Le NPA capitalise sur le facteur Besancenot
POLITIQUE - Le leader de la LCR lance vendredi son Nouveau Parti anticapitaliste pour élargir son audience...
Tous les Français connaissent Olivier Besancenot, son pull noir-jeans-baskets, garde-robe politique qui tranche avec le traditionnel costume-cravate. Apparu sur la scène politique en 2002, le jeune postier de Neuilly, âgé de 34 ans, est devenu en un septennat le deuxième politique le plus apprécié des Français derrière Nicolas Sarkozy mais devant Ségolène Royal, dans le dernier classement des 50 personnalités préférées des Français du JDD. Le « leader incontesté de la gauche radicale », selon l’analyste Denis Pingaud*, s’apprête à dissoudre jeudi l’organisation trotskiste de la LCR, pour fonder vendredi le NPA, Nouveau Parti anticapitaliste. Son parti, même si l’intéressé s’en défend (lire l’interview de Besancenot, ci-dessous).
Invité surprise de la présidentielle 2002 avec 4,2% des voix, confirmé à celle de 2007 - 4% malgré le vote utile pro-Royal - il devance de loin ses concurrents de l’extrême gauche, que ce soit Laguiller, Buffet ou Bové. Coqueluche médiatique invitée par Ruquier ou Drucker, davantage fan de JoeyStarr que de Jean Ferrat, Olivier Besancenot occupe désormais la place de « meilleur opposant à Nicolas Sarkozy ». Porté par la crise, « il incarne une autre manière de faire de la politique et surfe sur la profonde défiance des Français à l’égard des partis de gouvernement », estime Denis Pingaud. Son statut de salarié à 1.100 euros par mois et son discours anticapitaliste rencontrent un écho dans l’opinion.
Rendre la révolution séduisante
Son objectif avec le NPA : fédérer la révolte. Celle des ouvriers déclassés, des salariés précaires, des chômeurs, des jeunes... « Notre logique, c’est de prendre le meilleur des traditions du mouvement ouvrier, qu’elles soient trotskistes, socialistes, communistes, libertaires ou guévaristes », explique-t-il. Quitte à faire un parti fourre-tout qui pourrait exploser à la première crise. Jusqu’à présent meilleur dans l’opposition que dans la proposition, Besancenot va devoir rendre la révolution séduisante à des Français peu portés sur ce mode de prise de pouvoir. « Les Français apprécient l’homme Besancenot, mais une très faible minorité se déclare proche des idées d’extrême gauche », note Denis Pingaud. Dans son livre-programme**, Besancenot évoque, pour se donner du courage, Spartacus et la « première grande révolte d’esclaves ». Oubliant de préciser que Spartacus a fini crucifié par l’Empire romain.
* « L’Effet Besancenot » (Seuil).
** « Prenons parti » (éd. Mille et une nuits).
Bastien Bonnefous
POPULARITÉ Le phénomène Besancenot prend de l’ampleur, à la lecture des enquêtes. Selon une étude du Cevipof, 12 à 13% des Français disaient avoir en 2007 une « excellente opinion » du leader d’extrême gauche, contre seulement 4 à 5% en 2003. Fin août 2008, un sondage indiquait que 8 à 10% des électeurs voteraient Besancenot si la présidentielle avait lieu à cet instant, soit le double de son véritable score réalisé un an plus tôt. Les sondages, toujours, créditent les futures listes NPA de 8 à 10% d’intentions de vote aux européennes de juin. Reste que les scores du NPA, notamment à la présidentielle 2012, seront en grande partie liés au PS, inaudible en 2008. « L’objectif du NPA est de rassembler les électeurs qui ne croient plus à la capacité du PS de transformer la société une fois au gouvernement. Son score en 2012, que Besancenot soit ou non candidat, dépendra largement de la capacité de la gauche de gouvernement à convaincre les Français qu’elle est une véritable alternance à la majorité actuelle », estime Denis Pingaud.
20 Minutes Créé le 04.02.09 à 06h58 | Mis à jour le 04.02.09 à 08h14 |
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Olivier Besancenot : « Ce sont les 9.000 militants du parti qui ont le pouvoir, pas moi »
INTERVIEW - Vendredi, Olivier Besancenot lance son Nouveau Parti anticapitaliste. Le porte-parole du NPA répond aux questions de « 20 Minutes »...
