Brisons les habitudes des comptes-rendus et commençons, cette fois, par les aspects négatifs de ce forum social qui s’est déroulé du 28 au 31 janvier 2010 à Kpomassè au Bénin. On ne s’éternisera pas sur les aspects matériels et logistiques qui, parfois, étaient un peu défaillant, mais peut-on dire que c’est vraiment un problème ? Il valait mieux cette situation (certes un peu difficile pour le dos de ceux sujets aux rhumatismes) plutôt que des sponsors gouvernementaux ou d’entreprises qui dénaturent l’essence de ces forums sociaux.
Entre les représentants de la société civile et les populations du village qui accueillaient le forum, la principale critique porte plutôt sur leurs attentes différentes lors de ce forum. En effet, si elles se sont massivement mobilisées lors de la manifestation d’ouverture du forum, ces dernières s’attendaient plus à une aide directe et matérielle pour améliorer leurs conditions de vie. Ce quiproquo a pu être partiellement levé grâce aux rencontres entre les femmes des différentes ONG et les femmes du village ; ces discussions ont mis l’accent sur l’importance de l’auto-organisation pour mener à bien des projets de développement avec, à l’appui, les exemples d’expériences menées dans d’autres pays.
Côté positif, la participation importante des pays voisins du Bénin, notamment le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso et le Togo avec une délégation massive. Pour le pays hôte, toutes les organisations syndicales représentatives dans le pays étaient présentes ainsi que des organisations de jeunesse centrées sur les problématiques du développement économique. A noter la présence de la Fondation Rosa Luxemburg, liée à l’organisation allemande De Linke, la revue Afriques 21 et la présence d’un camarade vénézuélien.
Les débats ont mis en exergue la dégradation des conditions de vie des populations, comme en témoignent les organisations syndicales béninoises sur les luttes contre les suppressions d’effectifs dans les services publics, suite aux injonctions des institutions financières internationales. La question du micro crédit a été aussi discutée et elle est loin de faire l’unanimité parmi les populations, contrairement à ce que l’on peut croire dans les pays occidentaux. Si le constat était unanimement partagé sur les ravages de l’impérialisme en Afrique, des interrogations sont apparues sur les moyens à mettre en œuvre pour changer cette situation.
Certes des avancées, parfois significatives, existent comme au Mali où les dirigeants de ce pays sont désormais obligés de prendre en compte les revendications de la paysannerie. Cependant, on se rend compte que les multiples luttes éparses qui se déroulent sur le Continent, si elles sont salutaires, ne peuvent bloquer à elles seules le rouleau compresseur de la globalisation capitaliste. Aussi l’idée de ne plus se cantonner seulement au niveau des luttes sectorielles, mais de poser les problèmes dans leur globalité, c’est-à-dire au niveau politique, est une piste qui a suscité beaucoup d’intérêt.
Comment construire une force politique de rupture avec le capitalisme international ? Quel rôle peuvent jouer les organisations et associations militantes dans l’émergence de cette force ? Voilà des questions qui ont animé les réunions informelles des soirées du deuxième Forum social.
De notre correspondant