La direction de la SNCF réorganise l’ensemble de l’entreprise en différentes entités cloisonnées, dédiées à un seul type d’activité (marchandises, grandes lignes, TER, etc.) et mises en concurrence entre elles. Dans chacune de ces entités, la direction mène une politique de massives suppressions de postes (moins 22 000 depuis 2002) et impose un blocage des salaires. Partout, l’objectif imposé est de faire travailler plus avec de moins en moins de cheminots. Pour cela, la direction cherche à imposer une dégradation des conditions de travail, notamment en contournant la réglementation du travail. Le PDG de la SNCF, Guillaume Pépy, n’a pas caché son intention de vouloir imposer à environ 25 000 cheminots dédiés à l’activité de transport régional de voyageurs (TER) une réglementation à la baisse pour être encore plus compétitif face à la « concurrence ».
Dans la branche du transport de marchandises (fret), la direction cherche par tous les moyens à se débarrasser des transports estimés économiquement non rentables, quitte à mettre des centaines de milliers de camions supplémentaires sur les routes. Elle cherche à supprimer des milliers de postes, à fermer des triages et des gares de marchandises. Dans cette branche, où la direction organise une baisse brutale de l’activité, des journées de chômage technique, dites « inutilisées », sont imposées à bon nombre d’agents, ceux de la conduite en particulier, ce qui se traduit par des pertes de salaires. Ceci, alors que d’autres services sont en sous-effectif au point de ne pouvoir assurer tout le service prévu.
Bon nombre de cheminots comprennent que la nouvelle organisation (un démantèlement pour les syndicats) préfigure une possible séparation de certaines activités de la SNCF, leur transformation en filiales, voire leur privatisation à terme. La SNCF recentre ses activités sur ce qui lui semble être le plus rentable à court terme, sans se soucier de l’intérêt de la collectivité à long terme. Cela se traduit aussi par une augmentation continue du prix des billets pour les usagers.
L’État se désengage en investissant de moins en moins dans le secteur ferroviaire. Pour l’Europe, comme pour le gouvernement français, c’est un secteur qu’il faut libéraliser en le confiant à la concurrence et au secteur privé.
Face à cette politique contraire aux intérêts des usagers et des cheminots, seule peut répondre une mobilisation importante. Les cheminots, comme l’ensemble des travailleurs, n’ont aucune raison d’accepter un recul de leurs conditions de travail et de salaires.
Dans plusieurs régions, des préavis de grève reconductibles ont été déposés pour le 6 avril au soir, notamment par la CGT Cheminots. SUD-Rail a posé un préavis de grève reconductible dès le 23 mars.
Après le succès des grèves du 3 février et du 23 mars à la SNCF, où environ un cheminot sur trois a cessé le travail, espérons qu’un maximum de cheminots auront saisi cette occasion pour faire monter d’un cran la riposte. Seule une grève déterminée de tous les cheminots pourra imposer la satisfaction des revendications élémentaires : des embauches, des augmentations de salaires, l’arrêt de toutes ces restructurations.
Axel Persson
* Paru dans Hebdo TEAN # 50 (08/04/10).
SOLIDAIRE DES CHEMINOTS EN GRÈVE
COMMUNIQUÉ DU NPA
A l’initiative de deux syndicats de cheminots, la CGT et Sud-Rail, une grève touche le service ferroviaire.
Par ce mouvement, les cheminots grévistes veulent s’opposer au plan Destination 2012 qui a pour objectif de supprimer des milliers de postes, à liquider le service fret au bénéfice du transport routier, en contradiction complète avec les préconisations du Grenelle de l’environnement.
La direction de la SNCF, en accord avec la politique du gouvernement Sarkozy, par plans successifs, travaille à la privatisation et au démantèlement du service public ferroviaire.
Le NPA est solidaire de la lutte des cheminots et de leurs revendications, contre les suppressions d’emplois, le démantèlement et la privatisation de la SNCF, la destruction du service fret et de ses infrastructures.
Contre la politique de libéralisation en France et en Europe, le NPA défend le maintien du service public ferroviaire, voyageurs et marchandises, ce qui suppose un rejet de la filialisation, de la concurrence, des embauches de cheminots et l’amélioration des conditions de travail.
Le 7 avril 2010.
DÉFENSE DU FRET : APPEL À UNE MOBILISATION POPULAIRE !
L’appel massif à la défense du fret met le gouvernement et les institutions européennes face à leurs contradictions : prétendre défendre l’environnement tout en cassant le transport ferroviaire public.
Le Grenelle de l’environnement avait décidé de freiner les projets autoroutiers, sauf ceux qui étaient déjà en cours de réalisation ou pour lesquels les décisions avaient déjà été prises. Au final, poursuite des projets autoroutiers et destruction du transport de marchandises par le rail. Cela s’inscrit dans un contexte où les attaques libérales du gouvernement français et des institutions européennes contre l’ensemble des services publics (santé, éducation, transports, etc.) provoquent de plus en plus rapidement des contradictions insurmontables.
Lors de la rencontre nationale du 6 février de Urgence climatique Justice sociale (UCJS), collectif dont fait partie le NPA, un appel pour des mobilisations populaires en défense du fret ferroviaire a été rendu public. Cet appel initié par SUD-Rail a été finalisé avec dix associations et partis politiques dont le NPA. Il pointe les conséquences des politiques concernant le Fret ferroviaire « libéralisé » suite aux décisions prises par les gouvernements européens depuis 1991, par ailleurs en contradiction complète avec les annonces « écologiques » du gouvernement Sarkozy et celles de la direction de la SNCF. Ce dernier, au fil des restructurations, dilue le service public de transport ferroviaire dans une holding (old dingue ?) purement capitaliste.
