Féminisme et foulard : une contradiction ?
Alice (CNIF, Grenoble) ; Aurore (Strasbourg) ; Catherine Samary (CIF, Paris 20e) ; Elsa de Moraïs (CNIF, Secrétariat jeune, fac de Saint Denis) ; Fanny (secrétariat jeune, Toulouse) ; Fanny Gallot (CNIF, CPN, Paris 11e) ; Fanny (secrétariat jeune, CNIF, Nanterre) ; Flavia Verri (CPN, Commission internationale, Paris) ; Léa (CNIF, Nanterre) ; Marie (Strasbourg Campus) ; Naima (CNIF, Paris) ; Nathalie (CNIF, Lyon) ; Sabine (CNIF, Perpignan), Sandra Demarcq (CE, CILT, Pantin) ; Suzanne (CIF, bureau du secrétariat jeune, Paris)
Nous sommes féministes militantes du NPA et en tant que telles, nous souhaitons faire entendre notre voix car la candidature d’Ilham n’est pas en contradiction avec ce que nous défendons. Depuis plusieurs semaines, c’est au nom du féminisme que certainEs camarades s’élèvent contre la décision du Vaucluse. Pour notre part, nous ne voulons pas entrer dans une surenchère qui consisterait à compter les points dans un match entre féministes : nous ne doutons pas du féminisme des camarades. Simplement, il n’y a pas une seule façon de l’être et que personne ne doute du nôtre...
En tant que femmes et féministes de l’organisation, nous sommes solidaires d’Ilham victime d’attaques de toutes parts la conduisant sans cesse à se justifier non pas pour ce qu’elle a dit mais seulement pour ce qu’elle a choisi de porter. Nous sommes solidaires parce qu’il est insupportable qu’une camarade soit sommée de répondre sur l’avortement et la contraception à des hommes politiques réactionnaires qui suppriment les CIVG.
Nous ne pensons pas que le voile « obscurcit » notre message féministe. Ilham n’est pas seulement voilée c’est aussi une femme et une militante anticapitaliste. Face aux discours d’union sacrée dont nous connaissons l’hypocrisie, et dont l’intention est surtout de nuire au NPA, nous devrions être offensifs. Nous pourrions être offensif et dire, en tant que féministe : « Oui, Ilham porte un voile. Nous avons sur nos listes des camarades qui n’en portent pas (dont on ne parle pas, d’ailleurs). Nous refusons de choisir. Nous souhaitons ainsi montrer la diversité des situations des femmes car nous sommes solidaires de leurs combats à toutes qu’il soit contre la pression familiale (ou autre) qui contraint à le porter, qu’il soit contre celle d’une société-bien-pensante-pour-l’occasion-pseudo-laique-et-islamophobe qui contraint à le retirer ».
Notre corps nous appartient criaient les féministes des années 70. Et celui d’Ilham lui appartient, aussi. L’aurait-on oublié dans ce déchaînement médiatique ? Ilham a le droit de croire qu’il y a un « sauveur suprême », et de choisir des codes vestimentaires qu’elle estime conformes à ses croyances, dans le respect de celles qui, partageant ou ne partageant pas ces mêmes croyances refusent, elles de le porter.
Nous sommes toutes opprimées de façon variée. Ilham aussi, ni plus ni moins. Oui, dans toutes les religions, il est recommandé aux femmes de cacher leurs cheveux pour ne pas exciter les hommes. Bien sûr, ce n’est pas une conception que nous partageons. Mais, la surexposition du corps féminin abondamment véhiculée par la presse, exige en permanence des femmes d’avoir ce qu’il faut où il faut et de le mettre en valeur pour exciter les hommes. Si à un moment donné, pouvoir montrer ses jambes à été une victoire pour les femmes, le capitalisme a su s’adapter et vider ce type de combat de son contenu émancipateur faisant des femmes des objets sexuels. Le mot d’ordre « Notre corps nous appartient » est toujours d’actualité !
Si nous nous battons contre toutes les oppressions, nous pensons que la meilleure façon de le faire est la pratique, la lutte collective. Nous considérons que multiplier les discussions sur les éléments de l’oppression en tant que tels ne favorise pas nos prises de conscience, notre émancipation à toutes et à tous. Si, lors d’une réunion, les camarades femmes ne prennent pas la parole, nous savons qu’il est inutile voire contreproductif de leur signifier à chacune qu’elles n’ont pas parlé individuellement. C’est au contraire en nous donnant confiance collectivement que nous pourrons nous émanciper et nous sommes certaines que ce n’est pas en stigmatisant les choix de certaines d’entre nous que nous pourrons déconstruire les normes qui nous oppriment et ainsi nous émanciper
En tant que féministes, nous considérons que ce sont les femmes les mieux à même de se battre contre les oppressions qu’elles subissent. Nous défendons, comme c’est noté dans nos statuts, l’autoorganisation dans notre propre parti. La situation étant difficile en interne et en externe, nous proposons une AG non-mixte nationale (qui peut se tenir lors d’une échéance mixte de l’organisation) car il est ici question de notre profil féministe et nous sommes toutes concernées en tant que femmes. Nous ne sommes pas toutes d’accord, nous le savons. Nous avons besoin de cadre de débats, nous le savons aussi. Cette réunion, qui ne peut être décisionnelle, ne sera pas seulement l’occasion de débattre du sujet qui nous anime actuellement, mais aussi un moment privilégié pour évoquer la place des femmes dans l’organisation et les enjeux du moment. Elle pourrait se tenir dans de bonnes conditions avant la fin du mois de juin.
