Affaire Hassi Messaoud : Nadia Kaci répond au ministre algérien de la Solidarité
(1001femmes.eu)
« Il n’y a aucune volonté politique d’agir. Le ministre continue à déployer toute son énergie à attaquer et salir les victimes »
Le déni toujours. Une fois de plus, lors du dernier séminaire du 27 avril 2010 sur les victimes du terrorisme, le ministre de la Solidarité, M. Ould-Abbès, a déployé toute son énergie à nier les agressions dont sont continuellement victimes les travailleuses de Hassi Messaoud. Il entonne même l’éternelle rengaine de la manipulation et du complot extérieur. Une inversion des rôles et des situations à laquelle le gouvernement algérien nous a désormais habitués sur ce dossier.
En 2001, un lynchage avait été organisé contre plus d’une centaine de travailleuses de la ville pétrolière. Violées, torturées, brûlées, enterrées vives… les femmes n’avaient pas obtenu justice. Rien d’étonnant alors à ce que les exactions reprennent aujourd’hui comme hier.
Nadia Kaci, comédienne et auteur de « Laissées pour mortes - Le lynchage des femmes de Hassi Messaoud », de retour d’Algérie, parle de la situation des femmes sur place et répond aux accusations du ministre.
ENTRETIEN
Lors du dernier séminaire initié par l’Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVT), le ministre de la Solidarité a démenti l’existence de plusieurs plaintes à Hassi Messaoud. Il parle de “deux plaintes seulement” (sic) ?
Nadia Kaci : Malgré le refus fréquent de la part de policiers d’enregistrer les plaintes et les nombreuses tentatives d’intimidation, on compte en réalité bien plus que ces « deux plaintes seulement » citées par le ministre. Cette posture de déni est odieuse et gravissime de la part d’un ministre dit de Solidarité. On sait désormais qu’il n’y a aucune volonté politique d’agir pour cesser ces violences.
Que pensez-vous de la politique de « réconciliation » promue également lors de ce séminaire ?
Elle est évidemment extrêmement mal menée. Cette politique de réconciliation, lancée sur le dos des victimes, exclue toute possibilité de réparation. En refusant de juger les bourreaux qui courent toujours dans la nature, elle empêche aussi toute reconstruction possible. En fait, on construit sur des sables mouvants. La répétition est alors inévitable. Si ces agressions continuent, c’est précisément à cause de cette politique de réconciliation et d’impunité ininterrompue. Ce n’en est que la conséquence logique.
Quelle est la situation actuelle des travailleuses de Hassi Messaoud ?
On observe aujourd’hui un calme relatif avec encore des sursauts de violence, de poursuites dans la ville entre policiers et agresseurs. J’espère cependant que ce calme durera plus d’une semaine. Mais si la police fait plus souvent des rondes, elle s’en prend aussi davantage aux femmes. Elle les fouille, les humilie, embarque les couples non mariés. Il y aurait même une chasse aux femmes avec enfants et sans livret de famille (mères célibataires). Ces femmes seraient expulsées de la ville. Je suis en contact avec certaines femmes, mais il est difficile d’avoir des informations. Il y a sur cette affaire un véritable black-out. L’Algérie refuse de délivrer des visas presse pour ceux qui souhaitent enquêter sur place. Mais la mobilisation ne doit surtout pas retomber, pas plus que l’intérêt des médias pour la cause des femmes algériennes.
Qu’en est-il justement de cette mobilisation internationale ?
Des actions multiples se mettent en place (manifestation, comme ce 1er mai, envoi de courriers aux entreprises étrangères, ambassades, etc…) et des comités de soutien voient le jour. On commence tout juste en France à découvrir l’importance de cette violence exercée contre les femmes en Algérie. Cette prise de conscience internationale est d’autant plus importante que le gouvernement algérien a montré par ses dernières déclarations qu’il n’a aucunement l’intention d’agir pour la faire cesser. Une fois encore, le ministre de la Solidarité a fait le choix de s’en prendre aux victimes plutôt qu’aux agresseurs, les accusant même de manipulation.
