URGENCE MONDIALE !
A l’échelle mondiale, il y a le feu. La crise conjuguée du capitalisme, de l’environnement et
du système alimentaire mondial prouve la vérité de l’alternative exprimée au XIXe siècle
par Marx, rappelée au XXe siècle par Rosa Luxembourg (« socialisme ou barbarie ! »),
et actualisée par Hugo Chavez en ce début de XXIe siècle : « ou le socialisme triomphe, ou
c’est la destruction du genre humain dans les décades qui viennent ».
La Martinique, les Antilles « françaises », la Caraïbe vivent au cœur de cette crise et de ses
dangers. Pratiquement chaque jour, chez nous ou ailleurs, une information vient confirmer
cette dramatique situation : la grippe porcine à côté, les effets dévastateurs du changement
climatique chez nous pour nous en tenir à l’actualité la plus récente !
Il serait contraire au bon sens le plus élémentaire et à toute la dignité humaine de rester les
bras croisés devant de tels enjeux.
L’humanité, comprenons le bien, n’est pas assurée de gagner cette course de vitesse entre la
vie et l’anéantissement. Mais si elle ne fait rien, alors elle a déjà et elle est déjà perdue !
URGENCE MARTINIQUAISE !
La grande secousse sociale de janvier-février-mars (en Guadeloupe et en Martinique ) a
réveillé des dizaines de milliers d’entre nous, engourdis par des décennies de défaites, de
reculs partiels, de découragements à peine trouées par telle ou telle victoire vite oubliée. Mais
chacun sait que le mouvement social, élément absolument incontournable de toute lutte
émancipatrice vraie, ne produira pas de lui même la destruction de toutes les chaînes qui
emprisonnent l’initiative du peuple s’il n’est pas fécondé par la réflexion collective
approfondie, par l’action structurée visant au renversement du système, à la naissance d’un
Etat démocratique issu de ses propres profondeurs et fidèle aux intérêts du plus grand
nombre ;bref la prise en compte de la dimension politique est indispensable pour aller de
l’avant.
Il faut dire clairement que les partis institutionnels majoritaires ont échoué dans leur capacité
– ou volonté ! – de susciter un tel mouvement social ou simplement, après son surgissement,
d’y participer comme force d’impulsion, ou même d’entrer dans un dialogue critique et
constructif avec lui.
Cette incapacité, au cours d’un mouvement qui a duré plus d’un mois et mis en mouvement
des dizaines de milliers des électeurs/trices de ces partis, scelle ce qu’il faut très bien appeler
une faillite politique majeure.
L’histoire nous dira si ces partis sont, ou non, à même de se redresser comme parti de
contestation indépendant du système dominant. Mais nous n’avons pas le temps de donner du
temps au temps.
SE REUNIR POUR TENIR LES DEUX BOUTS !
Un vaste chantier de réflexion et d’action s’ouvre devant celles et ceux qui aspirent
aux transformations radicales commandées par la situation.
Réflexion et action imposent le regroupement, la mise en place du facteur collectif qui sera
toujours supérieur à la somme des individualités qui le composent.
Nous avons besoin d’un parti capable de se mouvoir comme un poisson dans l’eau du
mouvement social et d’agir dans une totale fidélité à ce mouvement sur le terrain plus
strictement politique, c’est à dire où se règle en fin de compte les destinées de l’humanité.
Seul un parti capable de tenir les deux bouts de cette chaîne (mouvement social et action
politique ) répondra aux besoins de l’heure.
DES CHAMPS DE RUINES QUI NE SAURAIENT NOUS INTIMIDER !
Oui, mais un parti, c’est un programme, une idéologie, des mots d’ordre, une stratégie,
des tactiques, des structures, une histoire, des références, des modèles, des règles de
fonctionnement, des dirigeants ,etc…
Nous savons que nous avons énuméré là l’avalanche des éléments qui font fuir.
Mais nous sommes précisément, depuis la faillite peu glorieuse des pays de l’Est et la
révélation de l’impasse tragique du nationalisme petit-bourgeois en Afrique et en Asie, dans
une époque de remise en cause des schémas passés, et donc de libération de la pensée.
L’effondrement des dogmes basés sur le mensonge ouvre la possibilité de réinventer l’avenir
armé d’une claire conscience du champ de ruines laissés par les systèmes faillis. Nul n’a plus
à craindre le terrorisme intellectuel des staliniens et des nationalistes. Dans le malheur des
faux repères perdus, les nouvelles générations trouveront le bonheur de penser avec leurs
propres têtes, d’inventer dans un dialogue fructueux avec les générations militantes d’avant, si
celles ci ont la modestie de transmettre sans arrogance et d’interroger et de se laisser
interroger sans tabou.
CHACUN VIENT AVEC SES EXPERIENCES ET TRADITIONS COMME DANS
L’EXEMPLE DU N.P.A. français, DU PSOL brésilien…
Le nouveau parti que nous voulons construire devra accueillir des camarades aux
origines idéologiques diverses dans le large spectre de l’anticolonialisme, de l’anticapitalisme,
de l’écologie radicale, du féminisme. Il devra aussi et peut être surtout intégrer des forces
nouvelles sans passé partisan, sans expérience organisée, sans histoire militante préalable.