Une réponse au texte « Féminisme et foulard : une contradiction ? »
Anne Leclerc (CE, CNIF), Josette Trat (CNIF), Sophie (CNIF),
Stéphanie Treillet (CPN, CNIF), Violette (CPN, CNIF)
Nous avons pris connaissance d’un texte signé par plusieurs membres de la CNIF (commission nationale intervention féministe) et nous souhaitons y répondre en tant que membre de cette même commission.
Si le mouvement féministe est traversé par plusieurs courants, il nous semble qu’en tant que militantes anticapitalistes, nous nous situons dans le courant lutte de classe. Nous revendiquons l’égalité femme/homme et non pas un féminisme qui se construit dans la différence entre homme et femme ( considérant qu’il y a des qualités féminines et des masculines ) et surtout nous pensons que le combat pour l’émancipation des femmes passe par la reconnaissance du droit à disposer de son corps et qu’il se prolonge avec le fait que nous soyons débarrassés de l’oppression sous toutes ces formes : domination masculine, exploitation capitaliste et soumission aux dogmes religieux.
lham a fait un choix personnel que nous ne nous ne remettons pas en cause, et nous rappelons que ce ne sont pas les croyants que nous combattons, mais les dogmes religieux qui veulent imposer leur loi à l ’ensemble de la société.
Nous dénonçons et combattons le contexte raciste et antimusulman actuel.
Mais nous constatons que bon nombre de militants et militantes ont été consternés que soit imposée à toute l’organisation une candidate affichant un signe religieux devenu pour certains un porte-drapeau. Il est, par ailleurs, inadmissible, lorsque des critiques sont faites sur le choix de présenter une femme portant le voile, d’entendre parler d’islamophobie. C’est un argument qui empêche tout débat. Qui oserait dans le NPA dire que critiquer la politique d’Israël relève de l’antisémitisme ?
Nous souhaitons dépasser la situation d’Ilham et aborder le problème sous l’angle de la représentation publique d’un point du vue féministe.
Le choix d’une femme qui porte le voile peut être interprété comme excluant les femmes qui estiment que le voile est un symbole d’oppression et que les dogmes religieux n’ont pas à leur imposer des règles de vie. Contrairement à ce qui est dit dans ce texte, le voile n’est pas qu’un code vestimentaire comme un autre. Si nous sommes conscientes que les raisons sont multiples de porter le voile, lorsqu’une femme accepte de le porter, elle signifie, qu’elle le veuille ou non, qu’elle a choisi de se soumettre à Dieu. Et pour nous cette soumission est contraire à l’émancipation.
Le féminisme est transversal. L’ensemble des thématiques abordés par le NPA ne peut faire l’économie du féminisme. N’oublions pas que les femmes ont gagné des batailles pour leur émancipation en France en se luttant contre les églises ou contre les laics qui leur refusaient le droit de vote sous prétexte d’être influencées par l’Eglise !
Le combat de nos ainées ne doit pas pour autant être remis en cause, notamment sous le faux prétexte d’un passé colonialiste pas assumé, ou mal assumé. En effet, dans certains débats, le reproche est fait aux féministes d’avoir voulu imposer un modèle aux femmes dans les pays colonisés. Ce sont des accusions gratuites qui ne reposent sur rien de concret et qui visent à discréditer le combat pour les droits des femmes.
En tant que parti internationaliste, quel message renvoie-t-on aux femmes des pays qui se battent contre les états religieux qui leur imposent de se voiler, de dissimuler complètement leur corps au nom et qui leur dénie toute possibilité de décision quant à leur vie ? Ce n’est surement pas un message de solidarité et de soutien à toutes celles qui luttent au quotidien pour acquérir quelques espaces de liberté.
En tant que féministes, nous osons dire que les religions et les différentes institutions religieuses qui les représentent, véhiculent une conception archaïque de la place des hommes et des femmes. Comme nous pensons que la religion a permis de faire accepter l’exploitation de l’homme par l’homme et la colonisation d’un peuple par un autre.
Si nous respectons le choix personnel de croire en un Dieu et à un au-delà, cela pour nous doit relever strictement de la sphère privée.
