Introduction
Contexte d’émergence aux Etats-Unis :
L’émergence de mouvements ou de théories auto-définit comme « queer » aux Etats-Unis s’inscrit dans un contexte politique particulier, qu’il est nécessaire de resituer rapidement : 1) D’une part, politiquement : à la fin années 1980, après 10 ans de présidence Reagan/Bush, la gauche politique et intellectuelle américaine est défaite : les républicains ont imposé une politique ultra-libérale, l’ordre moral est triomphant, sur fond d’épidémie de sida, etc. Ce rapport de force va évidemment avoir des effets réels sur les mouvements gays, lesbiens et féministes et leurs perspectives stratégiques. Plus largement, les mouvements sociaux sont affaiblis et ce qui reste de la gauche radicale/intellectuelle est cantonné dans certains campus universitaires. 2) Deuxième élément de contexte, les années 1980 sont celles du retour de bâton anti-féministe, et sont marquées par l’affaiblissement des groupes radicaux, mais aussi pas une relative institutionnalisation des courants les plus réformistes. L’essentialisme, qui considèrent hommes et femmes, homosexuels et hétérosexuels comme naturellement différents, gagne une large audience, et touche également les mouvements gays et lesbiens, on assiste aussi à des évolutions essentialistes. Pour beaucoup d’homosexuel-le-s, il s’agit alors d’obtenir une acceptation dans la société en tant que minorité, sans remettre en cause l’ordre social inégalitaire et homophobe. Certain gays vont même revendiquer la recherche des causes génétiques de l’homosexualité, afin de fonder la reconnaissance de l’homosexualité sur une donnée naturelle.
Au cours des années 1980, les stratégies de revendications de ces mouvements vont donc progressivement s’appuyer sur des réalités figées (minorités essentialisées et/ou naturelles, etc), afin d’obtenir une reconnaissance sociale et politique et des droits spécifiques.
Les mouvements intellectuels et militants « queer », lorsqu’ils se développent à la fin des années 1990, sont donc porteurs d’une démarche politique en rupture avec l’air du temps : il s’agit clairment de s’opposer aux évolutions essentialistes des mouvements gays et féministes américains. Il s’agit aussi de réaffirmer que les identités issues des cadres d’oppression ne sont pas des données naturelles et figées, mais des constructions sociales et politiques. Ces prémisses radicales s’inscrivent alors clairement dans la continuité des mouvements d’émancipation des années 1970.
Mais le « queer » va rapidement connaître, au cours des années 1990 et 2000 un succès important, s’institutionnalisant même au sein des universités américaines (queer studies), à la faveur du développement de courants intellectuels post-modernes. La diffusion à plus large échelle du queer entraîne des usages très divers du terme, du plus militant et radical, au plus normatif et libéral ! Notons enfin que les principales théoriciennes du « queer » ne se reconnaissent souvent pas complètement dans ce terme (préférant se dire féministes), ni dans certains des usages militants et intellectuels qui sont fait du queer. De fait, les théories « queer » représentent aujourd’hui un ensemble hétérogène, une nébuleuse intellectuelle et politique, que nous n’aurons pas la prétention (ni le temps) de présenter ici de manière exhaustive !
Pourquoi s’y intéresser ?
La première raison, c’est parce qu’il y a dans la plupart des pays du Nord des usages politiques du « queer » dans les mouvances LGBT et dans certains courants du féminisme. Cette référence au « queer » s’est diffusée peu à peu au cours depuis la seconde moitié des années 1990, (dans certains milieux associatifs), à travers des colloques ou des séminaires universitaires, dans des publications militantes et/ou académiques. En France, par exemple, l’importation des théories queer a bénéficié de plusieurs facteurs :
– Premier facteur : dans le contexte de l’épidémie de sida, la préexistence depuis la fin des années 1980 d’un mouvement comme Act Up Paris, qui, même s’il ne se définit jamais comme queer, a contribué à reposer politiquement la question des minorités sexuelles.
