Les deux syndicalistes de SUD-Energie en grève de la faim, Yann Cochin et René-Michel Millambourg, ont tenu dix-huit jours. Hier matin, après l’hospitalisation de Yann Cochin dans la matinée du 31, René-Michel Millambourg, délégué syndical Ile-de-France, a plié les gaules. La tente qu’il occupait devant le siège social de GRDF parce qu’il ne pouvait rejoindre le local syndical de la rue Pétrelle (Paris 9e), où se trouvait l’autre gréviste et Nordine Mahroug (qui s’était réalimenté pour raisons médicales), a disparu. Le mouvement réclamait la réintégration de Nordine Mahroug, agent GRDF licencié selon les syndicats pour « fait de grève », mais aussi la levée des 240 sanctions disciplinaires consécutives à l’important mouvement du printemps dernier en faveur de hausses salariales.
Le mouvement est passé, mais les revendications restent, face à une direction « droit dans ses bottes », refusant la réintégration de Nordine Mahroug, y compris dans le cadre d’une mutation sur une autre structure du groupe. Le dossier disciplinaire était « monté de toutes pièces », selon Anne Debrégeas, porte-parole de SUD-Energie. Tous les faits reprochés à M. Mahroug, salarié dans l’entreprise depuis douze ans, se situent dans une période de deux mois suivant le mouvement de grève, dans lequel il avait pris une part active. Et, selon SUD, certains de ces faits concernent des plaintes de clients... cadres à GRDF ! Mais la direction n’aura pas bougé, accordant des mesures d’accompagnement au licenciement : M. Mahroug pourra garder son appartement – il a deux enfants – jusqu’à la fin mars (la fin de la trêve hivernale), l’entreprise lui paiera une formation ainsi que le service d’un cabinet d’aide à la recherche d’un emploi. Un recours en interne est en cours et la longue procédure prudhomale est engagée.
Si SUD n’a pas réussi à faire plier la direction de GRDF sur sa revendication principale, la réintégration, le syndicat a en revanche réussi un début de sensibilisation du public et des politiques, via des médias qui ont pris l’affaire à reculons, voire pas du tout. Dans son communiqué du 1er janvier, le syndicat, qui compare la situation à GRDF à celle de France Télécom en termes de management, compte poursuivre l’action sous d’autres formes, notamment avec une campagne d’information et l’interpellation de la direction par des élus politiques.
Yann Cochin a pu sortir de l’hôpital
Vendredi 1 janvier 2010
L’un des deux grévistes de la faim, Yann Cochin, est finalement sorti de l’hôpital tard dans la soirée du 31 décembre.
Yann Cochin, qui avait été hospitalisé en urgence jeudi 31 décembre au matin, a pu finalement quitter l’hôpital Lariboisière, très tard dans la soirée du 31 décembre. Il avait été admis en fin de matinée. Son état s’était dégradé entre le mercredi 30 décembre et le jeudi matin. A 20 heures encore hier soir, Yann Cochin était victime d’un malaise.
Après qu’il a été évacué par le Samu, Nordine Mahroug, qui occupait avec lui depuis le 14 décembre le local syndical du site GRDF de la rue Pétrelle (Paris 9e), a rejoint René-Michel Millambourg, qui campe devant le siège social de GDF, non loin de là. Ils ont passé ensemble la soirée du 31 décembre.Après dix-sept jours de grève de la faim, Yann Cochin, responsable SUD-Energie occupant le local syndical du site GRDF de la rue Pétrelle à Paris, reste toujours hospitalisé.
L’un des deux grévistes de la faim hospitalisé
L’un des deux grévistes de la faim de GRDF, Yann Cochin, a été victime d’un malaise, jeudi soir vers 20 heures, alors qu’il restait toujours hospitalisé à l’hôpital Lariboisière. En fin de matinée, le médecin qui suit le responsable de SUD-Energie depuis le début du mouvement a fait appel au Samu, qui l’a transporté à l’hôpital à 12h35. La veille, Yann Cochin souffrait déjà de forts vertiges : « Je devais le porter pour qu’il aille aux toilettes », a raconté Nordine Mahroug, qui occupait avec lui le local syndical du site GRDF de la rue Pétrelle depuis dix-sept jours.
