Le paysage électoral pour les européennes de juin se dessine peu à peu. Le « Front de gauche » ne sera finalement constitué que du PCF, du Parti de gauche (PG) dirigé par Jean-Luc Mélenchon et de quelques dizaines de camarades issus du courant « Unir » de l’ex-LCR. Les discussions unitaires avec le MRC de Chevènement, les Alternatifs, Lutte ouvrière ou le NPA, ont toutes échoué.
En guise d’explication, les responsables du « front de gauche » fustigent l’esprit de « boutique » et l’irresponsabilité qui animeraient les partenaires pressentis. La gauche radicale serait partagée en deux : d’un côté, les unitaires, raisonnables, qui veulent un débouché politique aux luttes ; de l’autre, les sectaires, qui ne pensent qu’à leurs intérêts d’appareil… Mais la réalité est plus complexe. Notre proposition unitaire - refusée par le PCF et le PG - visait à nous rassembler de façon durable, dans la rue et dans les urnes, sur la base d’un plan d’urgence anticapitaliste et antiproductiviste. La situation nécessite plus qu’un « coup électoral » (expression de Mélenchon). Il s’agit de renouveler radicalement l’offre politique, de défendre un programme politique inédit, jamais mis en œuvre. Hors de question pour le NPA de soulever des espoirs et de les voir mourir demain dans le réalisme de gestion. Si le NPA s’est constitué, c’est parce qu’il est animé d’une volonté farouche de changer durablement les rapports de forces au sein du monde du travail, en faveur d’une gauche radicale, anticapitaliste et antiproductiviste. Cet objectif politique est ambitieux. Il ne se résume pas à une élection. C’est pour cela que nous avons proposé, à tous les partenaires, une alliance durable qui aille au moins jusqu’aux régionales de mars 2010 et, pourquoi pas, au-delà.
Pourquoi les dirigeants du PCF et du PG n’ont-ils pas répondu « banco » ? Silence radio. La raison inavouée, c’est de ne pas vouloir remettre en cause une collaboration, durable justement, avec les dirigeants socialistes, au sommet des grandes institutions, conseils régionaux, conseils généraux, mairies des grandes villes, gouvernement, où les équipes « Union de la gauche » mènent des politiques qui ressemblent souvent à s’y méprendre à celles de la droite. A trop vouloir laisser cette question essentielle dans l’ombre, l’union PCF-PG n’a réussi à englober ni le MRC de Chevènement, qui veut rassembler toute la gauche - PS compris -, ni les Alternatifs et le NPA, qui prônent l’indépendance totale vis-à-vis du social-libéralisme.
Ainsi, le périmètre du « front » est limité, malgré les artifices des dirigeants du PCF et du PG, qui essayent désespérément de faire croire que des pans entiers du NPA les rejoindraient. Nous ne tomberons pas, pour notre part, dans le petit jeu qui consisterait à comptabiliser les transfuges… Quant à notre campagne, elle sera dirigée contre Sarkozy, les capitalistes et ceux qui les servent. Pas contre le « Front de gauche ».