Revendiquer le slogan des féministes des années 70 : « notre corps nous appartient » pour justifier le « choix » du port du voile constitue un détournement de ce slogan. Il s’agissait, alors, du droit à l’avortement, à la contraception et au droit de vivre librement sa sexualité. Les femmes continuaient à mourir pour certaines de l’interdiction du droit à l’avortement et à la contraception. Elles subissaient un jugement permanent, si, dans leur sexualité, elles n’obéissaient pas aux normes morales en vigueur.
Nous sommes en désaccord avec un des points de ce texte qui est la promotion de la théorie du libre choix. Ce débat n’est pas nouveau puisqu’il existe cette théorie du libre choix à propos de la prostitution. Finalement le libéralisme c’est cela, tout est question du choix des individus et le contexte social, économique, « moral » ne pèserait pas. Et si aujourd’hui tout est marchandisé , y compris le corps des femmes, mais aussi maintenant des hommes, nous refusons cette symétrie que nous entendons régulièrement sur le port du string ou du voile. C’est une réponse puritaine car à la surexposition marchande du corps des femmes aujourd’hui ce n’est certainement pas le fait de cacher son corps qui est la réponse.
Quant à la proposition d’une réunion non-mixte nationale sur cette question, nous y sommes opposées.
Si nous pensons que les AG non mixtes sont nécessaires car elles permettent à tous les niveaux (local, régional, national) de pouvoir échanger sur notre place et la question du féminisme dans l’organisation, nous pensons que le débat sur « religion et émancipation » doit se tenir dans un cadre mixte pour permettre de clarifier les positions du NPA, et c’est un débat qui concerne les hommes et les femmes membres du NPA .
En réponse aux camarades Alice, Fanny, Sandra ….
Hélène Adam (KB Gentilly)
Il ne s’agit ni d’un match, ni d’un jeu, ni d’une querelle des anciennes et des modernes mais d’une décision politique prise par un comité local et qui a conduit immédiatement au retrait de la liste de trois camarades femmes du 84 puis un peu plus tard de deux camarades du 13, au nom de l’incompatibilité pour elles de figurer sur une liste aux côté d’une femme portant ostensiblement un signe au nom duquel on opprime les femmes depuis des millénaires. La défense des droits de femmes et plus généralement le combat féministe est donc dès l’origine au cœur de la contestation de la candidature d’Ilham non seulement au sein du NPA mais plus généralement dans les franges sympathisantes qui nous ont brutalement quittés au lendemain de cette décision politique, qui s’est, de fait, et sans débat, imposée à tout le NPA.
Je suis personnellement choquée qu’il n’y ait pas un mot des conditions de la décision dans votre propos. Ce déni de démocratie sera pourtant, que vous le vouliez ou non, une question clé dans le bilan de cette triste affaire.
Vous êtes solidaires d’Ilham « victimes d’attaques de toutes parts », « pour ce qu’elle a choisi de porter ». C’est inexact et imprécis. Ilham, militante du NPA, a décidé d’être candidate du NPA ET d’arborer le voile –qu’elle porte par ailleurs pour des raisons de croyance religieuse- en revendiquant de ce fait publiquement sa croyance et l’interprétation de cette croyance (le caractère « impur » de la chevelure des femmes) et en l’imposant au NPA tout entier. Qui aurait pu croire qu’un tel porte drapeau pour un parti anticapitaliste –même nouveau- partiellement héritier de la LCR, traditionnellement féministe et laïque, passerait inaperçu ? D’ailleurs, la décision politique d’Ilham et de ses camarades, avait bien pour objectif la médiatisation qui s’en est suivie.
Il y a eu bien sûr des attaques réactionnaires, aux relents racistes, venant de la droite et parfois aussi de la gauche comme toujours en ce qui concerne ce que dit et fait le NPA, singulièrement sur le sujet de l’immigration. Mais il y a eu aussi « d’étonnants » soutiens (je pense à l’intégriste catholique Boutin) et pas mal de tribunes d’intellectuels très favorables à « l’initiative » du NPA.
Il y a eu enfin de nombreuses critiques, internes et externes au NPA, qui ont considéré la décision politique comme contraire à la défense de la laïcité et/ou des droits des femmes. Autrement dit, il s’agit bien d’un débat –important voire fondamental– et en aucun cas d’un lynchage unilatéral qui justifierait de la part du NPA une réaction absurde et sectaire de forteresse assiégée. Soit dit en passant, c’est un débat qui concerne l’ensemble du NPA et il ne peut pas être traité dans le cadre d’une réunion non-mixte comme vous le proposez.
C’est son « choix personnel » répétez-vous plusieurs fois, « elle a le droit de croire qu’il y a un sauveur suprême ».Nos choix sont rarement purement « personnels ». Ils sont issus d’une place (fort complexe au demeurant) dans la société où peuvent interférer de multiples facteurs plus ou moins aliénants tels que : notre position sociale, notre statut, notre genre, notre histoire, notre culture, l’endroit où nous habitons etc…
Beaucoup plus intéressants sont nos combats collectifs pour contester l’ensemble des facteurs qui nous aliènent en nous laissant croire à un pseudo liberté individuelle, si bien représentée par le fameux « c’est son choix, c’est son droit ».
