Depuis le 20 janvier, la Guadeloupe est complètement paralysée par une grève générale, à l’appel du collectif Lyannaj kont pwofitasyon (LKP, « Collectif contre l’exploitation outrancière »), qui regroupe 49 organisations, c’est-à-dire la quasi-totalité des syndicats, des partis progressistes et des associations sociales ou culturelles. Samedi 24 janvier, près de 20 000 manifestants envahissaient les rues de Pointe-à-Pitre, la capitale d’une île de 410 000 habitants.
Le lendemain, à l’occasion du carnaval, une nouvelle mobilisation populaire, animée par des groupes très connus comme Akiyo, a rassemblé près de 40 000 personnes. Cette démonstration exceptionnelle est dirigée contre la vie chère et le chômage, avec une série de revendications radicales comme l’augmentation des salaires, des retraites et des minima sociaux de 200 euros. Toute la population est mobilisée dans cette immense démonstration de force pacifique, en tout cas jusqu’à présent (lire notre article). Car tout est possible, dans cette colonie où le gouvernement a envoyé des renforts de police et de gendarmerie. Un peuple debout qui, lors des élections prud’homales, avait déjà montré son degré d’exigence, en donnant 52 % des voix au syndicat Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), 19 % à la CGT dont le secrétaire est membre de Combat ouvrier (organisation proche de Lutte ouvrière), et 8 % à la Centrale des travailleurs unis (CTU), dirigée en partie par des syndicalistes ne cachant pas leur sympathie au Cercasol (l’équivalent du NPA en Guadeloupe).
Cette grève générale unitaire et illimitée est un exemple pour tous ceux et toutes celles qui se battent ici pour un « tous ensemble » prolongé, contre la dispersion des résistances et leur isolement. Le peuple guadeloupéen nous donne une véritable leçon de ce qu’il faut faire, et la meilleure façon de l’aider, lui qui nous aide tant, est de multiplier nos efforts pour assurer le succès de la grève et des manifestations du 29 janvier, ainsi que la suite de cette journée.
Alain Krivine
* Paru dans Rouge n° 2284, 29/01/2009 (Editorial).
Guadeloupe : communiqué de solidarité de la Martinique
Un puissant mouvement social et populaire se développe en Guadeloupe depuis le mois de décembre dernier avec Liyannaj Kont Pwofitasyion. Quarante-neuf organisations syndicales, politiques, populaires, culturelles et sportives s’élèvent contre la vie chère, les bas salaires, les retraites et les minima sociaux misérables, les licenciements, le chômage.
Par leur action, ces organisations ont obtenu l’adhésion de la majorité des travailleurs et du peuple guadeloupéen pour une grève générale commencée depuis le 20 janvier et qui va en s’amplifiant. Ce mouvement est repris dans toutes les communes, dans de très nombreuses entreprises tant industrielles que commerciales et agricoles et aussi dans diverses administrations. On note quotidiennement de gigantesques défilés et rassemblements avec des manifestants enthousiastes et pacifiques.
L’Etat français par son représentant le préfet, se refuse, suivant les ordres de son ministre à répondre aux légitimes revendications et mise sur le pourrissement du mouvement. Une campagne de dénigrement est à l’œuvre pour critiquer les 123 points de revendications et l’exigence d’une négociation globale et transparente. De nombreux renforts de forces de répression venant de France arrivent en Guadeloupe. Le préfet vient d’annoncer son départ de la table de négociations tandis qu’Yves Jégo, menace de faire respecter « l’ordre républicain » qui n’a jamais été menacé. Ce même Jégo se refuse à venir en Guadeloupe négocier tandis qu’il se rend, comme en provocation à la Réunion.
Les grévistes et manifestants guadeloupéens ne sont pas des terroristes, ne sont pas des preneurs d’otages, ne sont pas des casseurs. Ils sont dans une démarche unitaire, responsable et exemplaire visant la construction d’une société de justice sociale, de dignité et de responsabilité dans leur pays. Des revendications qui par ailleurs concernent les masses laborieuses de la Martinique.
Les organisations politiques martiniquaises soussignées solidaires de la lutte du peuple guadeloupéen réclament le retrait des troupes supplémentaires venues intimider et réprimer le mouvement social : Non à une nouvelle répression sanglante comme celle de mai 67 en Guadeloupe !
Elles exigent le retour du préfet et des représentants de l’Etat français à la table pour une négociation globale et transparente. Elles appellent le peuple martiniquais à la vigilance et à la solidarité avec la lutte du peuple guadeloupéen.
Elles appellent les martiniquaises et martiniquais à un rassemblement de solidarité : LUNDI 2 FEVRIER à 18h PLACE ABBE GREGOIRE aux TERRES SAINVILLE FORT DE France.
Combat Ouvrier (C.O), Groupe Révolution Socialiste (GRS), MODEMAS,Mouvement Populaire Franciscain (MPF), Mouvement Populaire pour la Résistance offensive Martiniquaise (MPROM), Parti pour la Libération Martiniquaise (PALIMA),Parti Communiste Martiniquais (PCM), Pati Kominis pou Lendépandans ek Sosialism (PKLS), Parti Progressiste Martiniquais (PPM), Rassemblement Démocratique pour la Martinique (RDM).
Soutien à la grève générale en Guadeloupe
Déclaration d’Olivier Besancenot
Depuis plusieurs jours, à l’appel de la totalité des organisations syndicales, progressistes et des associations culturelles, le peuple de Guadeloupe est en grève générale contre la vie chère, l’oppression et l’exploitation. Ce mouvement unitaire, radical et prolongé est une exemple de résistance dont il faut s’inspirer à la veille de la journée du 29 janvier.
La grève générale, les manifestations, les barrages routiers se succèdent pour populariser les revendications du peuple en lutte, afin d’imposer la baisse des prix des produits de première nécessité, de l’énergie, de l’eau, du carburant, une augmentation de 200 euros pour les salaires, les retraites, les minimas sociaux et un emploi pour tous les guadeloupéens.
Ainsi, le samedi 24 janvier, Pointe-à-Pitre a été le théâtre d’une manifestation monstre rassemblant 20 000 personnes.
J’apporte, ainsi que la LCR, toute ma solidarité au peuple guadeloupéen et la meilleure façon de soutenir son combat qui est aussi le nôtre sera d’assurer le succès du 29 janvier et de ses suites.
Le 26 janvier 2009.