SBFM : La mobilisation impose un recul
Face à la très forte mobilisation des salariés de la fonderie de Caudan (Morbihan), l’administrateur provisoire de cette entreprise en redressement judiciaire a annoncé qu’il refusait le plan de licenciements du patron. C’est une première et belle victoire .
Les salariés avaient prévenu que la moindre annonce de plan social déclencherait une mobilisation d’ampleur. C’est ce qui s’est produit. Le redressement judiciaire a été prolongé jusqu’au 10 mars par le tribunal de commerce, et un audit doit être réalisé pour savoir si l’entreprise est éligible au fond destiné au plan de relance de l’industrie automobile, Renault et PSA étant clients à 84 % de la fonderie (voir ci-dessous l’article de Rouge n° 2283).
Mais, le 3 février, un plan de restructuration est annoncé par le patron du groupe Zen, Florindo Garro, principal actionnaire de SBFM. La nouvelle est, dans ce contexte, un vrai choc. Les patrons ont décidé de reprendre l’offensive en bousculant le calendrier et en révélant leurs objectifs : 237 emplois supprimés sur 550 à partir d’avril, une chaîne de production sur trois arrêtée, l’usinage transféré chez Fabris, une autre filiale du groupe, à Châtellerault (Vienne). Dans cette filiale, plus de 200 suppressions d’emplois sur 372 sont également prévus.
La colère, à peine contenue depuis des mois, a alors éclaté. Depuis mercredi 4 février, l’usine était occupée et bloquée par les salariés. Des assemblées générales ouvertes à la population ont eu lieu tous les jours dans le réfectoire de l’usine. Le préfet a reçu les salariés, leur assurant que l’État ne financerait pas ce plan social et il s’est engagé à organiser une rencontre, sous huit jours, au ministère de l’Industrie. Jeudi, la voie de chemin de fer de Lorient été bloquée par un rassemblement, avant une visite à la sous-préfecture de Lorient où la délégation a appris que le rendez-vous au ministère n’aurait pas lieu avant le 18 février. Vendredi, retour à la préfecture de Vannes où, pour exprimer leur mécontentement, les ouvriers sont venus avec des pièces de fonderie qui ont volé dans la cour. Le message passe, le rendez-vous aura bien lieu le 12 février.
Samedi matin, un grand rassemblement populaire a été organisé sur le site et la mobilisation a contraint les élus à prendre des positions fermes contre le plan social et en faveur d’une reprise par Renault.
Lundi 9 février, une manifestation des salariés a eu lieu à Lorient, devant le CE extraordinaire qui devait entériner le plan social. Olivier Besancenot y a participé, apportant, avec des militants du NPA, sa solidarité. L’actionnaire Garro s’est dégonflé et il a décidé ne pas rentrer dans la salle du CE. Dans la foulée, le représentant de la CGT, Pierre Le Ménahès, a annoncé que l’administrateur judiciaire a écarté le plan social. C’est une première grande victoire pour cette lutte emblématique, mais tout reste encore à faire pour empêcher les licenciements. Les fondeurs ont repris le travail mais restent mobilisés.
Stéphanie Chauvin
* Paru dans Rouge n° 2286, 12/02/2009.
SBFM : « C’est de nos vies qu’il s’agit ! »
Près de 3 000 personnes ont manifesté, dimanche 18 janvier, à Hennebont (Morbihan) pour défendre la fonderie de Caudan, travaillant pour le secteur automobile, dont l’avenir devait être scellé le mardi suivant par le tribunal de commerce de Lyon, au cri de « Nous n’accepterons pas la mise à mort de la SBFM et de ses emplois » (lire Rouge n° 2280, du 25 décembre 2008). Pierre Le Ménahès, délégué CGT de la Société bretonne de fonderie et mécanique (SBFM), avait, ce jour-là, le verbe fort et le ton percutant des grandes mobilisations car, clamait-il au micro : « C’est de nos vies qu’il s’agit. » Parmi les manifestants qui défilaient solidairement dans les rues de la cité des Forges, il y avait des élus du Pays de Lorient.
La SBFM, qui emploie 550 salariés, accuse un passif de 40 millions d’euros. Elle a été placée en redressement judiciaire. Faute d’une solution miracle sortie du chapeau de l’actionnaire (groupe Zen), deux issues se présentent : un plan de continuation assorti de licenciements ou, pire, la liquidation. Quant à une éventuelle reprise par Renault, principal client de la fonderie, c’est le flou le plus complet.
Le tribunal de commerce de Lyon a prononcé la prolongation du redressement judiciaire jusqu’au 10 mars. La SBFM pourrait bénéficier d’une partie du fonds de 300 millions d’euros destiné au plan de relance automobile. Les inquiétudes restent grandes. « Nous n’accepterons aucune suppression d’emploi », a déclaré Pierre Le Ménahès, en promettant une résistance sans faille : « Comment pourrions-nous accepter d’être lynchés par ceux qui ont étranglé la SBFM en toute impunité et qui ont bénéficié des deniers publics sans investir dans les moyens humains et matériels ? Nous ferons face ! »
Correspondante
* Paru dans Rouge n° 2283, 22/01/2009.
Les SBFM s’opposent aux licenciements
Malgré le peu d’échos dans les médias nationaux ou régionaux, près de 7 000 personnes ont manifesté, samedi 20 décembre, à Hennebont (Morbihan), pour la défense de l’emploi à la Société bretonne de fonderie et de mécanique (SBFM, sous-traitant automobile, 550 salariés), en redressement judiciaire depuis la fin novembre. Du jamais vu depuis les grandes mobilisations des salariés des forges, dans les années 1980, réclamant la création de la SBFM.
