La politique de Sarkozy n’épargne pas le monde de l’éducation. Dans toute la France, des rassemblements sont prévus devant les préfectures à l’appel du Réseau éducation sans frontières (RESF), le 1er février, pour la régularisation des élèves sans papiers ou de leur famille. Des mobilisations se dessinent également dans les universités.
De la maternelle à l’université, les jeunes, les enfants et leurs familles sont persécutés par la politique du chiffre décidée place Beauvau. Sarkozy n’a certes pas atteint l’objectif des 23 000 reconduites à la frontière en 2005, mais il en affiche 19 841 à son tableau de chasse, ce qui représente tout de même une augmentation de 26,7 % par rapport à l’année précédente. À coups de rafles, il compte bien progresser encore : son objectif pour 2006 se fixe à 25 000 !
Soucieux de désamorcer les mobilisations locales de lycéens, d’enseignants et de parents, Sarkozy avait recommandé aux préfets, par une circulaire du 31 octobre 2005, d’éviter les expulsions des élèves et de leurs familles... avant la fin de l’année scolaire. Pourtant, les persécutions contre eux n’ont pas cessé. Des dizaines de jeunes scolarisés et de parents ont été placés en rétention. La plupart ont été libérés après l’intervention du RESF, certains in extremis, mais d’autres ont été expulsés.
Enfermé au centre de rétention d’Hendaye, Monsieur Kirimov, père azéri d’enfants scolarisés à Pau, a finalement été mis en liberté, le 20 janvier, sur décision du juge des libertés et de la détention de Bayonne. C’est le résultat d’une large mobilisation locale : pétitions, manifestation devant la préfecture, interventions d’élus et de personnalités... Le RESF a fonctionné.
La liste est longue des parents en centre de rétention ou des familles pour lesquelles une mobilisation se développe. Les préfectures préfèrent considérer qu’un enfant de maternelle n’est pas réellement scolarisé, puisqu’il ne relève pas de la scolarité obligatoire. L’expulsion de la famille est donc envisagée... sauf lorsqu’une mobilisation suffisante dissuade les autorités.
Dans les lycées, personne n’est dupe : lorsqu’une préfecture consent à délivrer une autorisation provisoire de séjour, c’est pour reporter l’expulsion à la fin de l’année scolaire, en espérant que la torpeur de l’été anesthésiera toute résistance collective. C’est donc maintenant que les communautés scolaires doivent se mobiliser pour arracher un titre de séjour.
Les mobilisations gagnent les universités. À Reims, un comité de soutien s’est constitué pour Aubin, un étudiant béninois à qui la préfecture refuse de renouveler la carte de séjour, après sa condamnation en novembre dernier, pendant les révoltes des quartiers populaires (lire page 2).
La mobilisation du 1er février, qui prévoit des rassemblements devant les préfectures partout en France, sera l’occasion d’adresser un avertissement au gouvernement, lequel prépare un durcissement très grave des lois anti-immigrés. Elle s’intègre dans une résistance active qui fera de plus en plus parler d’elle.