Plusieurs responsables politiques et laïques allemands ont adjuré, lundi 15 mars, le pape Benoît XVI de sortir de son silence sur les scandales de pédophilie qui éclaboussent l’Eglise catholique d’Allemagne. Le souverain pontife n’a fait aucune déclaration après avoir été informé vendredi par le président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Robert Zollitsch, des tenants et aboutissants de ces affaires, qui remontent parfois à plusieurs décennies. Les 170 plaintes déposées depuis plusieurs semaines concernent des faits survenus dans les années 1970 et 1980, au cœur des diocèses où Joseph Ratzinger exerça ses fonctions de prêtre, professeur et évêque.
Au Vatican, Mgr Rino Fisichella a déclaré que le pape évoquerait « avec sa voix claire et décisive et sans rien cacher » des cas de pédophilie analogues qui se sont produits au sein de l’Eglise irlandaise, mais il n’a pas dit quand ni si Benoît XVI aborderait également le cas de son pays. Dans une interview au Corriere della Sera, Mgr Fisichella reprend à son compte les critiques du Vatican contre les médias, accusés de se complaire dans ces scandales. « La rage contre le souverain pontife est insensée », estime-t-il.
Lundi en Irlande, le cardinal Sean Brady a rejeté un appel à la démission pour le rôle mineur qu’il a joué dans une affaire remontant à 1975. Selon le Times du mardi 16 mars, une des victimes a accusé le cardinal d’« avoir du sang sur les mains » quand en 1975, lors de deux tribunaux canoniques, auxquels il participait, un garçonnet et une fillette avaient dû s’engager à garder le silence. Le prêtre a par la suite reconnu avoir, en quarante ans, commis des violences sexuelles sur quatre-vingt-dix enfants. Au siège européen de l’ONU, à Genève, l’Union humaniste et éthique internationale a accusé le Vatican d’enfreindre la convention internationale sur les droits de l’enfant en oubliant depuis treize ans de rendre compte de son application.
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