C’est évidemment un pari mais ce pari il est possible de le tenir grâce à une triple
circonstance :
1/ l’urgence mondiale et nationale qui ne laisse guère le choix ;
2 / l’effondrement des dogmes interdisant la pensée et cimentant les sectarismes les plus
outranciers ;
3/ l’éveil politique de nouvelles générations militantes dont les premières manifestations se
sont exprimées en Amérique du Sud, en Europe ( Royaume Uni, France, Grèce…), en Asie (
Corée, Philippines…) mais dont le mouvement de février en Martinique a révélé toutes les
potentialités.
C’est cette nouvelle situation qui a permis le lancement avec succès du NPA de
« Besancenot et de Krivine » ( pour parler vite… et mal ) ou l’expérience du PSOL du Brésil.
Notre propos n’est ni de copier servilement ces expériences naissantes ni encore moins de
créer une section « locale » du NPA, mais de tirer des leçons de la mise en marche pratique
d’une démarche qui a toute notre sympathie. Alors sur quelles bases construire le nouveau
parti de nos vœux. ?
D’ABORD LES VALEURS !
Dogmes, oukazes et sectarismes ne sont plus dans l’air du temps et nous nous en
réjouissons. Mais face au champ de ruines des grands échecs historiques, les valeurs éthiques
n’en prennent qu’un relief plus net.
S’accrocher fermement à des valeurs émancipatrices, telle est la première des
boussoles !
Ecartant tout grand débat académique, retenons que l’histoire humaine dans les dernières
décennies a vu la mise en avant par les forces émancipatrices des valeurs et des principes qui
peuvent et doivent guider notre lutte. Ces valeurs et principes ne sortent d’aucun catéchisme
pré-établi, mais correspondent aux besoins de la lutte d’aujourd’hui pour l’émancipation
humaine.
Nous proposons que le nouveau parti fasse découler les tactiques, les programmes, les
règles, etc de l’application à la réalité de ces valeurs et principes. Nous sommes convaincu(e)s
qu’on peut débattre des tactiques, qu’on peut résoudre les divergences, trouver les voies et
moyens si on partage les valeurs. Les divergences que nous considérons comme
insurmontables dans un même parti sont d’abord les divergences sur les valeurs.
Nous aurons tout loisir de détailler. Contentons nous pour l’heure d’énumérer ce qui nous
semble définir un contour de principes fondateurs pour un nouveau parti.
Internationalisme [« sans internationalisme, il est impossible de sauver l’humanité » ( Fidel
Castro) ].
Anticolonialisme (la révolte idéologique qui a accompagné la « loi de la honte » au pays du
« Discours sur le colonialisme », montre le caractère absolument essentiel de cette
dimension).
Anticapitalisme (la crise actuelle est un cinglant rappel infligé aux farfelus ).
Ecologie radicale (sous-estimer cet apport relèverait de l’irresponsabilité pure et simple).
Féminisme (les réticents et les sceptiques ont déjà perdu la bataille des idées sinon celle des
pratiques).
Démocratie (car toutes les expériences transformatrices qui ont traité cette notion en chien
crevé ont fini dans les poubelles de l’histoire)
Enfin c’est le principe de Solidarité qui donne à toutes ces valeurs une portée concrète :
Que serait l’anticolonialisme sans la solidarité entre eux/elles de tous les opprimé(e)s ?
Que serait l’anticapitalisme sans lien solidaire entre les exploité(e)s ?
Que serait une société sans oppression ni exploitation si le moteur de la profitation n’était
pas remplacé par l’idéal de la solidarité ?
Que serait l’écologie sans la solidarité entre les générations ?
Que serait l’internationalisme sans solidarité entre travailleurs et peuples du monde entier ?
Ces notions représentent plus des orientations que des mots d’ordre, plus des principes
fondateurs que des articles de programme, plus une volonté acharnée que des arrangements de
circonstance.
Avec celles et ceux qui les partagent, quelle que soit leur origine idéologique, nous sommes
sûr(e)s de pouvoir poser en termes concrets la question d’un parti commun.
UNE COMPREHENSION COMMUNE DE LA PERIODE ET DES TACHES
Un parti n’est pas viable s’il ne comprend pas de la même manière la période
historique que nous vivons, au moins dans les grandes lignes. Car c’est la mise en relation des
buts finaux et de la vision de la période qui permet de définir des tâches communes sans
lesquelles on n’a pas beaucoup de raisons de construire un même parti.
C’est de cela que nous voulons discuter avec les uns et les autres pour construire un cadre
commun.
A titre d’exemples – indiqués de façon lapidaire – donnons quelques tâches qui nous semblent
découler d’une compréhension juste de la période.
1/ mener une intervention dans la classe des travailleurs à travers leurs organisations
syndicales (sans concevoir de mariage exclusif et sectaire avec aucune en particulier) ;
travailler à faire passer les salarié(e)s de la défense pied à pied de leurs intérêts immédiats à
la lutte pour la transformation sociale. Mener également l’activité ouvrière propre du parti
lui même.
