A l’écart du tumulte provoqué par la gestion sanitaire scandaleuse de la grippe A, la fièvre catarrhale ovine (FCO) est un très bon exemple de ce qui se prépare en termes de prise en charge sanitaire de la santé animale et humaine. À l’heure où le sanitaire est coincé entre une volonté libérale de désengagement de l’État du service public de la santé et une stratégie délibérée d’utiliser la réglementation sanitaire pour gérer les échanges commerciaux en uniformisant le monde agricole et en favorisant les industries pharmaceutiques, les perdants sont comme toujours les éleveurs et les consommateurs.
Le gouvernement a d’abord essayé de cloisonner des territoires pour ne pas remettre en cause les exportations françaises. Quand la méthode de l’autruche a échoué, il a décidé l’éradication de cette maladie par la vaccination obligatoire et la désinsectisation des élevages (contrairement aux autres pays européens et à l’avis de l’Organisme international des épizooties).
Mais ce but est impossible à atteindre. Non seulement la FCO est une maladie trop variable, mais c’est postuler que tous les élevages sont intensifs, qu’il n’y a plus d’animaux sauvages, et qu’enfin, il est possible de dépenser des millions d’euros (100 pour la dernière campagne) pour acheter ces vaccins.
C’est passer outre l’évaluation de la dangerosité de ces vaccins, confiée aux industriels, c’est passer outre les modes d’élevage alternatifs qui préfèrent privilégier l’immunité naturelle (comme une bonne partie des agriculteurs biologiques) et la volonté des consommateurs de ne pas manger que de la viande industrielle polluée par les vaccins et autres médicaments. Et enfin, c’est passer outre la nécessité de réduire les traitements, et en particulier les désinsectisations, cause (entre autres) de l’ effroyable mortalité des abeilles.
Cette gestion sanitaire est un cas d’école. Le gouvernement délaisse son rôle sanitaire, le confie aux industriels en leur achetant les produits qu’il juge nécessaire de faire utiliser pour tous les élevages. Il refuse donc de promouvoir d’autres méthodes de prophylaxie existantes, et oblige les éleveurs à vacciner. Ces contraintes sanitaires signent la fin des petits élevages et les oblige à s’engager dans un cercle vicieux médicamenteux, nuisible tant pour la santé des troupeaux que pour leur diversité.
Face à ces aberrations, il existe un mouvement d’éleveurs qui exigent d’avoir le choix de vacciner ou pas. Après une vague de procès-verbaux, la répression pour non-vaccination contre la FCO passe à la vitesse supérieure : les « refuseurs » sont appelés à comparaître devant les tribunaux. Les collectifs pour la liberté vaccinale, la Confédération paysanne, la Fédération nationale d’agriculture biologique, Nature et Progrès, le collectif des vétérinaires GIE zone verte, appellent à une mobilisation nationale pendant ces procès. Le NPA est solidaire des refuseurs et appelle tous les citoyens à se joindre à leur lutte.
Commission agriculture du NPA
La fièvre catarrhale ovine est une maladie des bovins, ovins, caprins, équins ainsi que des animaux sauvages. On la trouvait habituellement dans les régions chaudes, mais du fait du réchauffement climatique, elle peut désormais exister en Europe. Progressivement, par les échanges commerciaux, elle a « colonisé » une grande partie de l’Europe. Elle est caractérisée par des combinaisons de « versions de la maladie » différentes sur les territoires (plus de 24 sérotypes). Elle n’est ni transmissible à l’homme ni contagieuse, car elle se transmet par l’intermédiaire d’un moucheron.
* Paru dans Hebdo TEAN 51 (15/04/10).
FIÈVRE CATARRHALE OVINE : NON À DES POLITIQUES SANITAIRES IRRESPONSABLES !
COMMUNIQUÉ DE LA COMMISSION « AGRICULTURE ET PÊCHE » DU NPA
Malgré la contestation de la campagne de vaccination au but illusoire d’éradiquer la fièvre catarrhale ovine de l’année dernière, le Ministère de l’Agriculture, non seulement la reconduit pour 2009-2010 mais amplifie la répression envers les éleveurs qui refusent de vacciner.
Pourquoi tant de remous pour une maladie animale qui n’est ni contagieuse ni transmissible à l’homme ? Pourquoi tant d’argent public dépensé pour une maladie qui est bénigne dans la majorité des cas et qui permet le développement d’une immunité naturelle efficace ?
Cette campagne de vaccination permet au gouvernement de masquer le manque de réelles politiques de soutien envers un monde agricole en crise, mais permet aussi de mobiliser de l’argent public pour faire tourner les industries pharmaceutiques (en déclarant l’état d’alerte) et servir les lobbies vétérinaires. Mais surtout il oblige les éleveurs à se plier à des schémas de production industriels, en inventant toujours plus de règles sanitaires.
Le NPA affirme son soutien aux éleveurs ayant refusé de vacciner et en bute à la répression (procès-verbaux, convocations à la gendarmerie et menaces de sanctions financières.)
Le NPA défend le libre choix de l’éleveur : il doit pouvoir choisir s’il vaccine ou pas contre la FCO. Il tient à souligner que le rôle de l’Etat est d’organiser et de prendre en charge des politiques sanitaires responsables.
Le gouvernement, à travers le Grenelle de la Santé Animale qui est prévu en Janvier 2010, va dans le sens de la privatisation et du désengagement pour le seul bénéfice des industries pharmaceutiques et agro-alimentaires, au risque de la santé des animaux et de la qualité de notre alimentation.
Le 3 décembre 2009. La commision agriculture et pêche du NPA.