Propos recueillis par Yann Barte
* sur http://www.1001femmes.eu/
Algérie : Hassi Messaoud 2001 - 2010 - Aujourd’hui comme hier
Depuis dix ans, Hassi Messaoud est un terrain de jeu pour hommes frustrés. Des hordes, de type Ku Klux Klan, violent et torturent les femmes en toute impunité. Dans le Courrier De l’Atlas d’avril nous revenions sur le lynchage de juillet 2001. En une nuit, 105 femmes (chiffre du ministère de la Solidarité) avaient été violées, brûlées ou enterrées vivantes. Rien alors n’avait été fait pour les protéger, les reloger, leur retrouver un emploi.
Parce que justice ne leur a pas été rendue, les femmes de Hassi Messaoud connaissent chaque soir de nouvelles agressions. Le quotidien El Watan et la comédienne Nadia Kaci, auteur de ’Laissées pour mortes’ (ed. Max Milo, fév. 2010) tirent à nouveau la sonnette d’alarme. Chaque soir, des hommes cagoulés forcent les logements des femmes, volent, violent, tabassent. Selon nos deux sources, l’une d’elles s’est retrouvée le mois dernier avec un tournevis dans le ventre, tandis qu’une autre a été brûlée au troisième degré. Le tort de ces femmes : vivre seules, poussées par la pauvreté à émigrer vers la ville pétrolière.
Pas vraiment à l’aise avec le sujet, le poste de la Sûreté nationale de Hassi Messaoud, mis en accusation par la presse, a préféré nous raccrocher au nez, tandis que victimes et associations se réunissaient à Alger pour exiger une protection de l’Etat.
Y.B.
* Source : Le Courrier de l’Atlas, 1 mai 2010
Photos des Manifestion a Paris Contre de Lynchage des Femmes à Hassi Messaoud, Algérie. Voir :
article1921
Femmes de Hassi Messaoud
Que fait le pouvoir algé RIEN ? Une minute pour les femmes de Hassi Messaoud
Face à l’intertie des pouvoirs publics algériens, une mobilisation internationale naît en solidarité avec les travailleuses agressées de Hassi Messaoud. A Paris, le Collectif de Solidarité défilait pour la première fois ce 1er mai.
Pour l’instant, non seulement le gouvernement algérien nie la gravité des faits, mais il va jusqu’à accuser les victimes de manipulation. Comme en 2001, les travailleuses de Hassi Messaoud continuent d’être agréssées.
Sur l’air de l’hymne national algérien…
Vidé à voir sur : http://www.siawi.org/article1917.html
Algérie : les victimes des attaques contre les femmes dans le sud s’organisent
Violences à l’égard des femmes à Hassi Messaoud : Les victimes et les associations exigent une protection de l’Etat
Dans une lettre ouverte adressée au wali d’Alger, douze femmes, victimes de violences à Hassi Messaoud, interpellent le premier responsable de la wilaya de Ouargla, dont dépend la ville de Hassi Messaoud où elles ont fait l’objet d’agression.
Les signataires indiquent qu’« en raison de l’absence de sécurité, chaque soir des jeunes armés de couteaux, barres de fer, sabres et bâtons attaquent leurs domiciles pour voler tout ce qui a de la valeur avant de les humilier et de les tabasser ». De ce fait, elles appellent le wali à « prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des citoyennes de Hassi Messaoud et celle de leurs biens ». Parallèlement, plusieurs associations ont condamné hier ces violences et interpellé aussi les autorités sur ce qu’elles qualifient de « graves dérives ». Dans un communiqué commun signé à l’issue d’une réunion tenue à Alger, mardi dernier en fin de journée, les représentants du réseau Wassila, de l’Association pour la défense et protection des droits des femmes (ADPDF), de l’Association pour l’émancipation des femmes (AEF), de l’Association du planning familial (APF), de l’Anadde, de l’Atustep, d’Amusnaw, de l’Association d’aide aux victimes de violences femmes et enfants (Avife), du Centre d’information et de documentation des droits des femmes et des enfants (Ciddef), du Collectif des femmes du printemps noir, de l’association Djazairouna, de Femmes en communication (FEC), des femmes du PLD, de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), de la Ligue algérienne des droits de l’hommes (LADH), des associations Rachda, SOS Femmes en détresse, Tharwa Fatma N’sumer, ainsi que deux victimes des attaques de 2001, à El Haïcha (un quartier de Hassi Messaoud) Fatiha Mamora et Rahmouna, ont déclaré être « profondément choqués par la nouvelle tragédie vécue par des femmes venues de différentes régions d’Algérie travaillant et vivant dans des habitations précaires à Hassi Messaoud, une des villes les plus sécurisées du pays ». Ceci et de préciser que « le martyre qu’elles viennent de subir est la répétition macabre des événements de 2001 », lorsqu’une horde de 300 hommes avait attaqué une centaine de femmes à El Haïcha, leur faisant subir les pires atrocités.
