Aix-en-Provence.
correspondant régional.
Traditionnellement, l’été sonne le début de la saison culturelle à Aix-en-Provence. C’est d’ailleurs le cas avec l’exposition « Picasso-Cézanne ». Mais la question désormais posée est plus politique : sera-ce la fin de « la période bleue », ouverte par la victoire de Maryse Joissains (UMP) en 2001, dans la deuxième ville (140 000 habitants) des Bouches-du-Rhône ? Le 8 juin dernier, le Conseil d’État a en effet invalidé le scrutin municipal de 2008 pour des propos « injurieux et diffamatoires » relevés dans un tract anonyme. Il y a quinze mois, la liste UMP l’avait emporté (44,2 % des suffrages), devant la liste de rassemblement de la gauche (42,9 %) et le Modem (12,7 %).
Nouveau scrutin les 12 et 19 juillet
La campagne sera courte puisque la préfecture a décidé de ne pas laisser traîner les choses et d’organiser le nouveau scrutin les 12 et 19 juillet prochain alors qu’une fenêtre de tir était ouverte jusqu’à début septembre… Et comme les élections européennes sont passées par là, le paysage politique aixois présente un visage différent de celui qu’il avait en mars 2008.
À droite, rien ne change. Maryse Joissains repart, plus remontée que jamais, dans sons style autoritaire et populiste. Mais tout le monde sait aussi qu’elle est une redoutable « campaigner », comme on dit aux États-Unis. L’année dernière, elle avait d’ailleurs réussi à conserver un siège que de nombreux observateurs estimaient très menacé. Nul doute également que le noyau dur de l’électorat de droite se mobilisera. Sur cette frange de l’échiquier politique, la maire sortante ne sera concurrencée par Stéphane Salord, son ancien adjoint, à l’origine du recours en annulation, qui ne pèse pas grand-chose en termes électoraux.
À gauche, en revanche, tout est bouleversé. En 2008, pour la première fois en trente ans, les forces progressistes s’était présentées unies et rassemblées, refusant au premier comme au deuxième tour toute alliance avec le Modem. Cette année, c’est l’éclatement. Les Verts font cavalier seul, histoire de voir s’ils peuvent faire fructifier localement le capital national du scrutin européen.
Mais c’est surtout la décision du PS qui change la donne : après l’union à gauche, place à l’alliance avec le Modem. Un choix imposé par Jean-Noël Guérini, président du conseil général. Façon, au passage, de jeter une pierre dans le jardin de Michel Vauzelle, le président socialiste de la région, qui avait appelé le PS, après les européennes, à une stratégie d’union à gauche. Le leader socialiste aixois, Alexandre Medvedowsky, tête de liste l’an dernier, avale la couleuvre mais prend soin dans chacune de ses déclarations de minimiser la portée de cet accord « local » « entre des hommes et des femmes qui souhaitent un changement dans cette ville » tandis que son nouvel ami, le Modem François-Xavier de Peretti, tire déjà des plans sur la comète 2010 (régionales et cantonales).
Une liste collégiale
Le drapeau de la gauche est relevé par la liste « Aix à gauche », qui regroupe le PCF, le NPA et le Parti de gauche. La liste, qui entend mener une campagne à direction collégiale, est emmenée par Nathalie Leconte, responsable associative et membre du PCF, suivie de Claude Ramin (NPA) et Hélène Le Cacheux (PG). Elle place les questions des services publics et de la démocratie au cœur de son programme. « Nous avons décidé de rester fidèles à nos engagements vis-à-vis des électeurs aixois : à gauche et sans alliance avec le Modem, ni au premier tour, ni au second, explique Léo Purguette, le jeune secrétaire de la section communiste d’Aix. Il n’y aura donc pas de fusion avec la liste PS-Modem. »