Dans nos combats féministes, collectifs, passés et présents, nous nous sommes souvent affrontées aux religions, aux églises, à leurs idées, à leurs pratiques : à la religion catholique notamment, dans nos combats pour l’égalité des droits civiques, pour le droit à la contraception, pour la libéralisation de l’avortement, pour les écoles mixtes, mais aussi pour le droit au plaisir, aux relations sexuelles libres, contre l’enfermement dans la maison, dans la famille, dans le mariage.
Ces combats sont toujours d’actualité dans la majorité des pays. Le patriarcat souvent puissamment aidé par les religions et les coutumes, étend son système d’oppression sur les femmes. Les religions monothéistes ont en commun cette volonté d’enfermer les femmes dans un rôle inférieur et réduit. Le voile qui dissimule volontairement une partie du corps de la femme est l’une des manifestations de cette répression.
De qui sommes-nous solidaires en présentant une jeune femme qui revendique le port du voile ? Pas de celles qui se battent pour qu’il cesse d’être obligatoire dans tous les pays où c’est désormais le cas. Ni de celles qui se battent pour qu’il ne le devienne pas, de par la loi ou de par une pression morale familiale ou communautaire.
La vie entière pour toutes les femmes dans le monde. Et je revendique qu’il existe sur ce terrain, des valeurs universelles d’égalité qui sont le terreau de notre combat émancipateur pour l’ensemble de l’humanité.
Un danger islamiste ?
Catherine Samary
Lorsque la direction de la LCR a par un vote majoritaire changé la position qui était la nôtre depuis 1989 sur la question des jeunes filles voilées dans les écoles publiques en 2003 (en adoptant la ligne de « ni loi, ni voile »), j’étais dans la minorité. Les divisions au sein de la gauche radicale et en particulier parmi les marxistes face à la question spécifique du port du voile, y compris d’ailleurs parmi ceux qui soulignent la richesse des théologies de la libération, montraient la combinaison d’enjeux exigeant débat. Au plan du positionnement politique face à la Loi de 2003, je me retrouvais en gros dans « le type » de problématique marxiste qu’exprimait à ce sujet Gilbert Achcar... et dans les Collectifs « Une Ecole pour Toutes » et Féministes pour l’égalité, mobilisés avec des musulman-e-s, contre la Loi.
Nos positions furent critiquées comme renonçant au féminisme au nom de l’anti-racisme. Nous n’acceptions pas cette interprétation qui était une appropriation non justifiée du label féministe par une démarche qui faisait débat entre féministes.
La pratique pluraliste positive de la LCR, a permis la présentation publique de nos débats. Et l’on mit aussi en place une commission ad hoc sur les questions soulevées (laïcité, islam...), qui intégrait des camarades de tous les secteurs. Elle tint une réunion à laquelle notre camarade Michel Warshawski fut invité. Mais il n’y a jamais eu de bilan sur les effets de la Loi de mars 2004 et de la ligne majoritaire. Ce silence, face à une question présentée comme « marginale », pèse dans nos débats actuels.
Si l’on se concentre ici sur les causes de l’hostilité à notre orientation, on peut en relever de deux ordres.
D’une part, une interprétation fort répandue de l’islam selon laquelle toute fidélité au Coran imposerait 1°) l’unification de la sphère politique et religieuse donc l’hostilité à la laïcité et une logique de lois inspirées des pires versets du Coran pour les femmes et les homosexuels ; 2°) une solidarité envers la oumma des croyants supérieure à tout autre critère : il s’en déduirait une impossibilité logique de démarche critique envers des régimes islamistes ou courants intégristes et une division communautariste du front de classe.
Si cette interprétation était vraie, les musulman-e-s n’auraient rien à faire dans le NPA ni dans aucun parti anticapitaliste de la planète... Quel sens aurait d’ailleurs, pour eux/elles, leur adhésion ? Ces analyses sont discutées et très discutables. L’ensemble du monde musulman et ses composantes politiques sont traversés – comme partout - de polarisations sociales, de radicalisation de jeunes et de femmes. Certains s’opposent aux pouvoirs islamistes liberticides en se revendiquant du Coran.
La vision uniforme de l’islam, qui s’appuie sur une sélection unilatérale de citations et « faits », est confortée par une analyse profondément pessimiste : celle d’une crise des courants socialistes et des projets nationalistes faisant le lit des courants intégristes. Le nombre croissant de femmes voilées a été perçu comme la pointe avancée d’une offensive intégriste ; le 11 septembre, les attentats, les discriminations et violences infligées aux femmes par les courants et régimes intégristes ont conforté des campagnes islamophobes et racistes pesant sur les perceptions.
