La LCR n’existe plus
La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d’Olivier Besancenot a été officiellement dissoute, jeudi 5 février, pour créer le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) dont le congrès de fondation s’ouvre vendredi. La dissolution a été votée, à main levée, à 87,1 % des voix des quelque 150 délégués. 11,5 % ont voté contre, les 1,4 % restants se sont abstenus.
Le congrès de fondation du NPA, qui revendique environ 9 000 militants (contre 3 200 à la LCR), se tient de vendredi à dimanche à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les quelques 600 à 700 délégués devront notamment décider du nom de la nouvelle formation et de sa participation ou non à un « front de gauche » avec le Parti communiste français et le Parti de gauche lors des européennes de juin.
La LCR existait depuis presque quarante ans. « Nous avons déjà été dissous deux fois par le gouvernement [en 1969 et 1973], cette fois-ci, c’est nous », s’est amusé Alain Krivine, un des fondateurs de la Ligue, lors de son discours d’ouverture du 18e et dernier congrès de la LCR devant environ 200 délégués.
NI LO NI LE PCF N’ONT ACCEPTÉ DE SE FONDRE DANS LE NPA
Il s’agit aussi de faire entrer au NPA des gens qui, même s’ils avaient des idées proches de la LCR, n’osaient pas y adhérer « à cause de son histoire », selon M. Besancenot. Mais « l’héritage de la Ligue, on en est très, très fiers », déclare le facteur de Neuilly, 34 ans, dont vingt passés à la LCR. Fondée en avril 1969, la Ligue communiste, devenue LCR fin 1974, a marqué la gauche et a notamment formé des dizaines d’hommes et de femmes politiques.
Le NPA ne fera toutefois plus partie de l’Internationale socialiste fondée par Léon Trotski, mais entend rester un parti radical prônant la rupture avec le capitalisme et une indépendance totale vis-à-vis du PS. Le futur parti revendique 9 000 adhérents, soit le triple des effectifs de la LCR, une formation issue de Mai 68.
Le projet du Nouveau Parti anticapitaliste a été lancé juste après l’élection présidentielle de 2007, avec comme objectif de coaliser l’extrême gauche, comme lors du référendum sur la Constitution européenne. Mais ni Lutte ouvrière ni le Parti commmuniste n’ont accepté de se fondre dans le NPA, comme l’espéraient certains de ses fondateurs. Et malgré les appels du pied du nouveau Parti de gauche de M. Mélenchon et du PCF, le NPA semble pour l’instant vouloir partir seul pour les prochaines élections européennes.
Pour peser à gauche, les responsables du mouvement misent d’une part sur la popularité de leur porte-parole, toujours très bien placé dans les sondages (60 % d’opinions positives dans le tableau de bord de Paris-Match du 22 janvier). Ils estiment d’autre part que la crise économique et sociale, ainsi que le succès de la manifestation du 29 janvier en France, confortent leurs thèses ainsi que leur prétention à incarner la « vraie gauche » et la meilleure opposition à Nicolas Sarkozy.
LEMONDE.FR avec AFP | 05.02.09 | 20h39`
Dissoudre la LCR pour créer le NPA : « on continue le combat révolutionnaire » (Krivine)
LA PLAINE-SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis), 5 fév 2009 (AFP) - Alain Krivine, un des fondateurs de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a estimé que le combat révolutionnaire continuait alors que son parti doit être officiellement dissous jeudi soir pour créer le Nouveau parti anticapitaliste (NPA).
« On ne dissout pas en tant que tel, on continue le combat révolutionnaire avec un outil beaucoup plus adapté que la LCR » parce qu’« un parti, à la différence d’une secte, n’est pas un but en soi », a souligné M. Krivine, se disant « enthousiaste et heureux », lors de son discours d’ouverture du 18e et dernier congrès de la LCR devant environ 200 délégués. Pour M. Krivine, « fonder une formation anticapitaliste au moment où c’est l’échec du capitalisme est une chose importante ». Le NPA sera « une force anticapitaliste incontournable demain », assure-t-il.
Le congrès de fondation du NPA, qui revendique environ 9.000 militants (contre 3.200 à la LCR) se tient de vendredi à dimanche à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), juste après la dissolution de la Ligue qui doit être officialisée par le vote des délégués jeudi soir après 40 ans d’existence. « Nous avons déjà été dissous deux fois par le gouvernement (en 1969 et 1973, ndlr), cette fois-ci c’est nous », a sourit M. Krivine. « C’est la suite et on continue tous et toutes ensemble », a lancé l’ancien candidat à la présidentielle, sous les applaudissements, alors que la tradition de la LCR veut que les interventions ne soient pas applaudies.
