Sous couvert de « trans-position » de deux directives européennes, le gouvernement va se doter des pleins pouvoirs pour contrôler les cultures OGM. Alors que les populations refusent les OGM, on est sur le point de flinguer irréversiblement toute l’agriculture propre. Comme par hasard, ce projet de loi est présenté par le ministère de la Recherche afin de donner une caution scientifique à ce qui n’est que de la course au fric.
En étudiant dans le détail ce texte volontairement confus, on identifie de nombreux reculs.
• Aucun suivi : aucun registre des disséminations, et aucune obligation pour les semenciers de rendre publics les tests toxicologiques (récemment de tels tests ont montré des risques de cancers chez le rat). De plus, le suivi des disséminations et de la commercialisation serait confié... aux firmes de biotechnologie !
• Parodie de démocratie : le public pourra « donner son avis par e-mail » pendant 15 jours (sans annonce préalable) en consultant des pièces du dossier sur Internet.
• Opacité : le « comité de biovigilance » est remplacé par un « comité des biotechnologies » composé « d’experts » désignés par décret, et donc sans débat.
• Aucune lutte contre la dissémination : les agriculteurs cultivant des OGM pourront soit s’assurer contre la dissémination - ce qu’évidemment aucun assureur n’est prêt à faire -, soit payer une « taxe » pour dédommager a minima les agriculteurs pollués. De plus, le seuil de contamination est maintenant fixé à 0,9 %, alors que, pour l’agriculture bio, c’est 0,01 %, et seule la contamination par le pollen est reconnue, pas celle par les semences ni celle par les repousses.
• Criminalisation des faucheurs : le gouvernement n’a pas apprécié les procès d’Orléans et de Versailles, où le tribunal a donné raison aux faucheurs. La nouvelle loi est donc encore plus répressive et fixe les sanctions à deux ans de prison et 75 000 euros d’amende.
La Confédération paysanne a déjà annoncé qu’elle ne se laisserait pas intimider et continuerait les actions de désobéissance contre ces cultures illégitimes. Les associations sont aussi unanimement critiques. En revanche, sur les revendications, il y a une ambiguïté concernant « l’affichage ». En effet, beaucoup se contentent de réclamer un double affichage afin que « le consommateur puisse faire son choix ». Cette demande n’est pas tolérable, car elle revient à accepter de fait la culture des OGM dans les autres pays (ceux du Sud sont de plus en plus soumis à la pression des lobbies). En soutien aux paysans qui luttent dans tous les pays contre les OGM, il faut exiger l’interdiction de commercialisation d’OGM et de produits en contenant.
La journée internationale d’opposition aux OGM1, qui aura lieu le 8 avril 2006, sera l’occasion de faire le lien entre les luttes de différents pays et de réclamer leur interdiction dans les champs mais aussi dans les assiettes !
Note
1. Plus d’infos sur la journée internationale d’opposition aux OGM et sur comment y participer ; http://altercampagne.free.fr.