En réalité, la transformation radicale de nos sociétés post-coloniales depuis le retournement de la croissance des années 1970, avec en France l’augmentation considérable du nombre de musulmans (passant de un à plus de 3 millions) a bousculé un « modèle » d’intégration aux failles « visibles ». Nous sommes dans une phase de crise non univoque qui, à l’échelle internationale, est ouverte sur bien des possibles – les plus réactionnaires et régressifs ; mais aussi des ruptures avec tous les ordres liberticides, socialement régressifs et oppresseurs. Elles seront nourries par une critique de tous les échecs et grands écarts entre les systèmes réels et les idéaux proclamés qu’ils se soient réclamés des Lumières, du socialisme ou de la religion.
La crise en France, comme ailleurs, est marquée par ces divers possibles. La partie musulmane des populations les plus discriminées, sera polarisée, elle aussi. Souhaitons qu’elle soit attirée par un NPA laïque, féministe et de masse, luttant contre tous les racismes.
Anticapitalisme, féminisme et laïcités
Jaèn Boyer (Gard, CPN)
Le post colonialisme à l’œuvre
Les migrants ont été parqués. A eux et à elles les logements trop petits et souvent insalubres ou les algécos de la Sonacotra et autres marchands de sommeil. A elles et à eux les emplois les plus dégradants, les plus précaires et les plus mal payés ou le chômage le plus durable pour une majorité d’entre eux. Exilés de leur pays d’origine, ils deviennent les exilés de l’intérieur. Déracinés de leur pays d’origine ils sont, déracinés ils restent. Ce « lumpen proletariat » est-il une future classe sociale ?La France ne leur donne que l’option de l’assimilation en leur refusant tous les moyens qui leur permettraient de choisir de S’intégrer. Comme autrefois dans les colonies françaises en Afrique, on refuse à ces populations de s’intégrer en leur imposant l’assimilation forcée, pour qu’elles se plient au plus vite aux rites, coutumes, habitudes, langue et costume du colonisateur.
Au NPA, parti des exclus, des précaires, des travailleurs exploités, nous dénonçons toutes ces situations et le sort fait aux migrants dans ce pays. Leurs luttes sont les nôtres.
Du racisme et de l’islamophobie
Depuis au moins 50 ans, les gouvernements et leurs polices, les partis de droite et d’extrême droite, ont entretenu et développé un racisme anti arabe, opposant en permanence pour mieux régner les français et les « immigrés ». A cela s’est ajouté une islamophobie. Les gouvernants, islamophobes par conviction, instrumentalisent l’islamophobie dans leurs disputes politiques et électoralistes. Bien qu’au NPA nous soyons majoritairement athées ou sans religion, nous ne pouvons pas être d’accord avec le sort qui est fait dans ce pays à l’islam. La laïcité, qui est la part la plus importante de l’identité de notre pays, de ceux et celles qui l’habitent, parce qu’elle signifie avant tout le respect des différences, sans discrimination de genre, de race, de religion et d’opinion, cette laïcité est incompatible avec cette situation, situation que nous dénonçons.
Le foulard de la révolte
Les enfants de ces migrants africains sont nés, ont vécu et vivent dans ces banlieues, ces cités, ces « kystes post coloniaux ». Qui peut encore s’étonner de leur révolte ? Ces révoltes s’expriment de façons très diverses : certains ont adopté le pire de la société capitaliste. D’autres au contraire ont trouvé dans leur croyance une autre voie. D’autres encore ont adossé leur croyance à une vision intégriste de la religion, phénomène que l’on retrouve dans toutes les religions. Quelques-unes et quelques-uns se sont politisé(e)s. Pour les femmes issues des populations migrantes la difficulté à trouver leur place de femmes libres et de citoyennes est accrue. Dans une société où l’homme a toujours été dominant et a toujours imposé aux femmes qu’elles baissent la tête, avec ou sans foulard, peu de femmes choisissent elles-mêmes leur voie, cherchent leur voix pour s’exprimer et relèvent la tête.
Le voile de l’obscurantisme
Les racistes et les réactionnaires veulent nous faire croire que foulard et voile c’est la même chose. Ne tombons pas dans ce piège ! Le piège ici consiste à nous faire croire qu’il n’existe qu’une seule pratique de cette religion, la pratique intégriste et que les musulmans sont tous des intégristes (dangereux donc).
Si dans notre parti il existait deux catégories de personnes, celles et ceux qui peuvent être candidat(e)s et les autres, celles qui ont le droit de représenter le npa à l’extérieur et les autres, il nous faudrait un « certificat de militance et de droit à représenter le NPA » Nous affirmons au contraire qu’aucun, aucune de nous n’est militant(e) complet(e), fini(e) en entrant dans le npa. Dire le contraire consisterait à dire que certains et certaines seraient de bons et bonnes militantes, et que d’autres ne le seraient pas. Ce serait aussi, discrètement et plus ou moins consciemment, recréer une sorte d’avant-garde éclairée.
On nous oppose parfois la lutte des femmes ailleurs, en Afghanistan, en Iran, en Algérie avec la situation des musulmanes d’ici. Dans nos analyses des situations politiques locales, nous devons prendre soin de ne pas transférer nos propres schémas, notre ethnocentrisme.
