Annick Coupé, vous allez participer au contre-sommet de l’OTAN à Strasbourg, vendredi 3 et samedi 4 avril. Pouvez-vous expliquer les raisons de ce rassemblement ?
C’est d’abord pour contester le choix de Nicolas Sarkozy de réintégrer la France au commandement de l’OTAN. Cette décision est tout à fait symbolique de sa politique internationale, à savoir un rapprochement net avec les Etats-Unis et de leur politique de défense. L’OTAN, c’est le symbole de toutes les politiques de guerre qui continuent depuis des années et s’enlisent, notamment en Afghanistan.
Pour nous, organisation syndicale, on ne peut construire la paix dans le monde par une politique guerrière mais par une vraie diplomatie qui repose sur d’autres choix économiques et d’autres relations entre les pays du Nord et ceux du Sud. Enfin, ces politiques militaristes ont un coût ! Cet argent serait mieux employé dans des choix sociaux et une réelle politique de coopération.
Vous êtes aussi présent dans les manifestations contre le G20 à Londres. Quel lien voyez-vous entre ces deux réunions internationales et ces protestations ?
Ce sont deux facettes d’une même politique internationale décidée par les seules grandes puissances. L’OTAN et le G20, ce sont tout simplement deux visages des tenants de l’ordre mondial qu’il faut combattre. L’OTAN est sous la direction des Etats-Unis et le G20 est à nos yeux illégitime car il exclut une partie des pays les moins riches.
Ces deux institutions non représentatives des peuples du monde n’ont pas fait la preuve de leur efficacité : ni l’OTAN, dans son incapacité à faire décroître les guerres, ni, le G20, face à la crise économique, l’aggravation de la pauvreté et des famines et la crise écologique. Les choix du G7, ancêtre du G20, de libéralisation brutale ont largement contribué à renforcer ces crises. Et je ne suis pas optimiste sur les réponses que les gouvernants vont prendre à son issue.
A Strasbourg, entre 40 000 et 60 000 manifestants sont attendus et la police est sur les dents. Qu’est-ce que vous attendez de cette mobilisation ?
Il est important que ce contre-sommet soit réussi autant en nombre qu’en capacité à organiser des débats. Il s’agit de montrer que, dans la société française et européenne, il y a des associations, des syndicats, des partis politiques et des personnalités qui n’acceptent pas cet ordre mondial. Nous avons fait le choix de nous engager dans le contre-sommet à l’OTAN pour qu’il y ait un vrai débat citoyen autour de ces questions essentielles. Ce qui se jouera pendant deux jours, c’est notre capacité collective à dire qu’il n’y a pas consensus sur les questions d’ordre économique et de paix.