La manifestation organisée par le « Front national de résistance contre le coup d’Etat » a rassemblé le 12 août plus de 10 000 personnes. Elle a été réprimée par la police, comme celle de San Pedro Sula, le même jour : le bataillon spécial « Cobras » a arrêté au moins 26 manifestants, ainsi que des journalistes et des photographes. Mais le bilan pourrait être plus lourd, selon les rapports de diverses missions.
L’Université pédagogique nationale a été investie par la police, qui a ouvert le feu et procédé à des rafles pour arrêter un maximum de manifestants. Autres cibles visées : le collège des professeurs d’éducation secondaire et le Syndicat des travailleurs de l’industrie des boissons (STIBYS).
Blessé par balle, Marvin Ponce (député du parti de gauche « Union démocratique ») a dû être hospitalisé et se trouve sous surveillance policière.
Dans la nuit du 12 au 13 août, le siège de l’association paysanne « Via Campesina » a été mitraillé par des « inconnus ». Ceci, alors que les putschistes viennent de rétablir le couvre-feu de 10 h du soir à 5 h du matin…
Le Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH) a dénoncé la disparition de cinq de ses membres, qui ne se trouvent dans aucune prison de la capitale.
Le Congrès hondurien discute la réintroduction du service militaire obligatoire, qui permettrait le recrutement forcé des jeunes Honduriens dans l’armée. De son côté, le ministère public prépare des procédures contre les dirigeants du mouvement populaire, accusés de « sédition » et « terrorisme ».
Le retour des « escadrons de la mort »
Les déclarations officielles des autorités US ne doivent pas faire illusion. Les putschistes ont l’appui du lobby des guerres contre-insurrectionnelles en Amérique centrale durant les années 1980 (l’ambassadeur John Negroponte ou l’émissaire de G.W. Bush en Amérique latine, Otto Reich).
Au Honduras même – voir le mitraillage de « Via Campesina » – les « escadrons de la mort » sont de retour. Au plus haut niveau, puisque le responsable de la sécurité de Roberto Micheletti (président de facto) est un certain Fernando Joya, connu pour son appartenance aux escadrons. Selon le rapport de deux représentants de la CGT, rentrés du Honduras, « 120 noms de dirigeants et militants syndicaux à abattre figurent sur une liste noire (…) On compte déjà plus d’une centaine de disparus et 15 assassinats depuis le début du putsch. La Confédération unitaire des travailleurs honduriens dispose d’informations sûres et vérifiées, sur la participation de conseillers et assesseurs colombiens, ainsi que de Vénézuéliens [anti-chavistes], de Cubains anticastristes et même d’ex-militaires argentins qui avaient entraîné les contras nicaraguayens dans les années 1980 » (L’Humanité, 14.8.2009).
Le but de la répression
La politique des putschistes est claire : il s’agit pour eux de briser le mouvement populaire, afin d’ouvrir la voie à une « normalisation » de la situation. Dans ce contexte, la médiation (ratée, pour l’instant) du président costaricain Oscar Arías, coïncide étrangement avec l’un de leurs objectifs, à savoir empêcher le processus constituant.
Hans-Peter Renk
Le Plan Arias
1) Rétablissement de Manuel Zelaya à la présidence de la République, « jusqu’à la fin de la période constitutionnelle (...) le 27 janvier de l’année prochaine ».
2) Formation d’un gouvernement d’unité et de réconciliation nationale, avec les principaux partis politiques.
3) Amnistie générale concernant les délits politiques commis dans le cadre du conflit en cours, avant et après le 28 juin dernier.
4) Renonciation du président Zelaya et de son gouvernement « à la prétention de placer une ‘quatrième urne’ aux prochaines élections ou de réaliser toute consultation populaire non autorisée expressément par la Constitution de la République du Honduras ».
5) Anticipation au 25 octobre des élections générales prévues pour le 29 octobre et ouverture début août de la campagne électorale prévue initialement en septembre (Nda : proposition caduque, vu l’avancée du temps).
6) Transfert du commandement des forces armées de l’exécutif au Tribunal suprême électoral, un mois avant les élections, « afin de garantir la transparence et la normalité du scrutin »
7) Une commission formée de notables honduriens et de membres d’organismes internationaux, dont des représentants de l’Organisation des Etats américains, surveillera l’application de ces accords et supervisera le retour à l’ordre constitutionnel.
Ecoutez Radio Globo
L’une des rares sources d’information au Honduras, c’est Radio Globo que l’armée tente de faire taire : www.radioglobohonduras.com