Ne nous trompons pas de combat ! Pour réussir leurs luttes et leur émancipation, les exclu(e)s, les discriminé(e)s de toutes origines doivent passer par dessus les différences de croyance. L’union de tous les prolétariats est l’objectif. Pour nous la laïcité a pour but ultime « d’assécher les bases sociales qui rendent la religion nécessaire »(cf les différents articles de Samy J. sur la laïcité).
La laïcité que défend le npa ne peut tolérer ni intégrisme religieux ni prosélytisme. Voilà les deux critères qui devraient s’appliquer et pas le critère de « l’ostentatoire ».
Un dogme faux du NPA
Démian Contié (comité Paris 15è)
Les militant(e)s qui considèrent que le « voile islamique est un signe d’oppression des femmes » non seulement commettent une erreur mais une erreur islamophobe. Or l’antixénophobie ne consiste pas tant à ne pas avoir de schémas mentaux ou de réflexes xénophobes mais bien plutôt à avoir un rapport critique à leur égard. C’est l’objet de cette contribution.
L’essentialisation de l’autre est le premier acte de son mépris : essence juive, race, éternel féminin mais également islam. Or l’islam est aussi multiple que ses envrionnements socio-historiques.
Le port du voile islamique a, selon les musulmanes européenes et du monde entier, des significations multiples, notamment religieuses. Pourtant, c’est la signification traditionnelle que retiennent systématiquement de nombreuses féministes anti-voile : acte de pudeur visant à se protéger contre le regard concupiscent des hommes. Cette signification, née dans des sociétés patriarcales et élaborée par des hommes, est porteuse d’une conception sexiste de la sexualité mais n’est pas la seule signification existante, loin de là : certaines musulmanes considèrent que c’est un acte de pudeur visant à se protéger du regard d’autrui en général. Où est dans ce cas le sexisme ? Pour d’autres, il s’agit simplement d’un acte de pureté spirituelle sans signification précise au même titre que les cinq prières quotidiennes : contraintes visant principalement à démontrer son allégeance à Dieu. En effet, dans le Coran, source première de légitimité en matière d’interprétation, seuls deux voire trois versets (1) l’évoquent et aucune signification spirituelle ne lui est clairement associée. Il s’agit fondamentalement d’un rite sans signification.
Ensuite, même quand la signification associée est sexiste, le port du voile est dans la majorité des cas en France non seulement un acte d’autonomie ne résultant pas d’une pression familiale ou sociale (2), mais parfois doit même s’opposer à une telle pression ! En outre, dans le contexte européen, il peut même s’agir d’un acte de double résistance (3). De résistance d’abord à cette forme de xénophobie qui ne prend pas seulement pour cible le physique des immigrés mais également leur culture d’origine. Dans cet environnement, porter le voile est une lutte quotidienne contre le regard, le mépris, les quolibets, les discriminations à l’embauche, un combat qui par sa difficulté malheureusement parfois échoue. Acte de résistance, d’autre part, à un instrument d’oppression des femmes beaucoup plus puissant par son ampleur que l’imposition du voile dans certains milieux, à savoir la tyrannie de la minceur, forme occidentale du contrôle du corps des femmes contre laquelle la prescription islamique du voile et des vêtements amples voire même le port du niqab permet la réappropriation de ce corps en en subordonnant le dévoilement à un choix personnel et non à une contrainte sociale, et constitue par conséquent, même s’il n’est pas vécu consciemment comme tel, un acte authentiquement féministe.
Alors pourquoi un tel aveuglement ? peut-être parce que les schémas mentaux issus du colonialisme français sont profondément ancrés, même chez des militant(e)s d’extrême-gauche. Rappelons que le 13 mai 1958, sur la Place du Gouvernement à Alger des algériennes arrachent leurs voiles blancs sous les acclamations des Pieds Noirs. Les médias coloniaux commentent en boucle ces images de « musulmanes » s’émancipant et appelant leurs coreligionnaires à entrer dans « la civilisation française ». Est-ce cela que l’on veut reproduire ? que des militantes arrachent leur voile pour entrer dans le féminisme ? De quel féminisme s’agit-il ?
Plutôt que de se contenter d’une vision monolithique de l’islam, le féminisme a tout intérêt à en reconnaître le caractère pluriel, dynamique, évolutif, notamment sur la question du droit des femmes. Depuis plusieurs décennies existe déjà un féminisme islamique partant du fait que les interprétations dominantes de la Sunnah ont été faites par des hommes et sont donc porteuses de contingences historiques sexistes contradictoires avec le caractère universel du message de Dieu. Elles sont engagées dans des luttes pratiques et théoriques que le féminisme arc-boutté sur une conception laïque sectaire a dangereusement tord d’ignorer.
