L’alerte était lancée le 24 avril 2009 par la porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Fadela Chaib : « Plusieurs centaines de cas humains de grippe porcine ont été relevés au cours des dernières semaines au Mexique, avec 57 cas mortels dans la région de Mexico. »
En réalité, il n’y avait aucun décès attribuable au H1N1 à cette date... C’est à la demande de l’OMS que le Mexique avait répondu le 12 avril à une demande de vérification après une flambée d’infections respiratoires aiguës dans la petite commune rurale de La Gloria. Sur 50 échantillons analysés au Canada, 16 cas identifièrent le H1N1 le 23 avril... dont un seul sur le village de La Gloria ! Les écoles, restaurants et stades sont pourtant fermés à Mexico le 24 avril. Et le 25 avril, sans un seul décès attribuable au H1N1, ni au Mexique ni ailleurs, l’OMS déclare une « urgence de santé publique de portée internationale » et passe à la phase 3 de niveau d’alerte. Ce n’est que le 27 avril que le docteur Fukuda, conseiller spécial pour la grippe pandémique à l’OMS, annonce les sept premiers morts porteurs du virus H1N1, tous porteurs de pathologies respiratoires préexistantes sévères. L’OMS passe à la phase 4 d’alerte. Le 29 avril, au niveau 5.
De jour en jour, les médias du monde entier sont nourris de la sinistrose entretenue par « les experts » en lien avec l’OMS. Lorsque des responsables nationaux de sécurité sanitaire émettent des propos rassurants, ils sont immédiatement contredits : ainsi le 5 mai, Richard Besser, directeur du Center for Disease Control and Prevention d’Atlanta, déclare : « Le virus n’a pas l’air plus sévère qu’une souche de grippe saisonnière, qui fait chaque année 36 000 morts aux Etats-Unis. » Mais, alors que les cours reprenaient au Mexique, la directrice générale de l’OMS, Margaret Chan, tempérait l’optimisme dans le Financial Times : « La grippe porcine pourrait décliner avant de refaire surface avec une virulence sans précédent. Si cela se produisait, ce serait la pire des épidémies que le monde aurait à affronter au XXIe siècle. » Dans le même temps, Vicente Larraga, directeur du Consejo Superior de Investigaciones Cientificas espagnol, déclarait : « Nous sommes impressionnés par l’impact dans les médias d’une grippe qui n’est pas plus sévère qu’une grippe saisonnière et qui fait moins de morts... »
DISCOURS DE DRAMATISATION
Au fil des annonces de nouveaux cas de grippe dans les différents pays concernés, la pression a été maintenue sur l’opinion à la « une » des journaux télévisés. Cela a aussi été le cas avec l’évocation de mises en quarantaine de bateaux sur lesquels un syndrome grippal avait été repéré... La déclaration de pandémie date du 11 juin 2009 : l’OMS a maintenu son discours de dramatisation pour en arriver au passage à la phase 6 d’alerte, alors que 144 décès seulement dans le monde étaient attribués à la grippe A... La définition de la pandémie venait d’être modifiée en mai 2009. Les critères relatifs à l’impact et à la gravité en termes de nombre d’infections et de décès n’étaient plus pris en compte pour le passage à la phase 6 dans les nouvelles recommandations. La déclaration de pandémie n’aurait pu être faite sans changer sa définition et sans abaisser le seuil requis.
Or il se trouve que le passage en phase 6 mettait automatiquement en jeu les « contrats dormants » liant les Etats aux producteurs de vaccins. Il s’agit des contrats « prépandémiques » conclus après la menace de grippe aviaire et qui liaient notamment la France à Sanofi-Aventis et Novartis. La déclaration de pandémie a ouvert globalement des options de commande à hauteur de 2 milliards de livres anglaises (2,26 milliards d’euros) ; ce qui n’a pas exclu de nouvelles commandes dans la précipitation, comme celle des 50 millions de doses passée par la France avec GSK dès le 14 mai 2009...
Il est troublant aussi qu’en proclamant la pandémie l’OMS insiste sur « le caractère entièrement nouveau du virus ». Il est acquis pourtant depuis le 22 mai que 10 % des moins de 60 ans et 33 % des plus de 60 ans ont déjà des anticorps contre ce « nouveau » virus... Tout l’enchaînement des annonces depuis la mi-avril 2009 tend à préparer l’annonce de la pandémie. Ont été systématiquement présentées les prévisions les plus anxiogènes.
Le point de départ du processus qui a conduit à la déclaration de pandémie fut le village de La Gloria au Mexique. Village décrit comme le lieu de la mutation... et qui n’a connu aucun décès lié à la grippe, après avoir été l’objet de descriptions effrayantes de malades suffoquant à proximité des porcheries !
Tout s’est passé comme si la manipulation médiatique montant en puissance avait conduit à ce niveau 6 déclenchant les contrats dormants d’achat de millions de doses de vaccin. Comme si un « Timisoara sanitaire » avait généré un aveuglement collectif. La ministre polonaise de la santé, médecin, Ewa Kopacz, a pris la décision de ne pas commander de vaccins après un examen des données sanitaires à sa disposition : il n’y aura pas plus de décès en Pologne attribués à la grippe A qu’en France !
La question de l’indépendance des membres des organismes d’expertise et de conseil de l’OMS est clairement posée. A ce jour, l’OMS n’a pas publié les déclarations d’intérêt de ses experts, de même que l’Agence européenne des médicaments (EMEA). Quelle crédibilité accorderont les populations à des institutions opaques, quand elles seront confrontées à une réelle menace sanitaire ?
Gérard Bapt