Reporters sans frontières exprime son inquiétude suite au harcèlement dont a fait l’objet Ammar Amroussia, à Gafsa (400 km au sud-ouest de Tunis) au cours des derniers jours. Ce militant politique, qui a perdu son travail d’instituteur en 1997, collabore activement au journal interdit El Badil (Alternative) proche du Parti communiste des ouvriers de Tunisie, également interdit par les autorités du pays.
« Les autorités veulent réduire au silence toutes les voix dissidentes qui font écho à la vague de protestation populaire de Gafsa. Ammar Amroussia dérangeant le pouvoir, on cherche à le faire taire. Jusqu’où ira ce harcèlement moral et physique ? », s’interroge l’organisation. Ammar Amroussia a confié sa crainte à Reporters sans frontières, ajoutant « mais je crains encore plus le silence ».
Au cours de ces derniers jours, Ammar Amroussia a fait l’objet d’un harcèlement policier incessant, suite à la publication d’articles sur le site d’El Badil au sujet des tensions sociales dans le bassin minier de Gafsa. Il a notamment contribué à rendre publique la vague de protestation populaire qui a secoué les villes du bassin minier en janvier 2008. Il a également contribué à faire connaître la répression dont ce mouvement a fait l’objet en juin de l’année dernière.
Le 14 mai 2009, Ammar Amroussia a été interdit, tout comme de nombreux journalistes et défenseurs des droits de l’homme, d’entrer dans la salle d’audience du tribunal de Gafsa qui jugeait sept jeunes gens arrêtés à l’occasion d’un sit-in, organisé en protestation aux événements de Gafsa. La seconde audience doit avoir lieu demain, le 21 mai.
Le 15 mai, il a été agressé physiquement par six policiers - dont le responsable des services de police à Gafsa, Sami Yahyaoui -, alors qu’il rencontrait, dans un lieu public, l’épouse d’un des leaders de la contestation de Gafsa.
Le 16 mai 2009, un groupe de policiers, dont Mohammed Yousfi, numéro 2 des services de police, l’a publiquement insulté, le menaçant de mort s’il ne cessait pas d’écrire sur les événements du bassin minier.
La contestation a éclaté en janvier 2008, suite à l’annonce des résultats d’un concours de recrutement organisé par la Compagnie des Phosphates de Gafsa, principal employeur de la région. Favoritisme et loyauté à l’égard du pouvoir ont clairement prévalu sur les compétences dans le choix des candidats. Cet événement a mis le feu aux poudres, constituant l’amorce d’un soulèvement social sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir du président Ben Ali en 1987.