(1) 33,59 ; 24,31 et 60
(2) voir les travaux de Kakpo, Liogier, Roy, Weibel
(3) l’étude de 2006 du Siréas indique deux significations chez les musulmanes voilées : respectabilité et identité, reprises ici dans une autre perspective. http://cfpe.over-blog.org/article-5280860.html
Quatre arguments dangereux
Ingrid Hayes (Paris 20, CE)
La décision majoritaire des camarades du Vaucluse constitue une erreur. Les conditions dans lesquelles elle a été prise et imposée au NPA font d’ailleurs qu’une série de camarades qui n’étaient pas hostiles par principe à la candidature d’Ilham partagent ce point de vue. Le fait même qu’à l’automne, les supporters de cette candidature aient proposé qu’Ilham soit tête de liste parce que musulmane et portant le foulard aurait d’ailleurs dû régler le problème.
Comme d’autres, Je considère que c’est sur le terrain de l’oppression des femmes et de la dimension féministe de notre programme qu’il faut convaincre qu’une faute politique a été commise, et qu’il ne faut pas la reproduire, même avec plus de temps, de transparence et de sérénité. Avec d’autres, j’ai déjà développé ce point de vue.
Je voudrais ici indiquer à quel point certains arguments qui nous sont opposés mettent potentiellement en péril notre combat et notre projet.
C’est son choix ?
On nous explique souvent que la candidature d’une camarade portant le foulard ne pose pas de problème, puisque c’est son choix. Après tout, si elle a envie et que personne ne l’y contraint ? D’une part, l’argument tombe de lui-même dès lors qu’il est question de représentation publique : le sens du foulard ne peut se résumer à celui que lui donne celle qui le porte. Mais, d’autre part, d’où vient cette idée singulière que les déterminations, aliénations et oppressions ne pèsent que dans l’injonction directe ? Les individus sont désormais suffisamment forts pour imposer leur libre-arbitre pur, abstrait des dominations qu’ils subissent ? Et partant, il nous serait interdit d’identifier, de nommer ces dominations et d’expliquer en quoi elles s’imposent à toutes et tous ? Mais quel sens prendrait dès lors un processus d’émancipation collective, s’il n’y a plus que des individus libres qui règlent eux-mêmes leur conduite ? L’émancipation est donc chose faite ? Prenons les femmes qui choisissent de rester chez elles pour s’occuper de leurs enfants. Parce qu’elles le choisissent, on n’aurait rien à dire des phénomènes d’assignation qu’elles intériorisent ?
Culturel vs universel
Que l’on puisse concevoir que l’oppression des femmes prend des formes différentes dans l’histoire et dans l’espace n’empêche pas que l’oppression elle est universelle ainsi que ses formes principales (dont l’injonction à cacher ses cheveux fait d’ailleurs partie). Le relativisme culturel mène de proche en proche à nier qu’il puisse exister, par delà les formes historiques et sociales concrètes qu’elles se donnent, des oppressions ayant un caractère universel. Par conséquent il mène à nier la possibilité même d’un combat et d’un projet commun pour l’émancipation. Nous avons pourtant la prétention de porter un projet de transformation révolutionnaire de la société … qui n’a pas pour bornes les frontières de l’hexagone. Pour ne prendre qu’un exemple, le naturisme n’est-il envisageable qu’au nord de la Méditerranée ? Le corps ne peut-il exulter que lorsqu’il est blanc ?
Les ennemis de nos ennemis sont-ils toujours mes amis ?
Des camarades (heureusement peu nombreux) semblent parfois estimer que les femmes voilées représentant l’avant-garde du combat contre la politique raciste menée par les classes dominantes occidentales depuis le 11 septembre, et plus globalement contre l’impérialisme. Premier problème de taille : il faudrait donc à tout prix qu’elles continuent à porter le foulard. Il y a là une contradiction que nous aurons bien du mal à résoudre. Mais au delà, il nous faudrait non seulement être solidaires des mouvements de résistance à l’impérialisme (ça, c’est un principe) mais aussi nous identifier politiquement aux courants qui l’affrontent. Mais là encore, quelle place reste-t-il pour notre projet ? Entre l’OTAN qui bombarde et les Talibans qui brûlent les écoles de filles, il n’y aurait plus de place pour une position de type « ni-ni » ? Oubliée, la critique du stalinisme revendiquée durant la guerre froide ?
La société, le parti, le projet
Dans la discussion, différents niveaux sont régulièrement confondus. La position que nous défendons pour la société telle qu’elle est n’est pas la même que celle que nous revendiquons pour le parti, porteur d’un message politique. Bien plus, nous devons être capables d’imaginer une société conforme à notre projet, radicalement différente de la société actuelle du point de vue des rapports sociaux. Ainsi, dans une société raciste et sexiste, nous ne sommes pas pour interdire la burqua, mais nous avons un point de vue sur cet instrument d’oppression, nous n’intégrerions pas dans le NPA une femme qui le porte, et nous nous prenons à imaginer une société dans laquelle cette forme d’oppression aurait disparu. Nous ne pensons pas qu’il faut interdire aux femmes de ne pas avoir un travail salarié, mais qu’il faut mettre en place tous les moyens qui lui permettent d’en avoir un. Nous ne choisirions vraisemblablement pas comme porte parole une femme qui revendique publiquement le choix de rester chez elle pour s’occuper de ses enfants. Et nous imaginons pour la société future des modes d’organisation qui permettent de penser différemment la question du travail et de l’éducation des enfants.
