Depuis le 21 décembre, le mariage homosexuel est autorisé à Mexico. Pas dans tout le Mexique. Dans la capitale uniquement, où les députés de l’assemblée du district ont modifié l’article du code civil local qui spécifiait que « le mariage est l’union librement consentie entre un homme et une femme ».
La capitale (dirigée par la gauche) faisait déjà figure d’exception, elle qui, il y a trois ans, introduisait l’union civile homosexuelle. C’est une nouvelle étape qu’elle vient de franchir, non sans passion. Très influente, l’Eglise catholique a parlé d’« aberration », et l’opposition a annoncé le dépôt d’un recours contre la décision.
Il n’empêche : les droits des homosexuels progressent en Amérique latine et l’époque paraît bien lointaine où l’on expédiait - comme naguère à Cuba - les homosexuels dans des camps de rééducation. A Buenos Aires, en Argentine, il s’en est fallu de peu qu’un couple d’homosexuels se marie le plus officiellement du monde début décembre. Un juge l’avait autorisé à le faire, mais, au tout dernier moment, un autre a cassé la décision. Le dépôt d’un recours est attendu.
Le Brésil n’en est pas encore là, mais un plan national pour la reconnaissance des droits des homosexuels y a été lancé cette année. Quelques pays d’Amérique latine s’efforcent de résister à cette évolution. Au Pérou, par exemple, selon l’AFP, les policiers gays sont susceptibles d’être sanctionnés au motif qu’ils ternissent l’institution à laquelle ils appartiennent.
Mais c’est en Afrique, plus précisément en Ouganda, que la situation des homosexuels est la moins enviable. Dans ce pays souvent cité en exemple en Occident pour sa bonne gouvernance, l’homosexualité est passible d’emprisonnement à vie. Une proposition de loi, déjà débattue en commission, propose d’aller au-delà : peine de mort pour les personnes reconnues coupables d’« homosexualité aggravée » ; peine de prison pour ceux qui auront parlé d’homosexualité en public ; poursuites aussi contre les Ougandais ayant eu des relations homosexuelles à l’étranger. A l’inverse, dénoncer l’homosexualité d’autrui sera encouragé.
Les Etats-Unis, le Canada, l’Union européenne et des organisations internationales ont dit tout le mal qu’il fallait penser de cette proposition de loi. Leur mise en garde, assortie de menaces voilées sur l’aide à la coopération, aura sans doute pour effet de faire disparaître les aspects les plus choquants de la proposition de loi. Mais il est probable que le texte sera adopté par le Parlement, probablement fin janvier 2010, à la satisfaction de l’opinion.
Les raisons d’une intolérance qui va au-delà de l’Ouganda ? Peut-être l’influence grandissante des Eglises chrétiennes venues du Brésil ou des Etats-Unis, conjuguée à celle de la religion musulmane. A contrario, en Afrique du Sud, depuis 2006, le mariage entre homosexuels est légal.
Jean-Pierre Tuquoi