Mes Frères, mes Sœurs,
Chers présidents de la République de Bolivie, du Brésil, de l’Equateur, du Paraguay et de la République Bolivarienne du Venezuela
Chers membres de l’Assemblée mondiale des mouvements sociaux, du Forum des autorités locales et activistes du Forum social mondial. Chers camarades de Via Campesina je vous embrasse avec toute ma solidarité. Je voudrais que vous sachiez qu’en un lieu central de la Présidence de l’Assemblée Générale flotte le drapeau historique de Via Campesina.
C’est pour moi un grand honneur de m’adresser à de si insignes chefs d’Etat ainsi qu’à tant d’hommes et femmes, leaders d’organisations, paysannes, indigènes, écologistes, d’afrodescendants, de femmes et de défenseurs des droits humains parmi bien d’autres secteurs représentés.
Cet entretien entre vous les Présidents cherche à identifier les grands problèmes, les défis et les actions nécessaires en vue de construire un autre modèle en Amérique latine est aujourd’hui plus que jamais fondamental. L’esprit et la pratique capitaliste conduisent l’humanité vers sa perte. Les mesures de rectification et de changement de modèle de développement ne peuvent plus attendre.
Il est l’heure de lever la bannière de la Solidarité et de mettre fin une fois pour toutes à ces concepts néo-libéraux, anti-éthiques et suicidaires qui accordent la priorité au profit devant les droits inaliénables de la personne humaine, des milliards de damnés de la terre.
Je vous félicite car vous avez l’opportunité d’écouter et d’être entendus par de nombreux esprits latino-américains parmi les plus grands de tous les temps. Vous êtes les continuateurs de notre grand Fidel qui est sans nul doute le plus grand héros de la Solidarité mondiale dont en tant que chrétiens et révolutionnaires nous devrions tous suivre l’exemple.
La Charte des Nations unies commence par « Nous les peuples des Nations unies… ». En effet, les Nations unies ne se composent pas exclusivement de gouvernements mais aussi de peuples, de tous les peuples des 192 Etats membres. Nous sommes avec vous dans nos efforts conjoints pour mettre fin aux guerres et construire la paix, pour mettre fin à l’impunité et pour que ceux qui violent le droit international soient punis, pour protéger les personnes et les peuples exclus, pour défendre les droits humains et l’égalité entre tous les humains.
Je dis cela car jusqu’à présent, les Etats membres des Nations unies ont été incapables d’apporter des réponses aux grands problèmes de l’humanité. Le manque de démocratie au sein des Nations unies, l’imposition de décisions par un petit nombre de pays qui se croient les maîtres du monde a eu pour conséquence que nous nous trouvions aujourd’hui enfoncés dans de multiples crises : financière, économique, du crédit, commerciale, énergétique, de la faim généralisée, la pauvreté et l’exclusion sociale, de la détérioration de la Terre mère et de guerres génocidaires contre les peuples de Gaza, d’Irak et d’Afghanistan.
Ce Forum social mondial est l’expression suprême des mouvements de la société civile. Il est une force de proposition et d’action pour la construction d’un modèle économique, social et politique distinct, un modèle d’inclusion, de respect des droits humains et de l’environnement, juste et équitable dans la distribution des richesses et des revenus. Il nous ouvre une fenêtre sur la lumière et l’espoir pour parvenir à la paix dans la justice pour toutes et tous. Vous pouvez nous insuffler une grande force pour ce que nous voulons mettre en place depuis l’Assemblée générale des Nations unies, c’est-à-dire une nouvelle architecture économique et sociale basée sur les droits de tous les peuples sans aucune exception.
Je profite de cet espace pour adresser un appel aux Eglises en tant que parties prenantes de la société civile pour qu’elles intègrent dans leurs principales tâches le travail en faveur de l’unité de l’Amérique latine et de la Caraïbe. Je désire également féliciter chaleureusement notre cher ami, le président Evo Morales Ayma pour le triomphe obtenu dimanche 25 janvier. Triomphe qui garantit que ce peuple frère puisse avancer dans la consolidation de son projet démocratique de paix et de justice sociale.
Le Forum social mondial est un exemple d’unité pour les Etats membres des Nations unies. D’autre part, il est vrai que l’unité que notre frère Hugo Chávez a favorisée avec un tel dévouement autour de l’ALBA a eu pour conséquence d’éveiller la conscience latino-américaine et caribéenne. Nous vivons aujourd’hui les meilleurs moments de notre histoire dans laquelle les rêves de Bolivar, de Marti, de Dario et de Sandino ne sont plus seulement des rêves mais se sont transformés en tâches à réaliser.
Je vous souhaite à toutes et tous beaucoup de succès dans votre lutte pour un monde meilleur – fraternel et solidaire – débarrassé de l’impérialisme et du capitalisme.
Merci beaucoup.
Miguel d’Escoto Brockmann