Quant à savoir par quels moyens on fait advenir la société future, nous avons sans doute un peu de temps pour réfléchir. Mais certainement pas en en rabattant sur le projet émancipateur et collectif.
Le foulard musulman : choix « personnel » ou message politique ?
Josette Trat (CNIF, Paris)
Les soutiens d’Ilham nous ont fait deux reproches essentiels : notre intolérance face aux choix « individuels » de jeunes en opposition au post-colonialisme, (porter un foulard musulman par exemple) et notre prétention à donner des leçons de féminisme à la nouvelle génération, alors que nous sommes toutes « aliénées ».
Derrière ces appels à plus de tolérance ou de modestie se profile la volonté délibérée de « dépolitiser » le débat, de banaliser certaines pratiques. Depuis la contre offensive capitaliste des années 1980, nous assistons à la remontée de courants réactionnaires. Certains prônent le retour à l’ordre moral pour redonner des « repères » à une jeunesse prétendument corrompue par la société de consommation, les mouvements féministes, gays et lesbiens etc. et les autres proposent au contraire le modèle de l’individualisme marchand où chacun est censé « faire ce qu’il veut » en fonction, bien évidemment, de ses moyens financiers, de son « capital culturel et social ». Les premiers préconisent un retour aux valeurs religieuses les plus normatives et un modèle complémentaire des sexes ; les autres, la « liberté » de se prostituer ou non, de recourir aux mères porteuses etc. de porter un string ou un voile etc. L’argumentation qui nous a été servie pour la candidature d’Ilham s’inscrit dans ce contexte idéologique.
Les partisan-e-s de cette candidature n’ont cessé de mettre en avant son « identité musulmane ». Pour dire quoi ? Que le racisme anti-musulman est insupportable ? Que la guerre contre l’Irak et l’Afghanistan est criminelle ? Qu’il faut développer la solidarité avec le peuple palestinien ? En quoi est-ce une lutte spécifique des musulmans ? Tous ces combats s’inscrivent dans la tradition internationaliste et antiraciste de l’ancienne LCR et de tous les progressistes. Se présenter comme candidate musulmane, c’est introduire une confusion politique et un ferment de division particulièrement dangereux. Mais peut-être Ilham et ses soutiens cherchaient-ils à démontrer autre chose : qu’Ilham, grâce à son foulard, défend la « pudeur » des femmes ? Les autres femmes non voilées, musulmanes ou pas, seraient-elles donc « impudiques » et moins dignes de respect ? C’est ce qu’elle a laissé entendre dans les interviews quand elle a déclaré que point n’était besoin de porter une mini-jupe (le comble de l’indécence ?) pour être féministe, reprenant tels quels les stéréotypes véhiculés par bon nombre d’imams dans les mosquées sur les « féministes occidentales ». Une manière encore une fois d’introduire le poison de la division entre femmes sur la base de préjugés sexistes.
Les soutiens d’Ilham évitent de répondre à ces questions en prétendant que son foulard est un choix « purement personnel », qu’elle est ni plus ni moins aliénée que les autres militant-e-s.
Si nous contestons le voile d’une candidate voilée, ce n’est pas pour nous immiscer dans sa vie privée mais parce que nous dénonçons un choix politique qui alimente le repli communautaire, suscite la division et nourrit les discours les plus réactionnaires sur la sexualité. Il ne s’agit pas non plus de notre part de donner des leçons d’émancipation à qui que ce soit mais de défendre une conception du parti radicalement divergente de celle défendue par Ilham et ses soutiens.
Nous construisons un parti comme le NPA pour mener un combat collectif, unifier tous les exploités et les opprimés, femmes et hommes, dans une perspective anticapitaliste, antiraciste, internationaliste et … féministe. Notre parti se déclare laïque, ce qui signifie qu’il est possible de partager ces objectifs tout en étant athée, croyant-e ou agnostique MAIS à condition de refuser les divisions en termes de communautés religieuses. Or afficher son appartenance religieuse, c’est faire du prosélytisme religieux et introduire la division, ce qu’a prouvé amplement l’exemple du Vaucluse.
Par ailleurs, pour défendre ce projet, il faut être convaincu-e-s que pour lutter contre l’injustice sur terre, personne, pas même Dieu, ne peut remplacer l’action collective des femmes et des hommes qui en sont victimes. En ce sens, il n’y a pas de « sauveur suprême ».
Enfin le parti que nous construisons n’est pas la simple juxtaposition de nos « aliénations » respectives mais s’organise autour d’un projet de société pour lequel nous militons.