VAGABONDAGES
Parc des Beaumonts -Montreuil - Juillet 2005...
Ciel d’azur, air de plomb...
32°C, sur l’échelle de ce bon M.Celsius...
La « Savane » est encore plus fauve que d’habitude...
Jamais elle n’a autant mérité son nom...
Silence absolu, troublé seulement par les stridulations d’un lointain criquet...
(un chortippus, mais lequel ??)
L’Europe semble très loin...
Nous sommes sur les Hauts Plateaux malgaches...
Mêmes champs d’herbes sèches, mêmes lignes d’arbres indéfinis à l’horizon...
On s’attend à voir passer un bouvier flegmatique avec ses zébus efflanqués...
Je fredonne une chanson...
Et, inconsciemment, des airs de la Grande Ile me viennent aux lèvres, sans que je l’aie demandé...
Mamy ny aina ...La vie est douce...
Oui, je me sens « là bas », dans ce qui est un peu mon « deuxième pays »...
Je tourne la tête...
La Tour Eiffel...les Invalides...le Panthéon...
Et mon esprit revient à Paris !
Je me souviens de la même plaine, quelques temps auparavant, un certain mois de décembre...
2000, 2001 ou 2002, je ne sais plus...
Le même cadre, sauf que la « Savane » s’est muée en « Toundra »...
Sommes-nous en Aubrac, en Ecosse, en Laponie ?
Je ne sais...
De l’herbe , la vie semble s’être allée...
Quelques arbres fantomatiques dressent leurs moignons dans le ciel gris roux...
Au fond , un soleil rouge agonise dans un ultime embrasement...
Le jour d’Après ?...
Ou celui d’Avant la Création ?...
Adam est absent...
Eve aussi, hélas, à plus forte raison...
Je sursaute...
Des notes de musiques étranges et belles : le chant d’une cornemuse !
Non : une cabrette, plutôt ...
Une plainte mélancolique, qui vous prend aux tripes, comme un regret inachevé...
Derrière la cabrette, un musicien aux traits bourrus...
Entre trente et soixante ans, je ne saurais dire...
Il s’excuse : "Je ne vous dérange pas ?
Je viens souvent jouer ici, je trouve mon inspiration dans la solitude qui se dégage de ces lieux...
Ici, je retrouve mon Aveyron, mes racines...
Siou de la mountagno !«
»Cela tombe bien , moi aussi...De quelque part entre les faubourgs de Nice et ceux de Vienne".
Nous échangeons quelques mots en lengo nostro ...
(De la Haute - Provence au Rouergue, il n’y a que quelques montagnes)...
La nuit tombe...
Il est temps de partir...
De revenir au Réel, comme les marins reviennent au port...
Jusqu’à la prochaine fois....
Thierry Laugier, le 7 février de l’an de grâce 2006
Pour Maylis,
Pour tous les amoureux du Beau Parler et des Grands Espaces réunis,
de France,
de Suisse,
de Madagascar,
des Alpes,
de l’Himalaya,
et d’Ailleurs...
Cet Ailleurs qui reste toujours à créer
A inventer
A réinventer
A imaginer
Jusqu’aux extrêmes frontières du possible
Si tant est qu’elles existent.