– Deuxièmement, la réémergence, dans la seconde moitié des années 1990, d’un mouvement LGBT large à l’échelle de la France, dans lequel coexistent des associations qui mêlent convivialité et politique, des associations en quête de respectabilité et de reconnaissance (APGL), mais aussi des groupes très radicaux qui remettent en cause l’hétéronormativité. Malgré l’accord quasi général dans le mouvement sur la revendication d’égalité, les tensions et conflits sur les stratégies et les modes d’action vont contribuer à polariser ce mouvement hétérogène.
– Enfin, la relance des mouvements féministes, après 1995, qui va aussi s’accompagner de violents conflits, au tournant des années 2000 : débat sur la prostitution, le voile, etc.
Ce contexte de remobilisation et de complexification des débats va constituer un terreau favorable à la réception et à l’usage des théories queer. Le terme « queer », qui reste là encore un terme flou et indéfini, apparaît globalement comme une critique de l’essentialisme des mouvements LGBT et féministes, une forme de radicalité renouvelée. S’il n’y a pas de mouvement « queer », ni de courant intellectuel « queer » en tant que tels en France, les usages variés et récurrents du terme nous invitent à mieux comprendre les enjeux politiques sous-jacents.
Nous avons organisé cet exposé autour de deux grandes questions, à partir desquelles nous explorerons les théories queer, et qui seront chaque fois l’occasion de les discuter, et d’en signaler les apports et les limites :
1) La différenciation sexe/genre/sexualité
2) La question des stratégies politiques d’émancipation dans les théories queer
1) Sexe/genre/sexualité
L’un des éléments les plus intéressants du queer, c’est sans doute la reformulation de la critique du système patriarcal, comme étant un système, un dispositif d’articulation entre sexe, genre et sexualité, fondé sur le primat de la norme hétérosexuelle reproductive obligatoire. En fait, pour bien resituer cette reformulation, il faut prendre en considération le contexte féministe des années 1980, qui est dominé aux Etats-Unis par les courants essentialistes. En soi, cette critique n’est en soi cependant pas fondamentalement nouvelle, car elle est issue des problématisations féministes et lesbiennes des années 1970. En effet, l’un des grands acquis théorique du féminisme au cours des années 1970, c’est l’établissement d’une distinction entre sexe et genre (Oakley, 1972). Le sexe étant analysé comme un donné « biologique », non déterminant, et le genre comme la construction sociale et politique encadrant les différences biologiques. A l’échelle de la société, de nombreux débats ont porté (et continuent) sur l’importance/la part respective du culturel et du biologique dans la détermination des rapports hommes/femmes. Les courants féministes matérialistes et « lutte de classe », défendent la prééminence du culturel, et donc d’un ordre social qui peut être changé, et dans lequel le biologique n’est qu’un support. A l’inverse, les théories les plus diverses (essentialistes, et plus ou moins farfelues) se sont développées sur l’origine naturelle, génétique, etc. des « différences » entre hommes et femmes. La distinction sexe/genre marque une étape essentielle pour la pensée féministe, mais elle comporte un écueil, qui est apparu rapidement dans les débats (aux USA comme en France, cf l’usage dépolitisé de « genre ») : en centrant l’analyse sur le genre, comme construit social, on risque de laisser de côté le sexe, et donc de le réifier. Le sexe devient alors, de fait, un élément non interrogé, naturalisé, comme s’il s’agissait d’un invariant social et historique.
C’est là que les critiques « queer » apportent une lecture intéressante, en remobilisant des analyses féministes matérialistes. En s’appuyant sur les travaux médicaux concernant l’intersexualité, les chercheuses queer vont en effet s’attacher à démontrer que le sexe est aussi une construction sociale et politique.