La CGT y a notamment dénoncé « un sabotage de la SBFM sous couvert de crise économique et financière ». Ce soutien populaire à la lutte engagée a remonté le moral des salariés, qui exigent la reprise par Renault, principal client et ancien propriétaire de l’entreprise. La CGT a porté cette demande au ministère de l’Industrie et elle compte la transmettre directement à Renault, le 9 janvier. Mais la date phare reste celle du 20 janvier, quand le tribunal de commerce de Lyon examinera les propositions du groupe Zen.
Une délégation sera présente sur place, mais tout se jouera sur le site. La CGT appelle tous les ouvriers (dont une grande partie sera en chômage technique) et la population à se mobiliser afin de prendre connaissance du jugement. À la réunion du comité de soutien, des voix se sont fait entendre pour engager d’autres initiatives, afin de maintenir la pression d’ici là. Car il est clair que les salariés n’accepteront aucun licenciement. Qu’on se le dise : l’usine tournera avec tous les ouvriers, ou ne tournera plus.
* Paru dans Rouge n° 2280, 25/12/2008.
SBFM Menace de plan social
Les actionnaires de la Société bretonne de fonderie et de mécanique (SBFM) du Pays de Lorient (Morbihan) préparent secrètement un plan de suppressions d’emplois.
Les salariés de la Société bretonne de fonderie et de mécanique (SBFM) n’en finissent pas de subir la gestion désastreuse de leur entreprise par l’actionnaire italien Garro. Après des années de dettes accumulées (25 millions d’euros, auxquels il faut ajouter 13 millions pour l’année 2008), d’absence d’investissements pour sauvegarder l’outil de travail et de luttes pour dénoncer cette situation, les événements s’accélèrent.
Sur fond de baisse de la production dans l’industrie automobile, c’est bien un plan social qui est prévu, après l’annonce d’un redressement judiciaire. Pour mettre à jour cette stratégie, les ouvriers, fortement syndiqués à la CGT, ont fait grève et bloqué leur usine pendant une semaine, dès la fin octobre. Ils craignaient que leur patron n’enchaîne les semaines de RTT forcée et de chômage technique pour finalement annoncer les licenciements. Cette grève a donc obligé les patrons à s’expliquer.
Les ouvriers ont obtenu que les pouvoirs publics (préfecture, communauté d’agglomération de Lorient et municipalité de Caudan) aient un droit de regard sur la gestion économique de la boîte et sur celle des relations sociales au sein de l’entreprise. Car il s’agissait aussi de forcer les pouvoirs publics à prendre position. En effet, malgré les demandes répétées des salariés et de leur syndicat, les différents élus et représentants de l’État ont toujours préféré accorder crédit à la direction et à ses effets d’annonce foireux.
Le secrétaire général de la section CGT, Pierre Le Ménahès, n’a d’ailleurs pas hésité à épingler tous ces notables, lors de la fête de l’Humanité Bretagne, en déclarant ne pas pouvoir « passer sous silence la complicité du préfet et du sous-préfet du Morbihan qui ont conjointement cautionné les mensonges de la direction » et d’ajouter, devant tous les élus de la gauche institutionnelle présents : « Nous ne ferons pas, non plus, l’impasse sur la complaisance de certains élus locaux, départementaux et régionaux qui se sont fait berner par un actionnaire sans scrupule. »
L’heure est grave pour les salariés et l’avenir de leur usine. Le tribunal de Lyon devra trancher dans le sens d’une liquidation judiciaire ou d’une restructuration. Des bruits courent sur l’estimation patronale d’un « sureffectif » à dégager, qui pourrait s’élever à 50 % des 550 salariés. Dans ce contexte, les ouvriers appellent au soutien et à la mobilisation de la population locale en organisant une réunion pour mettre en place un « réseau de résistance pour l’emploi à la SBFM ». La principale revendication est le retour de Renault, le principal donneur d’ordres, comme actionnaire majoritaire. La détermination reste entière, et l’envie d’en découdre toujours aussi vive. Le message à la direction est clair : aucun licenciement. C’est pour soutenir cette revendication qu’Olivier Besancenot se rendra prochainement à l’usine.
Stéphanie Chauvin
* Paru dans Rouge n° 2278, 11/12/2008.
Olivier Besancenot dans le Morbihan
Le 13 octobre, une quarantaine de personnes attendaient Olivier Besancenot au local de la CGT du site de la Société bretonne de fonderie et de mécanique (SBFM), à Caudan (Morbihan). L’entreprise reste dans une situation difficile du fait de l’incapacité de ses dirigeants – la société italienne Garro – à assurer la production du matériel destiné principalement à Renault. Suite aux départs à la retraite liés à un plan amiante et aux démissions, le manque d’embauches est la première cause du mauvais fonctionnement de l’usine. Les pertes s’élèvent à 27 millions d’euros et la direction ne propose aucune solution. La CGT, par l’intermédiaire de son secrétaire, Pierre Le Ménahès, a rappelé la détermination des 600 salariés à continuer à faire vivre cette usine, l’un des plus gros employeurs du département. Olivier Besancenot a indiqué que, si on lui en donne les moyens, cette société peut continuer à produire et que, s’il faut de l’argent pour éponger des dettes, les patrons de la métallurgie n’ont qu’à rendre celui qu’ils ont détourné.
L’ambiance était chaleureuse et l’intervention d’Olivier Besancenot a été très appréciée. Des applaudissements ont salué l’idée qu’un nouveau parti devait voir le jour pour rassembler tous ceux et toutes celles qui ne se résignent pas. À la suite du conseil d’administration du 22 octobre, la CGT a organisé des débrayages pour protester contre la mise en place d’un audit qui ne fait que retarder les échéances et la relance de la SBFM.
* Paru dans Rouge n° 2225, 01/11/2007.