MSF dénonce la gestion US de l’aéroport de Port-au-Prince
20.01.10 | 19h21
PARIS (Reuters) - L’organisation Médecins sans frontières (MSF) proteste contre la gestion par les Etats-Unis de l’aéroport de Port-au-Prince, où l’arrivée de troupes entrave, selon elle, celle de moyens médicaux d’urgence.
Prix Nobel de la paix en 1999, l’organisation fondée notamment par Bernard Kouchner, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, souligne que cinq avions transportant au total 85 tonnes de matériel médical ont été déroutés depuis le 14 janvier de Haïti vers la République dominicaine voisine.
A cause de l’absence de matériel, cinq patients victimes du séisme du 12 janvier sont décédés au centre médical installé par MSF, où 500 personnes attendent une opération, dit-elle.
« Ce n’est pas que nous sommes mécontents, c’est bien plus que ça », a dit à Reuters Télévision à Paris Françoise Saulnier, directrice juridique de MSF.
« La chirurgie est une priorité urgente dans de telles catastrophes. C’est bien connu. Vous avez les trois premiers jours pour sortir les gens des bâtiments, puis les trois suivants pour leur donner des soins chirurgicaux et après, la nourriture, l’abri, l’eau, tout cela vient après », a-t-elle dit.
« Tout cela a été mélangé, (...) l’attention à la vie des gens a été retardée alors que la logistique militaire, qui est utile non pas au troisième jour, mais au quatrième jour, ou peut-être même au huitième jour, a encombré l’aéroport et conduit à cette mauvaise gestion », a-t-elle ajouté.
Selon elle, les trois jours ainsi perdus ont créé d’importants problèmes d’infection, de gangrène chez les blessés et amené des amputations qui auraient pu être évitées.
Les médecins manquent de morphine, d’antibiotiques et de matériel pour amputer, à tel point que MSF dit avoir été contraint d’acheter des scies sur le marché local pour amputer.
Samedi dernier à Port-au-Prince, le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, avait protesté auprès des autorités américaines à propos de ce problème. L’Elysée a publié un communiqué mardi pour réaffirmer que les deux pays coopéraient efficacement.
Morade Azzouz et Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse
* http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-41456465@7-37,0.html
Un impératif après le séisme : régulariser tous les exilés haïtiens
Communiqué : Mom - Collectif Haïti - PAFHA - associations de la Caraïbe
(Mom = GISTI, CIMADE, LDH...)
Le tremblement de terre qu’a subi Haïti est l’une des plus grandes catastrophes « naturelles » de ces dernières décennies. L’ampleur de la réponse humanitaire s’annonce également forte, mais cette « aide » des pays du Nord doit être accompagnée de profonds changements de leur politique.
Si la catastrophe géologique relevait des risques certains dont l’irruption est imprévisible, l’instabilité politique, amplifiée par le séisme, régnait de longue date. Cela n’empêchait pas de nombreux pays – dont la France, en particulier dans les départements de la Caraïbe – de maltraiter les migrants haïtiens. Les obstacles mis à leur régularisation, les arrestations et les expulsions se sont d’ailleurs multipliés ces dernières années, souvent au mépris du droit en vigueur. De plus, alors que la situation du pays est connue depuis longtemps, un accord de gestion des flux migratoires, contenant notamment une clause sur la réadmission automatique des Haïtiens interpellés, est en cours de négociation.
La « suspension » des expulsions annoncée par Eric Besson relève une nouvelle fois de l’effet d’annonce : les expulsions vers Haïti sont matériellement impossibles à mettre en œuvre. Le ministre tente par ailleurs de se donner une image d’humanité par quelques dispenses de visa (évacuation sanitaire et regroupement familial dont la procédure en France a déjà abouti favorablement) et par l’octroi de certaines facilités, dont les modalités restent floues, concernant les Haïtiens en situation régulière. Mais il n’apporte aucune réponse à la détresse des Haïtiens qui vivent en France sans papiers ou dans une grande précarité juridique. Leur retour en Haïti est pourtant moins que jamais envisageable.
Pour apporter un véritable soutien à la reconstruction sociale et économique de ce pays, il faut attribuer aux Haïtiens exilés le droit au séjour et au travail. L’administration Obama a annoncé qu’elle allait accorder une protection temporaire et un permis de travail aux dizaines de milliers d’Haïtiens vivant en situation irrégulière aux États-Unis. Le Conseil européen peut prendre le même type de décision, en application d’une directive européenne de 2001. Au niveau européen peut également se coordonner l’action des États membres afin que soient systématiquement accordés des visas aux Haïtiens qui voudraient temporairement ou durablement s’installer hors de leur pays détruit.
En raison des liens particuliers qui unissent Français et Haïtiens, ainsi que des responsabilités historiques de la France dans la situation politique et sociale d’Haïti, le gouvernement français doit avoir une action rapide et exemplaire. Les signataires demandent la régularisation immédiate de tous les exilés haïtiens et appellent à ce que l’ensemble des Haïtiens présents en métropole et dans les DOM bénéficient d’un véritable, droit stable et durable, au séjour et au travail.
La nouvelle catastrophe qui a frappé le peuple haïtien ne doit pas faire oublier les autres migrants qui fuient des situations dramatiques et sont traités eux aussi avec inhumanité par l’administration française. La reconstruction d’Haïti sera longue mais, dès aujourd’hui, les pays qui appellent à la solidarité internationale ont plus que jamais le devoir de respecter les droits et d’améliorer la situation sociale de tous les exilés, parmi lesquels des centaines de milliers d’Haïtiens.
20 janvier 2010
* http://www.migrantsoutremer.org/Un-imperatif-apres-le-seisme
Signataires
Collectif Mom (Migrants outre-mer - http://www.migrantsoutremer.org/)
Collectif Haïti de France (http://www.collectif-haiti.fr/)
Plateforme d’associations franco-haïtiennes (PAFHA - http://assofrancohaitiennes.online.fr/)
Associations de la Caraïbe :
Guadeloupe : Collectif contre la xénophobie, LDH-Guadeloupe
Guyane : Cimade-Guyane, Grand pays, LDH-Guyane
Martinique : Assoka (Asosyasion solidarité Karaïb)
HAÏTI, TERRE DE DOULEURS
COMMUNIQUÉ DU NPA
Haïti vient d’être dévasté par un terrible tremblement de terre, en pleine journée, qui a jeté bas maisons, immeubles, hôpitaux, églises, bâtiments officiels, le palais présidentiel, sans oublier la destruction de la totalité des moyens de communication.
Dans un pays, déjà puni pour avoir, le premier, rejeté l’esclavage et avoir construit la première république noire, dans un pays miné par le sous-développement, la dictature, la corruption, dont l’histoire est jalonné de coups d’état, d’interventions militaires extérieures, qui a connu la terreur des tontons macoutes et autres milices para-militaires, où l’avenir n’existe pas pour la quasi totalité de la population, ce séisme est une catastrophe de plus qui frappe durement une population déjà démunie.
A l’heure où les morts, les blessés, les disparus vont se compter par milliers, où la recherche, des éventuels survivants est rendue aléatoire par le manque cruel de moyens, le NPA tient à exprimer la grande émotion qu’il éprouve devant ce énième « coup du sort » et le témoignage de sa profonde solidarité avec le peuple d’Haïti.
Les états et les gouvernements qui ont financé à coup de milliards de dollars et d’euros les banques et les patrons, doivent débloquer, en urgence, tous les moyens matériels et humains pour venir en aide à la population haïtienne.
Le 13 janvier 2010.