Y a-t-il un effet Besancenot ?
Il y a surtout un effet anticapitaliste lié à la crise du système, mais qui ne se traduit pas par une démoralisation des couches populaires et de la jeunesse. Au contraire, un courant naît pour lequel il ne suffit plus de résister mais il faut aussi proposer. Mais cela passe par des idées, pas par une personnalisation des uns ou des autres. Ce sont les 9.000 militants du NPA qui ont le pouvoir, pas Besancenot.
Mais si le NPA émerge aujourd’hui, c’est aussi grâce à votre popularité...
Le NPA naît aujourd’hui car les conditions sociales et politiques sont réunies. Dès les années 1990, on avait compris, à la LCR, qu’il fallait créer quelque chose de neuf pour combler un espace vacant à la gauche de la gauche. Pour cela, il a fallu que meure l’illusion d’un parti créé par le haut, sorte de cartel irréalisable des mouvements d’opposition. Avec le NPA, on a lancé le mouvement par la base.
Beaucoup de Français vous apprécient vous, moins vos idées...
A la présidentielle, des milliers de personnes sont venues aux meetings de la LCR, mais peu étaient prêtes à adhérer à cause de notre passé. Nous sommes conscients que notre option révolutionnaire pour transformer la société est encore minoritaire dans le pays. C’est pour ça qu’on crée le NPA, pour ne pas être condamnés à rester minoritaire.
Votre objectif est donc d’être majoritaire à gauche ?
On espère qu’un jour, nos idées seront majoritaires et que l’on gouvernera. Mais c’est impossible actuellement car le vrai pouvoir est financier : c’est pour ça que les partis de gauche, une fois au gouvernement, font une politique de droite. Nous, on veut inventer autre chose.
Mais le PS est de retour dans la rue. Le dialogue est-il possible ?
Le dialogue et l’action sont toujours possibles face à la droite. Le PS revient dans la rue, c’est bien, mais le problème c’est qu’il n’aurait jamais dû la quitter. Le PS s’inscrit dans l’économie de marché. Au NPA, nous réclamons l’interdiction des licenciements, la réquisition de tous les logements vides, l’augmentation de tous les salaires de 300 euros. Des mesures qui sont toutes incompatibles avec l’économie de marché. Nous sommes cohérents entre nos revendications et nos actions, car il n’y a rien de pire qu’un espoir politique déçu, regardez le PS.
Vous êtes crédité d’un score élevé aux européennes de juin, c’est la prochaine étape ?
Les sondages, bons ou mauvais, ne sont pas notre boussole. Les Européennes, on ne les boudera pas, mais la prochaine étape, c’est la suite du 29 janvier et de la mobilisation sociale. Face à un gouvernement qui maintient le cap d’une politique dont les Français ne veulent plus, il faut que l’unité de la gauche sociale continue. Souvenons-nous du CPE. La loi avait été votée, puis retirée sous la pression de la rue.
Recueilli par Bastien Bonnefous
20 Minutes Créé le 04.02.09 à 06h58 | Mis à jour le 04.02.09
De mai 68 à février 2009 : quarante ans de LCR
POLITIQUE - La LCR est morte, vive le NPA ! Petit historique du mouvement...
La ligue communiste révolutionnaire (LCR), c’est fini. Sa dissolution est votée ce jeudi à l’occasion de son dernier congrès. Elle sera remplacée, dès le lendemain, par le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui verra le jour lors de son congrès fondateur. « On continue le combat », prévient l’historique Alain Krivine. 20minutes fait le point sur les débuts de ce parti en quelques dates...
Après les événements de mai 68, le gouvernement dissout, le 12 juin 1968, onze groupes d’extrême gauche. Parmi ceux-ci, le Parti communiste internationaliste et la Jeunesse communiste révolutionnaire, dont deux membres, Alain Krivine et Pierre Rousset, sont emprisonnés.
Les deux groupes trotskistes dissous fusionnent en avril 1969 et donnent naissance à la Ligue communiste. Elle devient la faction française de la Quatrième internationale, alternative trotskiste pour ceux qui estiment que le Parti communiste a renié ses engagements révolutionnaires en participant au Front populaire.
