Rabat, le 16 avril 2010
La journée de la Terre et de l’environnement au Maroc
Non aux solutions libérales pour protéger l’environnement.
Oui à des alternatives radicales dans le cadre du mouvement international pour la justice climatique.
De 17 au 24 avril prochain, le régime marocain se prépare à célébrer la journée de la Terre et de l’environnement. En plus de Shanghai, Bombay, Rome et New-York, Rabat sont les villes choisies pour accueillir ses festivités.
Si la préservation des ressources hydrauliques est une des principales recommandations mondiales de cet événement, le Maroc a choisi de « remercier » un holding pour avoir assécher cet bien commun. Ainsi le Commissaire de ces festivités n’est nul autre que Meryem Bensaleh Chakroun, directeur général des Eaux minérales d\’Oulmès ! Cette entreprise et le holding Holmarcron dont elle fait parti ont bâti l’essentiel de leur richesse colossale sur l’exploitation des eaux minérales des Marocains commercialisées à travers les marques Oulmès, Sidi Ali et Ain Atlas. Le choix de cette chef d’entreprise « citoyenne » résume à lui seul comment le Maroc compte défendre son environnement.
Les festivités de la journée de la Terre seront marquées par l’annonce de la Charte nationale pour l’environnement et le développement durable. Le projet de ce document confirme l’option du Maroc en matière de développement économique libéral qui se décline dans des choix politiques et économiques antipopulaires. Ces choix qui ont prouvé leur échec que ce soit pour créer un développement humain tant attendu ou pour protéger les écosystèmes.
Pour protéger son environnement le Maroc, à l’image d’autres pays, il délègue cette mission vitale aux entreprises qui portent une grande responsabilité dans la détérioration de la situation de l\’environnement tel le cas de l\’ONA. D’une part, Managem, une des filiales du holding, à travers ses activités d’extraction minière causent des catastrophes écologiques comme c’est le cas pour la mine de Blida dans la ville de Jrada. Et d’autre part, Nareva, la filiale « verte » de l’ONA s’accapare une bonne partie des marchés de ce qu’on appelle abusivement des projets de développement durable, surtout dans l’énergie éolienne et solaire. De sorte que le holding royal a fait du « green business » un des principaux relais de croissance pour les années à venir. C’est tout dire.
La dernière trouvaille, l’entrée de Nareva dans le tour de table du projet pharaonique DESERTEC visant à créer un réseau géant de stations éoliennes et solaires allant du Maroc à l’Ouest jusqu’en Arabie Saoudite à l’Est pour environ 400 milliards d\’euros. Le projet vise à couvrir 15% des besoins énergétiques de l’Europe. Le « bras vert » de l’ONA, rejoint ainsi un groupe de seize multinationales dont Enel Green Power (Italie), Saint-Gobain Sol (France), Red Electrica et Abengoa (Espagne) et Siemens, EON, Deutsche Bank, le réassureur Munich Re, RWE et DII (Allemagne). Toutes entreprises converties au capitalisme vert.
Devant cette situation et ces éléments, nous à ATTAC Maroc on déclare ce qui suit :
– Notre opposition à tous les projets qui ont pour finalité la maximisation des profits sous couvert de protection de l’environnement.
– La protection des espèces et des écosystèmes est étroitement liée à la question de la propriété des richesses naturelles et la nécessité qu’elles soient sous souveraineté populaire. Ces richesses doivent être considérées comme des biens publics communs. Ni une personne physique ni morale ne pourra y mettre la main dessus.
– L’arrêt immédiat de toutes les ventes ou cessions à durée déterminée des ressources naturelles aux multinationales et leurs alliés locaux.
– Notre refus du système des Partenariats Public Privé (PPP). Dans le cas du Plan Maroc solaire par exemple, le pays sera otage d’entreprises, hors de tout contrôle populaire dans ce secteur vital. Et qui devrait fournir 42% de nos besoins en énergie à partir de 2020.
– Nous rappelons que la protection de l’environnement passe avant tous par la l’appropriation des citoyens de tous leurs espaces vitaux ainsi par leur prise de décision souveraine afin de permettre un contrôle populaire de tout exploitation des ressources au service de tous les citoyens et des générations futures.
– Nous soutenons la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la \« Terre-Mère\ » à Cochabamba du 19 au 22 avril 2010 en Bolivie. Cette initiative du président Evo Morales connaitra la participation du réseau mondial pour la justice climatique. Son objectif c’est de dépasser l’échec de Copenhague et réussir la où ont échoué les représentants mondiaux du capitalisme vert. Ce sommet permettra de s’arrêter sur les causes structurelles et systémiques des changements climatiques, publier la « Déclaration universelle des droits de la Terre-Mère », travailler à l\’organisation d\’un référendum mondial des peuples sur le changement climatique et avancer sur un plan d\’action pour la création d\’un tribunal international pour la justice climatique…
Attac Maroc
Secrétariat national
Annexe :
La dégradation de la situation environnementale se manifeste par :
– La pollution des eaux de surface, de la nappe phréatique et des mers. Ceci est dû au faite que 90% des eaux utilisés sont déversés dans la mer sans traitement. 2% des eaux sont jetés dans les bassins ou sur terre, le reste est déversé en mer. 964m3 sont les eaux des unités industrielles. A cela s’ajoute les 300 décharges de déchets non réglementaires.
– 1670 espèces végétales, 610 espèces d’animaux, 85 espèces marines et 98 espèces d’oiseaux sont en voie de disparition. En somme, notre diversité naturelle et biologique est menacée.
– La détérioration de la situation environnementale coûte à l’économie nationale 4% du PIB/an.
ATTAC Maroc
Contre la mondialisation libérale
Membre du réseau CADTM