Le projet Tayyar (« Mouvement progressiste, national et démocratique ») a germé chez des militants et cadres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), du Front démocratique de libération de la Palestine et du Parti du peuple palestinien. D’après eux, face à la bipolarisation Fatah/Hamas, la gauche doit offrir au peuple palestinien une alternative crédible. Ils considèrent les divisions de la gauche palestinienne comme un verrou à la reconstruction d’une alternative. Ils ont donc lancé le projet, sans attendre l’accord entre les directions des partis.
Plusieurs réunions locales ont été organisées en Cisjordanie, avant l’organisation de la première conférence de Tayyar, du 26 au 28 juin, à Ramallah. « Nous ne voulons pas nous construire contre les organisations de gauche, ni fonder un nouveau parti. Nous voulons créer un rassemblement de militants issus des partis, mais aussi de comités populaires, de centres culturels, d’ONG ou de syndicats, afin de créer une dynamique à gauche, qui entraînera les partis dans leur ensemble », explique Jamal Juma’a, l’un des responsables provisoires de Tayyar, et coordinateur de la campagne Stop the Wall [1].
La conférence avait pour principal objectif la refondation de la gauche radicale aux quatre coins du monde. On trouvait, parmi les invités internationaux, plusieurs représentants de la gauche latino-américaine et européenne, avec Die Linke, la coalition grecque Syriza et le NPA. Les membres de Tayyar souhaitent s’inspirer des expériences internationales, sans pour autant les plaquer sur la singulière réalité palestinienne.
Les représentants des partis palestiniens, les intervenants étrangers et 300 participants palestiniens (pour la plupart issus des organisations de gauche) ont longuement débattu des échecs du passé et des perspectives de refondation de la gauche. Les représentants palestiniens se sont vus reprocher un certain conservatisme d’appareil, le peu de place accordé aux jeunes et aux femmes et leurs rapports parfois contradictoires avec l’Autorité palestinienne de Ramallah.
Cette première conférence est un événement stimulant, bien qu’encore fragile, minoritaire, et imprécise sur certaines questions tactiques et stratégiques. Son succès relatif témoigne d’une dynamique et de préoccupations réelles, cristallisant pour la première fois, dans un cadre collectif, les aspirations de nombre de militants de la gauche palestinienne. C’est pourquoi le NPA, tout en conservant ses relations avec les partis de gauche palestiniens, au premier rang desquels le FPLP, va développer et consolider les liens avec Tayyar et se fera l’écho des prochaines initiatives du mouvement.
Julien Salingue, Alain Pojolat
Note
(1 )Réseau créé en 2003 et opposé à la construction du mur de séparation en la Cisjordanie et Israël.