La police a ouvert le feu mercredi à Maputo sur des manifestants qui protestaient contre la cherté de la vie, tuant au moins six personnes dont deux enfants, a-t-on rapporté de sources policières et médicales.
Il s’agit des violences les plus graves enregistrées depuis 2008 dans cette ancienne colonie portugaise d’Afrique australe, l’un des pays les plus pauvres de la planète.
Le gouvernement assure maîtriser la situation. « Nous avons invité tout le monde au calme et à la sérénité. Nous requérons la collaboration de chacun », a déclaré le ministre de l’Intérieur, José Pacheco, au micro de Radio-Mozambique.
Des responsables de police ont dit que les forces de l’ordre avaient tiré à balles réelles après s’être trouvées à court de balles en caoutchouc, mais un porte-parole de la police nationale a assuré devant la presse qu’elles n’avaient pas fait usage de balles réelles, indique l’agence portugaise Lusa.
La police a fait officiellement fait état de trois morts et confirmé la mort des deux enfants dans la banlieue de Mafalala. De sources médicales et policières, on avance un bilan d’au moins six morts.
Le président Armando Guebuza devrait prononcer à bref délai un discours à la nation au sujet des manifestations, selon Lusa.
Les manifestants étaient rendus apparemment furieux par une hausse de 30% du prix du pain entrée en vigueur mercredi.
Selon des témoins, des actes de pillage et de vandalisme ont été commis lors des troubles.
« LA GOUTTE D’EAU QUI FAIT DÉBORDER LE VASE »
« Il y a des pillages et du vandalisme. Des commerces, dont des succursales de banque, sont fermés dans le quartier central des affaires », a dit le porte-parole de la police.
Les Mozambicains disent souffrir de l’augmentation des prix des denrées de base, dont le pain, qui vient s’ajouter à une flambée des prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité.
« Le gouvernement a sous-estimé la situation et ne peut ou ne veut pas comprendre qu’il s’agit d’une révolte contre la hausse du coût de la vie », a déclaré Alice Mabota, directrice de la Ligue mozambicaine des droits de l’homme.
« La hausse du prix du pain et d’autres denrées de base n’est pas la cause des manifestations. Ce n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a-t-elle assuré à Lusa.
Le pays est très dépendant de ses importations en provenance d’Afrique du Sud, dont le coût a enchéri ces derniers mois en raison de la hausse du rand.
« J’arrive tout juste à me nourrir », dit Nelfa Temoteo, une habitante du quartier populeux de Malhazine. « Je vais rejoindre les manifestants parce je suis scandalisée par l’envolée du coût de la vie. »
En 2008, des « émeutes de la faim » contre la cherté de la vie et la hausse du prix de l’essence avaient déjà fait au moins six morts. Le gouvernement avait accepté de baisser le prix du diésel pour les taxis minibus.
Avec Henrique Almeida à Luanda ; Jean-Loup Fiévet, Marc Delteil et Philippe Bas-Rabérin pour le service français
1er septembre 2010 par Charles Mangwiro
Source REUTERs
Manifestations en Mozambique
Des manifestations contre la vie chère ont fait plusieurs morts ce mercredi dans la capitale mozambicaine. Les manifestants qui entendaient protester contre les prix des produits de première nécessité ont été pris à parti par la police qui selon plusieurs témoins a tiré à balles réelles. Les autorités ont lancé un appel au calme alors que la tension reste vive, notamment à la périphérie de la capitale Maputo.
Les manifestations qui ont débuté dans les quartiers périphériques de Malhazine, Mafalala, ou encore Bagamoyo se sont très vite répandues aux autres secteurs. Magasins et boutiques ont été pillés jusque dans le centre ville de la capitale Maputo et au moins une banque a été saccagée, sans qu’on ne sache si les pillards ont pu se servir dans les caisses.
Scènes d’insurrection
Un porte-parole de la police a reconnu « la mort de deux enfants », des écoliers, alors que S-TV, une chaîne de télévision locale parlait en milieux d’après-midi d’un bilan de six morts.
Des scènes d’insurrection ont éclaté depuis les premières heures de la matinée dans plusieurs secteurs de la capitale, des manifestants qui avait érigé des barrages de pneus enflammés ayant été violemment chargés par les forces de l’ordre, qui selon les témoins ont d’abord tiré en l’air, avant d’ouvrir le feu sur la foule après s’être trouvé à court de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.
Depuis plusieurs jours, la rumeur annonçait une manifestation contre la vie chère dans la ville. La police qui estimait qu’aucune organisation ne s’était identifiée comme organisatrice de la manifestation avait déclaré qu’elle était interdite.
Dépendance sud-africaine
Les manifestants interrogés par les confrères sur place expliquent qu’ils protestaient contre la cherté de la vie. Le Mozambique qui dépend de son puissant voisin sud-africain pour tous les produits de première nécessité a vu ces dernières semaines les prix de ces produits s’envoler.
Conséquence, explique les économistes, de la forte appréciation de la monnaie sud-africaine qui fait que les importateurs achètent la marchandise en Afrique du Sud plus chère. Huile, sucre, farine et lait sont devenus pratiquement inaccessibles pour la majorité des Mozambicains dont près des 2/3 vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Investissements brésiliens
En 2008 une autre manifestation contre la vie chère avait fait au moins six morts dans le pays d’Afrique Australe souvent présenté comme un bon élève des institutions de Bretton Woods. Le Mozambique attire également de nombreux investisseurs.
Il y quelques mois le Brésil y a annoncé des investissements de plus de sept milliards de dollars alors que la Chine a signé avec Maputo un accord qui permettrait à la puissance émergente d’Asie d’y investir treize milliards de dollars ces cinq prochaines années.
Un système démocratique est en place dans le pays depuis la fin de la guerre civile qui a duré de 1976 à 1992, mais de nombreux Mozambicains se plaignent de la corruption de l’élite dirigeante.
Said Penda, Johannesburg, 1er septembre 2010
Source from BBC Africa
Émeutes de la faim au Mozambique
L’accalmie aura été de courte durée. La police a tiré des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes aujourd’hui à Maputo, la capitale mozambicaine, pour disperser de nouvelles émeutes de la faim motivées par la hausse du prix du pain.
Depuis deux jours, les émeutes ont fait sept morts et près de 300 blessés dans l’ex-colonie portugaise d’Afrique australe, l’un des pays les plus pauvres du monde. Après une accalmie de quelques heures, des pillages ont été signalés aujourd’hui dans la banlieue de la capitale et les forces de l’ordre sont intervenues.
Deux enfants tués mercredi
« Les émeutes ont repris dans les faubourgs de Maputo, à Benfica et Hulene. Les policiers tirent des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes pour disperser les pillards », a dit le porte-parole de la police. Deux enfants figurent parmi les sept personnes tuées mercredi. La police avait ouvert le feu au cours des incidents les plus graves observés depuis les « émeutes de la faim » de 2008.
Ces violences ont été causées par la hausse de 30% du prix du pain, qui s’ajoute à une flambée des prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité. Environ 70% des Mozambicains vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le gouvernement a fait savoir hier qu’il ne reviendrait pas sur le relèvement des prix.
Le Mozambique, qui souffre encore des effets de la longue guerre civile qui l’a déchiré entre 1976 et 1992, est tributaire de ses importations en provenance d’Afrique du Sud, dont le coût a augmenté récemment en raison de la hausse du rand.
Avec Reuters, 03/09/2010