En 1969, Alain Krivine est le premier candidat de la Ligue communiste à la présidentielle. Au soir du 1er tour, alors qu’il effectue son service militaire, il recueille 239.106 voix, soit 1,06% des votes exprimés.
Le 21 juin 1973, des affrontements opposent des membres de la ligue communiste à des militants d’extrême droite lors d’une réunion publique d’Ordre nouveau - ancêtre du Front national - sur le thème « Halte à l’immigration sauvage ». Deux jours plus tard, le 23 juin 1973, le ministère de l’Intérieur dissout la ligue communiste (de même que l’Ordre nouveau).
Le 10 avril 1974, le Front communiste révolutionnaire (FCR) est créé. Il deviendra la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en décembre 1974.
En 1974, Alain Krivine obtient 93.990 voix au premier tour de l’élection présidentielle, soit 0,37% des suffrages exprimés. La LCR n’aura plus de candidat avant 2002.
En 1991, Oliver Besancenot, ancien de SOS Racisme et des Jeunesses communistes révolutionnaires (mouvement des jeunes de la LCR), adhère à la LCR.
En 2002, la LCR choisit le facteur syndicaliste comme candidat à la présidentielle avec pour slogan « Nos vies valent plus que leurs profits ». Il totalisera 1.210.505 (4,24%) (1 210 505 voix).
En 2007, Olivier Besancenot recueille 4,08% des suffrages à la présidentielle, avec 1.498.835 voix.
En mars 2008, Christian Picquet, ancien secrétaire du bureau politique, perd le statut de permanent qu’il occupait depuis vingt-huit ans [erreur : il l’est toujours]. Chef de file d’un courant minoritaire à la LCR prônant un large rassemblement à gauche, il paie ses divergences de vue avec la direction.
Le congrès de dissolution de la LCR se tient le 5 février 2009. Dès le lendemain, le NPA est créé.
20 Minutes
Créé le 05.02.09 à 16h29 | Mis à jour le 05.02.09 à 19h09 |
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Adieu LCR, bonjour NPA
Sortie gagnante d’une extrême-gauche éclatée à la présidentielle 2007 (4,08%) et forte de l’image hyper-médiatique de son porte-parole Olivier Besancenot, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) s’apprête à se transformer en Nouveau parti anticapitaliste (NPA).
Le congrès fondateur du NPA, qui revendique environ 9000 militants (contre 3200 à la LCR), se tiendra de vendredi à dimanche à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), juste après la dissolution de la Ligue programmée aujourdhui, jeudi.
« Le NPA, c’est un outil politique plus adapté à la période politique dans laquelle on est », explique Olivier Besancenot, qui affirme être « à l’aise comme un poisson dans l’eau » dans un contexte de « crise du capitalisme ».
« Un mélange de vieux et de neuf »
« Ce n’est pas une rupture, mais un mélange de vieux et de neuf » pour « faire un parti dont la gauche révolutionnaire a besoin au XXIe siècle, poursuit le porte-parole du parti trotskiste bientôt dissous. Notre logique politique, c’est de dépasser la LCR et prendre le meilleur des traditions du mouvement ouvrier, qu’elles soient trotskistes, socialistes, communistes, libertaires, guévaristes » ou issues de l’écologie radicale ».
Avec une ligne claire : l’indépendance totale vis-à-vis du Parti socialiste. Prenant le contre-pied d’un PCF affaibli, le NPA rejette toute idée de gouvernance avec « les sociaux-libéraux » pour mieux peser à gauche.
Pour Alain Krivine, fondateur de la LCR, « à gauche, il y a le PS d’un côté, le NPA à l’opposé, et des groupes qui se cherchent un peu ». « Le NPA, c’est une vraie recherche de l’opposition à Nicolas Sarkozy ».
Un projet né « après la chute du Mur de Berlin »
Le projet de faire un nouveau parti, « on le défend depuis le début des années 90, après la chute du Mur du Berlin », explique Besancenot.
Après des tentatives avortées de 1990 à 2005, « on a senti une opportunité avec l’élection présidentielle de 2007 ». « Il y avait tellement de monde dans les meetings » de la LCR, se souvient le facteur de Neuilly : « On ne pouvait pas repartir comme avant ».