L’intersexualité désigne le fait qu’à la naissance le sexe de l’enfant présente une ambiguïté, et qu’on ne peut pas déterminer s’il est mâle ou femelle. Dans ce cas, la médecine a développé des protocoles de réassignation arbitraire de sexe, accompagné d’opérations et de traitements hormonaux extrêmement violents. A partir de ces pratiques médicales, ce que montre ces travaux queer, c’est que le sexe, les organes génitaux ne sont en fait pas des marqueurs si clairs et si précis qu’on voudrait le croire. Sans parler uniquement des intersexes, les variations importantes de la taille, de la forme, du développement des organes génitaux, rendent très floue la détermination d’une frontière stricte entre « hommes » et « femmes ». Certaines chercheurses suggèrent alors parler de continuum des sexes, ou de multiplicité non polarisée des formes des corps.
En fait, et c’est bien ce qu’illustre la réassignation arbitraire des enfants intersexes, il n’y a pas de naturalité évidente de la différence des sexes, mais bien une prééminence du social, du genre, sur le sexe. Le sexe, comme marqueur « naturel » de la différence hommes/femmes, fait donc bien l’objet d’un travail politique : on est « homme » ou « femme », et l’ambiguïté n’est pas tolérable, parce qu’elle remet en cause le fondement même du système de classement. A l’encontre d’une forme de biologisation/naturalisation du sexe, soutenue par certains courants féministes essentialistes, cette approche théorique permet d’historiciser et de problématiser l’attention porté au sexe et de l’analyser comme un des effets du système politique de genre. A partir de cette approche de l’articulation sexe/genre, les théoriciennes « queer » proposent d’analyser le genre comme déterminé par un dispositif de sexualité, entendu comme un système organisé autour de la norme « hétérosexuelle obligatoire ». Dans cette perspective, c’est le système politique hétérosexuel qui fonde les rapports sociaux de genre, en s’appuyant sur des constructions sociales du sexe.
Ce que cela apporte
Pour nous, l’intérêt de ces analyses du système sexe/genre/sexualité, c’est leur critique radicale de l’essentialisme, que ce soit en matière de sexe, de genre ou de sexualité. En remettant en cause l’évidence de catégories qui paraissent naturelles, ces perspectives mettent en lumière un ordre social et politique arbitraire, issu de rapports de force et de pouvoir : et donc un ordre qui peut être renversé. De plus, l’articulation des trois dimensions permet de problématiser la sexualité (pratiques, orientations), en lien avec le genre, et non en addition, ou sans aucun lien, comme c’est souvent le cas dans les mouvements LGBT ou féministes.
Tout cela peut paraître évident pour des militants de la gauche radicale/marxiste car le féminisme lutte de classe dont nous nous réclamons, est radicalement anti-essentialisme. Mais la réactivation par des auteures « queer », comme Butler, de cette critique anti-essentialiste présente l’intérêt de remettre en discussion les conceptions des relations sexe/genre. L’analyse de Butler, et c’est sans doute l’un des points que nous devrons discuter, est en rupture avec une partie des analyse féministes, pour lesquelles la normativité hétérosexuelle est un effet, ou une conséquence des rapports de genre. De ce fait, les théories « queer » placent la sexualité et la remise en cause de l’hétérosexualité obligatoire au cœur du féminisme, et c’est aussi là que réside l’intérêt de cette critique.
2) Stratégies/politique
Comme il n’y existe pas de courant politique, ni d’école théorique « queer » structurées ou homogènes, il n’existe pas une perspective stratégique d’émancipation « queer » unique. Mais le auteures comme Butler ou Sedgwick affirment explicitement leur volonté de lier théorie et pratiques militantes, et démontrent une attention permanente aux implications militantes de leurs écrits. Si on ne peut pas tracer LA stratégie queer, il est donc intéressant de se pencher sur 1) ce qu’en disent des théoriciennes comme B, et 2) comment les productions théoriques queer sont lues/appropriées dans les mouvements sociaux.
Minorités et questions stratégiques
Pour Butler, la question stratégique dans les mouvements d’émancipation implique une forte attention à ce qu’elle appelle les « sujets » des mouvements sociaux. Quel est le sujet politique du féminisme ? Quels sont les sujets politiques des mouvements LGBT ? demande-t-elle.