La politique menée a pour conséquence première la disparition du transport ferroviaire par wagons isolés (jugé non rentable financièrement) qui va encombrer les routes d’encore plus de camions. Une véritable réussite pour le Grenelle de l’environnement ! Mais cela ne risque pas de déranger la SNCF, principal transporteur routier en France avec ses filiales.
Ensuite, cette politique va supprimer à court terme 5 000 emplois de cheminots et mettre une pression supplémentaire sur les agents restants, afin de casser la réglementation du travail applicable et donc dégrader leurs conditions de travail. C’est un des aspects d’un récent rapport de la Cour des comptes qui « dénonce » les rigidités réglementaires qui occasionnent « des surcoûts inacceptables ». La SNCF réfléchit d’ailleurs aux possibilités de transfert de ses agents vers des filiales ou des sociétés privées.
Le dernier exemple en date est la création d’un Opérateur ferroviaire de proximité sur la région Auvergne, avec la disparition de 400 emplois de cheminots qui pourraient être reversés dans une société privée. La direction Marchandises SNCF-Geodis refuse de donner la moindre information aux représentants du personnel sur quoi que ce soit au prétexte du secret commercial.
Enfin, la religion libérale va dégrader encore plus la sécurité des circulations, déjà mise à mal par la séparation de 1997 entre la SNCF et RFF (Réseau ferré de France). De nombreux incidents, mettant en cause des sociétés privées ferroviaires fret, ont déjà été constatés et tus. À ce jour, il n’y a pas encore eu d’accidents graves, heureusement ! Mais la politique du risque calculé à déjà montré sa dangerosité dans d’autres pays (Italie, Angleterre, etc.).
Cet appel conclut que, comme pour tous les services publics, la libéralisation a un coût social : pour la communauté (transports routiers plus importants donc plus de pollution) et pour les cheminots (suppression de postes et dégradation des conditions de travail), au profit d’une minorité qui, dans ce cas, joue au cheminopoly.
Emparons-nous de cet appel pour mener campagne auprès des salariés et des usagers, et défendons une politique des transports sociale et écologiste.
Jean Massil
Dimanche 28 février 2010
SNCF : DÉMARRER UN MOUVEMENT D’AMPLEUR
Une grève des cheminots est appelée, mercredi 3 février, contre les suppressions d’emplois et la dégradation du service public de la SNCF. Pour inverser la tendance et gagner, il faut qu’elle soit le point de départ d’un mouvement prolongéet résolu.
Après France Télécom, EDF-GDF et La Poste, la SNCF est dans le viseur du gouvernement. Un des objectifs du plan Destination 2012 est d’éclater l’entreprise publique en un maximum d’entités distinctes et de les confier au privé, en nivelant vers le bas les conditions de travail et de rémunération des cheminots.
Le mécontentement, accumulé depuis des années, est palpable dans tous les secteurs de l’entreprise. Principalement sur les salaires qui stagnent à un niveau toujours aussi bas, au point que certains cheminots gagnent à l’embauche moins que le Smic.
En huit ans, près de 22 000 emplois sous statut ont été supprimés et le budget 2010 prévoit d’en supprimer 3 600 de plus. Ces milliers de suppressions de postes ont des conséquences directes sur la qualité du service public ferroviaire, comme on a pu le voir ces dernières semaines, la SNCF ayant eu le plus grand mal à rétablir le trafic après les intempéries.
La loi du fric remplace la logique de service public. Ainsi, pendant que Sarkozy se positionne en défenseur de l’environnement, les plans successifs de restructuration du fret ferroviaire ont supprimé des milliers d’emplois et ont amené près de 2 millions de camions supplémentaires sur les routes en dix ans. Aujourd’hui, c’est au tour du TGV de faire les frais de cette politique, avec le projet de supprimer ou réduire certaines dessertes jugées déficitaires comme le Paris-Arras, Lille-Strasbourg ou Nantes-Strasbourg.
À cela s’ajoutent les attaques contre les acquis sociaux restant encore aux cheminots, comme leurs réductions sur les billets de trains. Après avoir renoncé à les supprimer en 2009, par crainte d’une réaction forte, la direction laisse entendre qu’elle va retenter le coup. Les annonces de nouvelles attaques contre les retraites, Sarkozy ayant annoncé vouloir à nouveau allonger la durée de cotisation, font aussi grogner les cheminots, comme bien d’autres travailleurs.
Depuis début 2009, les cheminots se sont mobilisés fortement à l’appel des confédérations syndicales, par la grève et leur présence massive dans les cortèges, démontrant qu’ils refusent cette politique et ne comptent pas se laisser faire. Mais la répétition de journées de grève, espacées de plusieurs mois, sans revendications claires, sans suite, n’a pas permis la construction d’un mouvement d’ensemble, capable de mettre un coup d’arrêt aux attaques. Un tel mouvement reste pourtant nécessaire.
Les organisations syndicales CGT, Unsa, SUD-Rail et CDFT ont déposé un préavis de grève pour mercredi 3 février. SUD-Rail s’est prononcé pour l’organisation d’une grève reconductible si la direction ne fait pas marche arrière. La CGT Cheminots laisse aussi entendre qu’il y aura une suite de plus haut niveau si la direction ne recule pas. La réussite de cette journée de grève est donc importante dans la construction d’un rapport de forces à la SNCF.
L’année 2009 a vu de nombreux conflits éclater dans différents établissements de l’entreprise : pour des embauches, contre des réorganisations, etc. Plusieurs de ces luttes ont réussi à faire faire à la direction de petits pas en arrière. Tous ensemble, les cheminots ont les moyens de lui en faire faire un très grand !
Axel Persson et Rémi Guaille
* Paru dans Hebdo TEAN # 40 (28/01/10).