« La situation est aujourd’hui mille fois plus favorable pour créer un parti politique, entre les attaques fortes de la droite, une gauche qu’on n’a jamais vue aussi minable, plus un porte-parole qui réussit à incarner les attentes », juge Alain Krivine.
Le très médiatique Besancenot est en effet la deuxième personnalité politique préférée des Français, derrière Nicolas Sarkozy et devant Ségolène Royal, selon le baromètre annuel du JDD. Popularité que n’a pas entamée l’affaire Rouillan (cofondateur d’Action directe, soutien du NPA).
Rallier ou non le « front de gauche » ?
Après 40 ans d’existence, « la Ligue » n’existera donc plus jeudi.
C’est en avril 1969 que la Ligue communiste a été créée. Deux mois plus tard, le tout jeune Alain Krivine, 28 ans menait sa première campagne présidentielle (1%). Dissoute en juin 1973 après une manifestation contre un meeting d’extrême droite à Paris, ses militants ne tardent pas à fonder la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) fin 1974.
« Jusqu’à présent, c’était le ministère de l’Intérieur qui dissolvait les partis politiques », sourit Krivine, « pas nostalgique » de la LCR.
Reste la question du nom du futur parti qui remplacera la LCR. NPA, pas NPA ? Une vingtaine d’idées ont été retenues, les militants devront trancher samedi. Ils devront également décider de rallier ou pas le « front de gauche » constitué autour du PCF et du Parti de Gauche pour les Européennes de juin.
Pour Besancenot, « qualitativement et quantitativement, le Congrès est déjà réussi mais le défi, c’est de savoir ce qui va en rester sur le long terme ».
Leparisien.fr avec AFP
05.02.2009, 09h14 | Mise à jour : 09h29
Le PS estime être à même de répondre à l’émergence d’une « certaine radicalité »
Au Parti socialiste, les débats portent davantage sur la constitution des listes pour les élections européennes que sur les conséquences d’une recomposition des forces politiques situées à la gauche du PS. En clair, la transformation de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ne semble guère agiter les esprits. En mai 2008, après le passage très remarqué d’Olivier Besancenot sur le divan de « Vivement Dimanche » sur France 2, un groupe de travail chargé « d’analyser l’impact que pourrait avoir la constitution d’un pôle de radicalité » avait été constitué au sein du secrétariat national du PS. Mais aucune réunion n’a été organisée, et le brainstorming annoncé n’a jamais eu lieu.
La nouvelle direction issue du congrès de Reims se défend de sous-estimer la portée de l’événement. « Même s’il n’est pas question de se définir par rapport au NPA, il faut prendre la juste mesure de cette redistribution des cartes à la gauche de la gauche », estime Benoît Hamon, porte-parole du PS. « La question qui se pose - et qui se pose pour tout le monde - est de comprendre la demande politique que la montée des inégalités fait naître parmi les classes moyennes et populaires, mais aussi de lui offrir un débouché politique », souligne le principal dirigeant de l’aile gauche du parti. Selon lui, la volonté de soutenir plus activement les conflits sociaux ainsi que la plus grande combativité affichée dans son mode d’opposition doivent permettre au PS de mieux répondre à l’émergence « d’une certaine radicalité ». Malek Boutih, qui s’oppose à la direction du PS, accuse M. Hamon de « nourrir le NPA ». Selon lui, « ce n’est pas avec du verbiage d’extrême gauche ou en adoptant des postures de radicalité que les socialistes parviendront à redevenir crédibles ».
Face à un gouvernement qu’il cherche à mettre en difficulté, le PS veut jouer la carte de l’unité. Il s’apprête à publier, en compagnie de onze organisations de gauche (dont le futur NPA) un texte destiné à soutenir « les exigences exprimées par la mobilisation sociale du 29 janvier ».
FACTEUR DE DIVISION
Les socialistes comptent faire apparaître Olivier Besancenot – qui, lors des élections, a toujours refusé de soutenir le candidat de gauche en lice au second tour, rompant avec la tradition qui était celle de la LCR jusqu’en 2002 – comme un facteur de division. Voire comme l’allié objectif de Nicolas Sarkozy qui rêve de voir le NPA contester la prééminence de la gauche de gouvernement. L’argument sera utilisé dès les prochaines élections européennes. Alors que l’Union est « gouvernée par la droite, il y en a assez de ces diviseurs à gauche », a lancé l’eurodéputé Vincent Peillon. Au PS, on évoque aussi une étude selon laquelle la grande majorité des électeurs d’Olivier Besancenot à la présidentielle de 2007 souhaitaient un désistement au second tour et une participation à un gouvernement d’union.
