant deux minutes, à la suite de l’appel à la grève du Syndicat des cheminots norvégiens et du Syndicat des travailleurs du tram d’Oslo, pour protester contre l’invasion israélienne de Gaza. Nombre d’organisations et de syndicats ont lancé une nouvelle campagne pour l’abandon de tous les investissements norvégiens en Israël. L’Union des travailleurs et employés du commerce – le plus important du secteur – a appelé ses membres à demander le retrait des produits israéliens des magasins dans lesquels ils travaillent.
* Paru dans Rouge n° 2282, 15/01/2009.