Derrière ces interrogations, elle questionne en fait les identités politiques qui servent de supports aux mouvements sociaux. Cette interrogation est, pour elle, évidemment très liée au contexte des luttes féministes et gays aux USA : en effet, ses critiques ciblent explicitement l’essentialisme de ces mouvements. Pour elle, l’affirmation identitaire « femmes », ou « gay », si elle est utile stratégiquement pour construire des mobilisations collectives fondées sur un vécu commun de l’oppression, doit faire l’objet d’une réflexion critique permanente. Prenant l’exemple des mouvements féministes, elle montre que l’affirmation « nous les femmes », qui a été un formidable moteur d’affirmation politique, a rapidement produit des lectures figées et essentialistes du terme « femme ». Ce processus politique essentialiste, en supposant une homogénéité de la catégorie « femme », exclut de fait les expériences minoritaires, vécues par les lesbiennes, les femmes noires, les migrantes, les femmes prolétaires… Butler reproche au mouvement féministe majoritaire aux Etats-Unis de fonder implicitement son identité collective sur l’expérience des seules femmes blanches, hétérosexuelle, issues de milieux aisés.
Selon elle, il est donc nécessaire de penser l’instabilité, la complexité et même les conflits au sein du groupes des femmes, (en articulant toujours l’analyse de l’articulation des rapports de genre/race/classe) afin d’éviter le piège de l’essentialisme. Sedgwick et Butler produisent des critiques équivalentes des processus de normalisation et d’essentialisation des mouvements gays et lesbiens. Il s’agit dans les deux cas de penser le sujet des luttes hors ou au-delà des cadres identitaires.
La critique radicale de l’essentialisme au sein même des mouvements d’émancipation est tout à fait intéressante, et pas forcément nouvelle pour nous, qui portons cette critique dans les mouvements sociaux LGBT ou féministes. Son intérêt est aussi de proposer une grille de lecture politique non identitaire de la situation des « minorités dans la minorité ».
Critiquant les présupposés identitaires homogénéisant, Butler propose de penser le sujet des luttes (les « femmes », les « gays », les « lesbiennes ») comme le produit des luttes, et non comme un préalable, donné d’avance. Les mouvements féministes ou LGBT doivent alors se penser comme des coalition de minoritaires, reconnaissant les diversité des modalités de l’oppression, et dont les alliances avec d’autres minorités permettraient de dépasser les limites des mobilisations identitaires.
Usages du queer et stratégies
Le climat très défensif, qui a des effets réels sur les capacités de mobilisation des mouvements féministes et LGBT, contribue à expliquer le repli et le raidissement identitaire de certains groupes depuis les années 1980. Tout en prenant en compte ce contexte, nous nous retrouvons d’ailleurs assez bien dans la critique queer de certaines évolutions de ces luttes, particulièrement vraie pour les associations LGBT. Pour reprendre les propose d’une chercheuses québécoise, D. Lamoureux, le féminisme et les luttes LGBT se sont progressivement constitué « en groupe d’intérêt », porteurs d’intérêt pour les femmes ou les personnes LGBT, et qui « contribue à la fragmentation de l’espace politique » (Lamoureux, 2005). Cette évolution peut être tout à fait utile, en terme de conquête (ou de défense) des droits. Mais elle referme la possibilité d’alliances avec les autres mouvements sociaux, et l’idée d’une remise en cause plus globale de l’ordre social. En réaction, un certain nombre de mouvements sociaux se sont appropriés des éléments des théories « queer ». Il serait sans doute abusif de parler d’une influence des théories queer sur les mouvements sociaux, mais on peut observer une convergence de réflexions et de pratiques, critiques vis-à-vis de la gauche et des pratiques militantes traditionnelles. Comme le souligne E. Dorlin (2007), le mouvement altermondialiste a notamment pu être un laboratoire politique de pratiques qu’on pourrait qualifier de « queer ». Cette idée de coalition des minorités n’est cependant pas sans poser un certain nombre de questions, que ce soit dans une perspective stratégique, mais aussi à l’aune des expériences récentes dans les mouvements altermondialistes, LGBT, féministes.