« L’espoir, né il y a 40 ans, de faire un nouvel outil, est en train d’être gagné ». « Les militants de la Ligue vont avoir un rôle énorme » dans le NPA, notamment pour « aider à la formation politique », a-t-il dit.
L’orateur suivant, Christian Piquet, minoritaire dans le parti, a regretté que la dissolution de la LCR ne soit qu’un « débat bâclé, expédié à la sauvette en quelques heures » dans une « ambiance morose ». Ce partisan d’un « front de gauche » avec le Parti communiste français et le Parti de Gauche pour les européennes de juin, a déploré que le congrès soit « réduit à un vote de quitus ».
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Le Nouveau Parti de Besancenot recrute à tour de bras
A en croire Olivier Besancenot, le NPA qui naît ce vendredi des cendres de la LCR, ne sera « ni un parti d’adhérents passifs (...) ni un parti de supermilitants qui ont tout lu, ne vivent plus comme tout le monde et finissent par former des sectes bizarres » *. Le NPA revendique près de 9.000 membres, un chiffre difficile à vérifier, trois fois supérieur aux troupes de l’ex-LCR.
Un gros noyau vient de l’organisation trotskiste, auquel s’agrègent plusieurs « ex » (ex-PCF, ex-Verts, quelques ex-PS, plus rares) et des militants syndicaux ou associatifs. « Ça va du jeune révolté méfiant de la politique au vieux routier du militantisme », estime François Coustal, journaliste à « Rouge » et auteur de « L’Incroyable Histoire du NPA » (Demopolis).
Sabrina** est une « bleue » rouge. A 29 ans, cette employée municipale en Seine-Saint-Denis n’avait jamais pris sa carte dans un parti. « Je ne me reconnaissais dans aucun », confie la jeune femme, syndiquée à la CGT. Lassée de « ne pas voir arriver une grande union de la gauche », elle a franchi le pas en mars 2008, attirée par « l’anticapitalisme du NPA et sa volonté de rupture avec le PS ». Militante « exaltée de créer quelque chose de nouveau », elle reconnaît des « inerties liées au schéma LCR qui revient parfois ». « La tchatche, ça m’emmerde », confie-t-elle.
La tchatche, Emmanuel Bichindariz connaît. Membre du NPA de Pantin (93), cet enseignant de 38 ans a milité huit ans à la LCR à Bordeaux. Pas de regret, le changement était nécessaire : « La LCR faisait peur, son image était trop attachée à Mai 68 », estime-t-il, notant un « effet NPA ». « A Pantin, à la LCR, on était dix. Au NPA, on est déjà trente. »
* « Prenons parti » (éd. Mille et une nuits).
** Le prénom a été changé à sa demande.
Bastien Bonnefous
* Paru dans 20 Minutes. Créé le 06.02.09 à 06h59 | Mis à jour le 06.02.09 à 07h23.
Besancenot : intervention de Sarkozy motif de plus pour « continuer le combat »
PARIS, 5 fév 2009 (AFP) - Le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) Olivier Besancenot estime que l’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy jeudi soir donnera « sûrement des motivations supplémentaires à continuer le combat ».
Alors qu’on lui demandait ce qu’il attendait de l’intervention du chef de l’Etat, M. Besancenot a répondu sur France Inter : « Sûrement des motivations supplémentaires à continuer le combat ». « Je le pressens un petit peu comme ça puisqu’il s’apprête à faire de la pédagogie, c’est-à-dire il veut nous faire apprendre sur le bout des doigts, par cœur, l’ensemble de ses mesures, sauf qu’il faut qu’il comprenne maintenant qu’on est un certain nombre dans ce pays à les connaître (...) et on n’en veut pas », a-t-il ajouté.
Alors que les syndicats ont suspendu à l’intervention de Nicolas Sarkozy la poursuite ou non du mouvement social après la forte mobilisation du 29 janvier, le leader de la LCR a affirmé qu’il « n’imagine pas une seule seconde qu’il n’y ait pas une suite » à cette journée. Il a appelé à une mobilisation « unitaire, large et massive ». Le Premier ministre « François Fillon a expliqué qu’il n’y aurait pas de changement de cap (...) ce soir on aura le droit à de la pédagogie, donc je crois qu’on a besoin d’une mobilisation exceptionnelle », à la hauteur de celles contre le CPE ou en 1995 contre la réforme de la sécurité sociale ou même en « mai 68 », a-t-il expliqué.
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