Tout en réaffirmant leur « entière solidarité » aux victimes, les représentants du mouvement associatif ont exprimé leur « indignation et émotion face aux actes barbares que des criminels déchaînés commettent sans répit en venant et revenant plusieurs nuits de suite, depuis quelques semaines, sur les lieux de leurs forfaits (…). Des attaques relevant du même type d’agresseurs lâches et cyniques provoquant des actes méticuleusement organisés, donc mûrement prémédités sinon commandités. le même type de scénario d’horreur aussi où les criminels regroupés et encagoulés terrorisent chacune des victimes parce qu’elles sont isolées et sans défense. Encore le même type de violences extrêmes où la rapine, les injures et la torture visent à humilier et à réduire à néant les femmes parce qu’elles sont femmes. Et enfin la même volonté, via de tels actes de terreur, de dissuader toutes les femmes d’exercer librement leur droit au travail, où que ce soit sur le territoire national, et de les punir parce qu’elles vivent seules ». Selon les signataires, ces attaques « rappellent étrangement les viols collectifs des femmes par les terroristes, ce crime contre l’humanité, tache noire qui a mis en péril notre avenir et celui de toute la société ». Et d’indiquer que « cette répétition et continuité d’actes intolérables n’est possible que par la complicité et le silence non seulement des institutions et des autorités locales, mais aussi le laxisme de la société. D’ailleurs, l’absence de réaction citoyenne et de médiatisation de cet événement est frappante et inquiétante ». En conclusion, les associations ont appelé les pouvoirs publics à « assurer la protection de ces femmes victimes encore sous le coup de la menace quotidienne » et à leur garantir « une prise en charge globale (médicale, psychologique, sociale et juridique) ».
Par Salima Tlemçani
* Source : El Watan, 30 avril 2010
IL FAUT SOUTENIR LES FEMMES À HASSI MESSAOUD
COMMUNIQUÉ DU NPA
Pour un certain nombre de femmes, Hassi Messaoud, ville pétrolière abritant les sièges de multinationales, c’est la possibilité de trouver un travail, d’avoir un salaire et ainsi la possibilité de subvenir à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leurs familles.
Mais Hassi Messaoud est aussi un lieu où les femmes seules sont en danger, menacées et victimes de violences, de viols.
Les graves événements de 2001 se sont répétés ces dernières semaines.
Des groupes d’hommes se sont attaqués à elles, de nuit et leurs maisons a été saccagées, dans l’indifférence générale.
Ces faits témoignent de l’oppression des femmes qui perdurent en Algérie, d’un statut qui les empêche d’être autonomes, indépendantes et de pouvoir gagner elles-mêmes leur vie.
Pour le NPA, ces violences sont inacceptables et il est indispensable que des initiatives unitaires soient prises le plus rapidement possible pour condamner ces violences et exiger que les autorités algériennes fassent respecter l’égalité des droits entre hommes et femmes.
Le 30 avril 2010
STOP À LA BARBARIE CONTRE LES FEMMES ALGÉRIENNES
À Hassi Messaoud, dans le Sahara algérien, des femmes sont régulièrement attaquées. Depuis plusieurs semaines, des groupes d’hommes masqués s’introduisent chez elles la nuit, les menacent, les pillent, les frappent et les violent. Le crime de ces femmes, venues de différentes régions du pays pour travailler dans cette ville pétrolifère pour des compagnies étrangères, est de vivre seules. Dès lors, elles sont considérées comme « perdues » et une honte pour leur famille. Dénoncée par le quotidien algérien El Watan, le martyre de ces femmes prend ses racines dans le code de la famille qui leur confère un statut de quasi-mineure. Les récents événements rappellent cruellement les lynchages dont ont été victimes les femmes d’Haïcha, un autre quartier de Hassi Messaoud, en 2001. Un collectif d’associations s’est réuni pour dire « Stop à la barbarie » et lancer un appel à l’État afin qu’il fasse cesser cette situation. Malheureusement, celui-ci reste sans réaction.
* Paru dans « Tout est à nous », hebdomadaire du NPA, # 52 du 22/04/10.