Contrairement aux affirmations de Chirac au moment de la campagne contre le traité constitutionnel européen, la directive Bolkestein de libéralisation des services n’avait pas été jetée à la poubelle, mais simplement mise de côté. Aujourd’hui, elle ressort, à peine relookée par le Parti populaire européen et le Parti socialiste européen. Le débat au Parlement européen a débuté le 14 février.
Jamais les partisans du « non » au référendum n’ont pensé que les dirigeants européens allaient s’avouer battus tant les enjeux sont importants pour les patrons : les services à libéraliser représentent 70 % du PIB de l’Europe des 25.
Depuis plusieurs mois, le Collectif du 29 mai en France, Attac international, les partis politiques et les associations ont mis l’accent sur la nécessité de poursuivre la mobilisation pour obtenir le retrait de la directive de libéralisation des services. Le 11 février, en France et en Allemagne, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté, avec comme mot d’ordre « no, non, nein à Bolkestein ».
Les deux plus grosses manifestations ont eu lieu à Berlin et à Strasbourg. À Berlin, 40 000 syndicalistes et altermondialistes ont défilé à l’appel du syndicat DGB et du Forum social allemand. À Strasbourg, 15 000 manifestants se sont retrouvés dans une ville quadrillée par la police. La manifestation récente, pleine de colère, des dockers, ulcérés par la mise au vote d’une directive programmant la déréglementation de leur profession, avait servi de prétexte au préfet pour imposer un parcours évitant le centre-ville et le siège des institutions européennes. Belle manifestation que celle de Strasbourg, beaucoup de banderoles et de drapeaux soulignant la diversité des cortèges rassemblés contre la directive Bolkestein. Les camarades allemands étaient fortement représentés avec une délégation d’IG-Metall et de Verdi (syndicat des commerces et services), un très grand cortège d’Attac Allemagne, mais aussi la présence de groupes politiques : Wasg, PDS, RSB et ISL (IVe Internationale). Le mouvement syndical français était représenté par les cortèges de Solidaires et de la FSU, avec la présence d’Annick Coupé (Solidaires). Plusieurs collectifs du 29 mai (Paris et villes de province) avaient fait le déplacement. Claude Debons et Raoul Marc Jennar participaient à la manifestation. Olivier Besancenot et Marie-George Buffet emmenaient les cortèges de la LCR et du PCF.
Environ 250 militants marchaient derrière la banderole de la LCR dont les slogans appelaient à une « Europe des droits », à une « Europe des luttes sociales, contre l’Europe du capital ». La LCR faisait le lien entre le traité constitutionnel européen - rejeté le 29 mai en France et aux Pays-Bas quelques jours plus tard - et l’emploi précarisé, que le contrat nouvelles embauches (CNE) et le contrat première embauche (CPE) amplifient.
Mais tout le monde n’avait pas fait le déplacement à Strasbourg. Partout en France, des manifestations étaient organisées le même jour. À Brest, on a compté 200 manifestants ; à Grenoble, 1 000. Le plus souvent, ces rendez-vous ont rassemblé 500 personnes comme à Nice, Bordeaux et Lille. Partout, la même exigence : le retrait de la directive exigé par les participants qui avaient répondu aux appels à manifester des collectifs du 29 mai bien sûr, mais aussi de la LCR, du PCF, des Verts, du PS parfois (Bordeaux et Nice) ou du MRC, d’Attac, d’Agir contre le chômage, des syndicats Sud, Solidaires ou de la FSU.
L’affaire des ouvriers polonais embauchés par deux entreprises sous-traitantes polonaises sur un chantier EDF à Porcheville montre à quel point la mobilisation doit se poursuivre et s’amplifier contre les politiques libérales en Europe, qui visent à détruire toutes les conquêtes sociales.
Après Strasbourg, il faut se fixer d’autres dates de manifestation partout en Europe contre la directive libéralisant les services.