Avec René-Michel Millambourg, un autre responsable de SUD-Energie, Yann Cochin a commencé une grève de la faim le 14 décembre dernier pour exiger la réintégration de Nordine Mahroug, salarié licencié pour son rôle actif lors du mouvement de grève du printemps dernier selon les syndicats. Après le départ à l’hôpital de Yann Cochin, Nordine Mahroug a rejoint la tente de René-Michel Millambourg, qui campe devant le siège social de GRDF, une rue plus bas.
Alors que la situation semblait s’enliser mercredi – la direction de GRDF ne proposant que des mesures d’accompagnement au licenciement de M. Mahroug –, SUD-Energie en appelait à une médiation gouvernementale. Sans se prononcer directement sur cette question, « la priorité étant la prise en charge médicale de M. Cochin », la direction de GRDF assure respecter « toutes les voies de recours habituelles ». Et de garantir que « les mesures proposées d’accompagnement du licenciement sont maintenues ».
La grève de la faim des deux responsables de SUD (Nordine Mahroug a été contraint, pour raisons médicales, de se réalimenter au troisième jour du mouvement) avait pour but la réintégration de Nordine Mahroug et la levée des sanctions à l’encontre des grévistes du printemps dernier. Selon les syndicats, on compte près de 240 procédures disciplinaires à ERDF-GRDF, qui débouchent sur des mises à pied, des rétrogadations... ou des licenciements. Les médias ont relativement peu (c’est le moins qu’on puisse dire) fait écho de ce mouvement. Aucun sujet télé n’est donc passé, hormis la Télélibre (sur Internet) et France 3, mais seulement dans l’édition Ile-de-France.
Grévistes de la faim à GRDF : la justice se prononcera sur l’expulsion le 7 janvier
Entre 150 et 200 personnes se sont rassemblées, ce mercredi matin, devant le Palais de justice de Paris, pour soutenir les grévistes de la faim de GRDF. Une audience en référé pour leur expulsion avait lieu à 10 heures. Le jugement sera rendu le 7 janvier, laissant donc les parties dans la même situation jusque-là.
Une audience en référé avait lieu ce mercredi matin, au Palais de justice de Paris, pour se prononcer sur l’expulsion de Yann Cochin et de Nordine Mahroug du local syndical du site GRDF de la rue Pétrelle (Paris 9e). L’avocat du groupe a invoqué un « trouble manifestement excessif », en considérant que les deux syndicalistes étaient « extérieurs à l’entreprise », Nordine Mahroug ayant été licencié le 15 décembre et Yann Cochin « appartenant à EDF », et qu’on n’était plus « dans l’usage normal du local syndical ». Il a également soutenu le motif de « dommage imminent », en s’appuyant sur le bulletin de santé émis lundi par les docteurs Lecoin et Silberstein, décrivant l’affaiblissement de Yann Cochin (qui a perdu 11 kilos).
De son côté, après avoir remis en cause la validité des constats d’huissier effectués quotidiennement lors des visites des cadres de GRDF aux grévistes de la faim, l’avocat de SUD, Maître Patrick Tymen, a rétorqué qu’il était impossible de dire qu’« il n’y avait aucun lien entre les salariés » d’ERDF et de GRDF », 11000 agents travaillant dans un « tronc commun » aux deux entreprises, et que la procédure judiciaire en compte s’inscrivait dans un conflit social. Quant au motif de « danger imminent », Maître Patrick Tymen a souligné que « rien ne promet qu’une fois expulsé, le gréviste cessera son mouvement ». Et de citer l’exemple de René-Michel Millambourg qui, interdit de gagner le local syndical du site, poursuit sa grève de la faim dans la rue. L’avocat a ainsi conclu en demandant que les requêtes de GRDF soient rejetées et que l’obligation de libre accès au local syndical soit ordonnée. Le jugement sera rendu le 7 janvier.
Mathieu Schmitt