Dans toutes les villes et les campagnes, sévit une crise structurelle, produit de l’application de politiques urbaines subordonnés au capital transnational, qui s’exprime dans une multiplicité de problématiques : la perte de la fonction sociale des villes ; la marchandisation des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux ; le creusement des inégalités sociales, économiques, de genre ; l’annulation de la participation de la société et l’absence de démocratie dans la prise des décisions d’intérêt public ; l’augmentation de l’insécurité malgré la croissance de la violence policière et militaire ; le déploiement en puissance des expulsions forcées comme pilier de l’urbanisme capitaliste ; la criminalisation des mouvements sociaux et la marginalisation des bonnes pratiques en matière de production sociale de l’habitat ; la détérioration environnementale, avec le déplacement des populations pauvres dans les zones à risque ; le non respect de la part des gouvernements des cadres réglementaires de défense du droit au logement établis aux niveaux national et international ; l’inefficacité de l’ONU-Habitat, trop occupée à renforcer sa bureaucratie et qui laisse champ libre au capitalisme spéculatif responsable de la bulle immobilière.
Face à cette situation, des initiatives voient le jour dans toutes les organisations sociales, les réseaux d’habitants qui résistent héroïquement aux expulsions, combattent les privatisations et la libéralisation du secteur du logement, occupent des immeubles vacants et des friches urbaines, défendant solidairement le droit au logement et à la ville. En outre, ils construisent des alternatives qui préfigurent différents modèles appelés à se transformer en politiques publiques urbaines et rurales, visant à un développement humain durable. Nombre de ces expériences sont accompagnées et soutenues par les pouvoirs locaux, les universités et les professionnels engagés.
Ceci démontre la capacité extraordinaire et la maturité des mouvements sociaux urbains, par leur implication créative, efficace et solidaire dans la résolution des différentes problématiques urbaines et rurales.
A Rio de Janeiro, dans le contexte du Forum Social Urbain, cette situation gravissime a été analysée parles organisations d’habitantsAfrique du Sud, Argentine, Bangladesh, Brésil, Etats Unis, Ghana, Haïti, Italie, Mexique, Nigéria, Pérou, République dominicaine, Russie, Sénégal, Ouganda, Venezuela, Zimbabwe et les réseaux AIH, Jubileo Sur, HIC et CCS.
Partageant les principes inscrits, entre autres, dans la Charte du FSM, la Charte de San Salvador, l’Assemblée Mondiale des Habitants (Mexique, octobre 2000) et l’Assemblée Mondiale des citoyens pour un monde solidaire et responsable (Lille, octobre 2001), soutenus par l’Appel pour l’unité des mouvements sociaux urbains, nous, habitants démocratiques et engagés avec la société, avons franchi un pas décisif pour aller au-delà des simples déclarations, en définissant des stratégies et des actions collectives, ce qui implique que nous nous dotions d’un programme et d’une forme d’organisation et que nous renforcions les alliances qui garantiront la réussite de notre lutte.
C’est le sens profond de la convocation de l’ ASSEMBLEE MONDIALE DES HABITANTS à Dakar en 2011, dans le cadre du FSM, comme espace commun et nécessaire pour échanger nos expériences, partager les analyses et définir des stratégies communes de luttes et d’alternatives, élaborer et approuver une plate-forme et un plan d’action qui fédère nos efforts pour contribuer à la conquête du Droit à la Ville, en assumant un rôle actif dans la défense de nos idéaux et de nos intérêts sociaux. C’est à dire vers la VIA URBANA.
A la base de cette analyse, nous avons convenu de :
– intégrer le Comité Promoteur Unitaire Global et constituer partout des Comités Promoteurs Unitaires Nationaux et Régionaux de l’ Assemblée Mondiale des Habitants, Dakar 2011 ;
– elargir la convocation à d’autres mouvements sociaux, ONG, institutions universitaires, gouvernements démocratiques à travers du monde ;
– instituer une plate-forme internationale de défense de l’ensemble de nos droits ;
– définir les mécanismes de coordination, d’information et de communication permettant le développement de ce processus démocratique ;
– diffuser cet Appel dans les espaces alternatifs, notamment dans les Forums Sociaux régionaux et thématiques, qui se tiendront d’ici à Dakar 2011.
Finalement nous réitérons notre volonté de consolider l’unité et appelons à la solidarité entre toutes les organisations, dans le respect de la diversité, de la multiculturalité et de leur autonomie.
HABITANTS DU MONDE UNIS POUR LE DROIT A LA VILLE !
Promoteurs :
Afrique du Sud : Abalhali
Argentine : Federación de Villas, Centro Integral Comunitario, Ex AU3
Bangladesh : Shelter for the Poor
Brésil : CONAM, MNLM, CMP
Etats Unis : PPEHRC, Alliance des Habitants des Etats Unis
Ghana : Women Land Access Trust
Haïti : PAPDA
Italie : Union des Locataires
Mexique : Union Popular Valle Gomez, UCISV-Pobladores AC, Coordinadoras de Colonias Unidas, MUP-CND, COPEVI
Nigéria : National Tenants Union
Pérou : FOVELIC, CENCA
République Dominicaine : Coophabi10tat
Russie : Union of Coordinating Soviets
Sénégal : CERPAC
Ouganda : Womens Land Access Trust
Venezuela : Red Metropolitana de Inquilinos
Zimbawe : WAI Promotor
AIH, HIC, Jubileo Sur, Programa Regional de Vivienda y Hábitat du CCS
Approuvé par la plénière du Forum Social Urbain (Rio de Janeiro, Brésil 25 Mars 2010).
info : www.habitants.org – info habitants.org