Conclusion
Pour conclure, avec le queer, on est face à une nébuleuse, donc pas un courant défini, ce qui complique la possibilité d’avoir des débats contradictoires. Cependant, l’attrait qu’exercent les écrits queer auprès de nombreux militants et universitaires rend nécessaire d’établir des discussions. Nous avons aussi un intérêt évident à lire et travailler sur ce qui dans les théories queer peut nous apporter politiquement.
Je vais présenter, pour finir, et introduire la discussion, les dimensions du queer qui nous ont intéressé pour cet exposé :
1) L’un des points qui nous semble les plus intéressant, c’est que les théories « queer » proposent une réactivation salutaire et radicale de la critique anti-essentialiste. La lecture politique et articulée du système sexe/genre/sexualité nous paraît productive, et elle appelle sans doute des débats entre nous.
2) On doit aussi prendre en compte à quoi correspond cette volonté qui se manifeste à travers le queer (dans les assoces, les groupes, etc.) de penser des mouvements sociaux plus inclusifs. Sans faire du jeunisme, on ne peut pas non plus négliger l’effet de génération qui se manifeste à travers la création de groupes ou de collectifs féministes, trans, gais et lesbiens radicaux…Le développement et l’existence de courants critiques des identités essentialistes est plutôt une bonne nouvelle, et le reconnaître n’empêche pas (au contraire) de pousser les débats stratégiques avec ces militants. On a déjà dit quelques mot sur les limites, voire les illusions dont sont porteuses les expérimentations de la libération « ici et maintenant ». Mais cela nous interroge aussi sur notre capacité à discuter et proposer des perspectives radicales et mobilisatrices sur les questions de genre et de sexualité ! Dans un contexte très défensif, les queer et les groupes apparentés ont sans doute le mérite de proposer des mise en œuvre immédiate de la libération.
3) Enfin, il faut discuter des limites du queer :
– le jeu avec les identités, poussé par un effet de mode, peut rapidement s’approcher d’une idéologie individualiste et libérale, niant ou sous-estimant les conditions de vie réelles, et critiquant ceux qui n’arrivent pas à se libérer eux-mêmes.
– Les risques de réessentialisation : comment prévenir les écueils de l’essentialisme, même au sein d’une « coalition minoritaire » ? Le risque est réel de reconduire des groupes identitaires, au nom de la reconnaissance des situations minoritaires.
– Le refus/la critique de l’organisation : Les théories « queer » ont trouvé un écho important dans la critique des organisations, et particulièrement de la forme « parti ». L’idée de coalition de minoritaires entrent en congruence avec certaines expérimentations des mouvements altermondialistes ou LGBT : la mise en place de groupes affinitaires aux contours flous, ou le refus des cadres d’organisation structurés…
– Un désaccord stratégique de fond avec certaines théoriciennes/militantes queer
Nos désaccords avec certaines analyses queer sont nombreux. D’une part, elles n’expliquent pas comment organiser et structurer ces pratiques de subversion, pour remettre en cause le système de genre. On retombe alors dans l’écueil de la possibilité (illusoire) d’une libération individuelle des aux carcans sociaux. D’autre part, et c’est dans la même logique, elles refusent de façon virulente d’envisager la nécessité d’un moment transitoire et de formes d’organisation transitoires, autour de revendications unifiantes. Alors que si nous défendons les droits des femmes, ce n’est pas par goût de l’essentialisme, mais bien pour répondre à des nécessités concrètes, pour changer la société dans son ensemble ! Enfin, et cela rejoint un débat plus large au sein des mouvements altermondialistes, l’approche en terme de multiplication des genre ou de coalition des minorités met largement de côté la question du pouvoir. La subversion doit remplacer ce qu’elle considère comme « l’illusion » du renversement du système. On retrouve là encore les limites des stratégies de subversion : en faisant l’économie de penser la question du pouvoir, et de la conquête du pouvoir les courants « queer » ou influencés par le « queer » négligent généralement l’analyse de l’Etat comme appareil répressif et idéologique.