C’est en 1910, lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes que la décision fut prise, à l’initiative de Clara Zetkin, de célébrer chaque année une journée internationale des femmes dont la revendication centrale était le droit de vote. Cette date aurait été choisie pour commémorer une grève de couturières américaines de 1857. En fait, c’est la direction du parti social-démocrate allemand qui fixa au 19 mars 1911 la première journée des femmes afin de commémorer dans le même temps la Commune de Paris et la révolution allemande de Berlin en 1848. Cette première journée fut un véritable succès. Puis, peu avant la Première Guerre mondiale, le 8 mars a été l’occasion de défendre l’internationalisme pour un petit nombre de femmes socialistes.
Le 8 mars 1917 (23 février du calendrier russe), eurent lieu à Petrograd des manifestations d’ouvrières que les bolcheviks ont désigné comme le premier jour de la révolution. Une nouvelle tradition est alors instaurée et la date est reprise par la IIIe Internationale.
Dans les années 1970, les féministes ont largement raillé cette échéance, dans le slogan « fêtée un jour, exploitée toute l’année ». En France, elle est institutionnalisée en 1982, quand Yvette Roudy était ministre des Droits des femmes.
Cette année, à l’occasion du 8 mars, la mairie de Lyon a lancé une campagne qui en dit long sur la façon dont elle envisage la place des femmes dans la société. L’affiche, montrant un homme et une femme sous forme de pictogramme, représente le premier bien plus grand que la deuxième, élevée pour l’occasion sur des ressorts. Au fond, la mairie de Lyon montre, par ce simple dessin, que les femmes ne sont pas à la hauteur, intrinsèquement et qu’il faut les y conduire. N’aurait-il pas été plus juste de dessiner, sur la tête de l’image représentant les femmes, un couvercle qui l’empêche d’être l’égale des hommes ? Car c’est à ce niveau que se situent les enjeux du 8 mars : c’est en luttant contre les discriminations de toutes sortes, les attaques de toutes parts et les discours stigmatisants que l’on pourra parvenir à l’égalité.
Une étude publiée par l’Insee, le 23 février, Femmes et hommes en début de carrière, explique que les hommes non diplômés gagnent 23 % de plus que les femmes de même niveau en début de vie active. Et, quel que soit le diplôme, l’écart de salaire entre les hommes et les femmes subsiste. Par ailleurs, le recul de l’âge de la retraite aura des conséquences désastreuses pour les femmes qui représentent 80 % des travailleurs pauvres et précaires.
À la maison, les tâches ménagères continuent d’être très largement assumées par les femmes en particulier à la naissance du premier enfant.
Les députés européens ont récemment adopté une résolution visant à harmoniser « par le haut » les droits des femmes. Si cette résolution est un point d’appui, il ne faut pas se faire d’illusions puisqu’il ne s’agit que d’une incitation sans sanctions et sans moyens, tandis qu’en France, des centre d’IVG ferment un peu partout. Ce ne sont que discours et hypocrisie…
De même, la loi contre les violences faites aux femmes, adoptée par l’Assemblée nationale le
25 février, essentiellement axée sur les violences conjugales est très en retrait de la loi-cadre du Collectif national pour droits des femmes avec très peu de mesures de prévention, de formation des personnels et sans moyens. (voir ci-dessous).
Il faut également condamner l’instrumentalisation des discours féministes par le gouvernement à des fins racistes et la loi sur la burqa dans le cadre du débat sur l’identité nationale en est un exemple.
Partout des manifestations ou des rassemblements se tiendront le 8 mars. Plus que jamais, il s’agit d’aller y exprimer notre refus d’un nouvel ordre réactionnaire, de s’y battre, entre autres, pour un véritable service public de la santé, de l’éducation, de la petite enfance et le respect du droit à l’IVG. Enfin, ce 8 mars est aussi une première échéance pour la 3e Marche mondiale des femmes dont les initiatives rythmeront les mois à venir.
Lisbeth Sal
Pour en savoir plus sur le 8 mars :
Le mythe des origines, à propos de la journée internationale des femmes
* Paru dans Hebdo TEAN # 45 (04/03/10).
8 MARS, MANIFESTONS PARTOUT POUR LES DROITS DES FEMMES
COMMUNIQUÉ DU NPA
Le 8 mars n’est pas « la fête des femmes » mais une journée de lutte contre leur oppression et pour l’égalité des droits dans tous les domaines.
Le 8 mars 2010, il y a encore encore plus de raisons de se mobiliser car dans le cadre de la crise, que le gouvernement veut faire payer aux salariés, les femmes sont particulièrement ciblées.
Elles représentent 80% des pauvres et des précaires. La privatisation des services publics, l’augmentation du chômage, la réforme annoncée du système des retraites les touchent particulièrement.
La réforme Bachelot a des conséquences directes sur le droit à l’Interruption Volontaire de Grossesse avec la fermeture programmée de centres d’IVG dans les hôpitaux publics.
La loi contre les violences, votée récemment, n’a prévu ni mesure de prévention ou de formation, ni de moyens pour l’accueil des femmes victimes de violence.
Le 8 mars, le NPA sera présent partout en France pour manifester contre la pauvreté et les violences faites aux femmes.
A Paris, une manifestation unitaire est prévue, à 18h30, Place de la Nation, où une jonction doit se faire avec les mobilisations en cours pour la défense de l’hôpital public et contre les fermetures de CIVG.
Pour le droit à l’avortement, l’égalité sociale et professionnelle, contre les violences faites aux femmes, le NPA organise une réunion publique :
Lundi 8 mars, à 20h,
salle Olympe de Gouges,
15 rue Merlin (Paris 11e)
au cours de laquelle plusieurs candidates prendront la parole
dont Anne Leclerc, tête de liste NPA sur le 75.
Le 5 mars 2010