2/ Mener la lutte féministe au sein et en dehors de l’organisation autonome des
femmes en cherchant à privilégier un axe prolétarien jusque dans cette activité.
3/ participer aux batailles écologistes si possible au sein mais aussi en dehors des
structures de masse de ce mouvement. Ne pas hésiter à lancer aussi des batailles qui ne sont
pas encore menées sur ce terrain.
4/ Développer l’activité internationaliste en particulier en liaison avec les dernières
colonies de la France, avec les travailleurs et progressistes français, avec les anti-
impérialistes et anticapitalistes de la Caraïbe et de l’Amérique indiafrolatine, mais en ayant
toujours le monde entier en perspective.
5/ Mener la lutte anticolonialiste dans toutes les étapes du processus de
décolonisation, en participant y compris aux luttes autonomistes ou d’inspiration autonomiste
(dès lors que lutte il y a ) au besoin en les suscitant si un espace se dégage pour ces luttes.
Propagande et action de masse sont un couple indispensable dans le combat de libération
nationale.
6/ Mener le combat électoral, à partir d’une réflexion concrète sur chaque élection,
pour décider de la participation ou non. Agir pour une politique conforme à notre idéal et à
nos valeurs au sein des institutions est une tâche incontournable.
7/ Participer au débat politique des masses quel que soit le terrain (dans ou hors des
institutions, dans ou hors des organisations de masse, dans les moyens d’expression du parti
ou dans tout moyen adéquat )
8/ regrouper les partisans, construire une organisation des militant-e-s, développer
des réseaux de sympathisant-e-s, unifier les troupes et fédérer les énergies.
9/ mener bataille pour l’action unie des travailleurs/euses de tendances diverses, pour
l’unité anticolonialiste sans mettre dans sa poche le drapeau du mouvement ouvrier.
Pas de front anticolonialiste sans défense de l’indépendance de classe du mouvement ouvrier.
Le mouvement ouvrier comme levain de l’unité anticolonialiste.
10/ Défendre de façon intransigeante les libertés et les droits démocratiques face à
tous les ennemis (Etat, capitalistes, justice coloniale, forces de répression…) mais aussi face
à des adversaires ou concurrents bafouant les principes démocratiques.
Tout cela va de pair avec l’adoption de pratiques démocratiques exemplaires du parti en
interne aussi bien que dans ses rapports avec d’autres forces.
UN PARTI D’ACTION
Les valeurs éthiques et les principes publics ne vivront, ne s’enrichiront, ne se
vérifieront que dans l’action. Notre parti doit être un parti pour l’action. Un parti menant tous
les débats nécessaires, respectueux du droit de tendance, donc partisan d’une grande liberté de
parole, mais tourné vers l ‘action,
son action et celle des masses,
son action au sein des masses,
son action contre l’ennemi,
son action comme principal moyen de modifier les rapports de force et de transformer
les idées en force matérielle.
Liberté de débattre et action de tous les membres constituent les principales garanties contre
la bureaucratisation sclérosante qui s’est emparée de tant de mouvements dans l’histoire !
ET LES AUTRES PARTIS
Notre appel n’est pas fermé aux autres organisations. Au contraire ! Mais nous
sommes conscients que son contenu sur tel ou tel point diffère des positions de celui-ci ou se
démarque des pratiques de celui-là.
Nous savons en même temps que rien n’est figé. Même la courte histoire du mouvement
anticolonialiste radical de Martinique prouve que d’incessantes évolutions ont modifié la
donne politique dans ce mouvement.
Après le temps des scissions viendra celui des regroupements. Le moment est propice aux
débats, aux échanges.
Nous voulons que le parti que nous ambitionnons de construire soit totalement ouvert
à l’idée de fusions d’organisations, d’élargissements audacieux sans autres limites que
l’accord sur les valeurs et la vérification de la possibilité d’agir dans un même cadre commun
grâce à un accord réel sur la période et sur les tâches.
Nous voulons qu’il soit ouvert à l’action commune systématiquement chaque fois que
c’est possible, même sans cadre organisationnel unifié.
Mais dores et déjà, sans préjuger des évolutions possibles et de leurs rythmes nous
appelons toutes celles et tous ceux qui se retrouvent dans les grandes lignes ci dessus, qui
partagent nos préoccupations, notre ambition, qui se reconnaissent dans cette démarche à se
rencontrer, à en débattre, à rapprocher les points de vue, à faire du neuf ensemble, sans droit
de préséance ni droit d’aînesse, sans prétention dogmatique ni refoulement mutilant de
convictions.
Une première rencontre se tiendra le 21 MAI
PRIERE DE NOUS CONTACTER POUR L’HEURE ET LE
LIEU
Contacts téléphoniques : 06 96 22 55 95 ; 06 96 22 78 41 ; 05 96 64 59 78 ; 06 96 28 30 28
e-mail : mja.dorleans orange.fr ; philippe.pch wanadoo.fr ; mcrustal wanadoo.fr ;
gilbert.pago orange.fr