Les dirigeants socialistes sont également d’accord sur un autre constat. « Le problème, c’est moins l’existence du NPA qu’Olivier Besancenot lui-même. Et, plus précisément, son score au soir du premier tour de l’élection présidentielle de 2012 », assure l’un d’entre eux.
Jean-Michel Normand
* Article paru dans le Monde, édition du 05.02.09.
La LCR se dissout aujourd’hui, le NPA naît demain
La « dissolution politique » de la LCR doit être votée aujourd’hui au Congrès qui s’ouvre à la Plaine Saint-Denis. En devenant le Nouveau parti anticapitaliste, la formation devrait passer de 3 200 à 9 000 militants, selon Besancenot.
MATTHIEU ECOIFFIER
Libération du 5 février 2009
« Jeudi, on se dissout et vendredi on renaît, ce qui prouve qu’on ne meurt jamais », plaisante Alain Krivine, qui fut en 1969 le premier candidat à la présidentielle de la LCR, créée dans la foulée de mai 1968 pour préparer le Grand Soir. Quarante ans après, pour surfer sur la popularité d’Olivier Besancenot (4 % à la présidentielle de 2007, 60 % d’opinion favorables dans les sondages) et occuper l’espace laissé par « la dérive social-libérale » du PS et la satellisation du PCF, la direction de la LCR lance un appel pour « un pôle anticapitaliste ».
Objectif : lancer une OPA sur l’extrême gauche et la gauche de gauche en rassemblant « le meilleur de la tradition du mouvement ouvrier, trotskiste, communiste, guévariste, écologiste et féministe ». Après plus d’un an de processus constituant, « qualitativement et quantitativement, l’objectif est rempli. On était 3 200 à la LCR, on est plus de 9 000 au NPA », note Besancenot. D’autres assurent que « le nombre de votants au congrès, c’est-à-dire de vrais militants engagés, tournerait plutôt entre 5 000 et 6 000 ».
Noyau dur et nébuleuse
« À vue de nez, il y a pas mal de jeunes, des syndicalistes, des associatifs. On n’est pas un parti « d’ex » et de déçus, plutôt des « sans-parti » », assure Besancenot. Dans les 467 comités locaux, se côtoient sous la houlette des militants de la LCR des associatifs de quartiers, des retraités du PCF, des antilibéraux des comités Bové, des anciens de Lutte ouvrière, des écologistes décroissants et des altermondialistes d’Attac. Au sein de cette nébuleuse, « les apports des nouveaux militants sont éparpillés. La LCR, seul courant national au sein du NPA, et la fraction de LO tirent les ficelles », explique un membre de la Ligue. À preuve : « La liste des 21 propositions pour rebaptiser le NPA témoigne d’une surenchère gauchiste la plus folle », dénonce Christian Picquet, du courant unitaire de la LCR.
Anticapitaliste, éco-socialiste et révolutionnaire
Officiellement, le NPA n’est plus affilié à la IVe Internationale fondée par Léon Trotski. Sa déclaration de principe prône « un socialisme du XXIe siècle ». Et les préoccupations environnementales et sociétales sont plus marquées. Mais la ligne ne bouge pas : « Anticapitaliste et 100 % indépendante de la direction du PS ». « Entre le NPA et la LCR, rien ne change. On attend toujours un nouveau Mai 68. Des luttes pour que ça déborde. On traîne le vieux rêve anar de la grève générale prolongée. C’est la même ligne imbécile qui ne marche pas », fustige Gilles Suze, cégétiste et historique de la Ligue. « Même à 10 000, vouloir révolutionner la société, c’est un peu mégalo », explique Picquet, qui compte défendre l’alliance avec Mélenchon et le PCF aux européennes face à une majorité du NPA plus encline « à rester sur son Aventin » pour faire la fête anticapitaliste entre soi.