PARIS, 13 oct 2010 (AFP) - En pleine offensive médiatique, Jean-Luc
Mélenchon a sorti mercredi son nouveau livre aux allures de programme pour
2012 intitulé « Qu’ils s’en aillent tous ! », un titre qui fait écho au
« populisme » que le président du Parti de gauche entend revendiquer.
« Populiste moi ? J’assume ! », assurait-il récemment dans L’Express, mettant
en avant son « goût de la polémique », « des dialogues fracassants » et dénonçant
« la suffisance des privilégiés ».
Dans son livre-programme au titre évocateur "Qu’ils s’en aillent tous !
Vite, la révolution citoyenne« (Flammarion) —allusion au slogan »que se vayan
todos" de la crise argentine en 2001—, l’eurodéputé fustige Nicolas Sarkozy
« roi des accointances », les « patrons hors de prix », ou encore les "antihéros
du sport, gorgés d’argent, planqués du fisc, blindés d’ingratitude".
« Rendez l’argent », clame-t-il, militant pour un salaire maximum, "pas plus
de vingt fois celui du bas de l’échelle« , et une taxation »à 100% pour la part
de revenus au-delà de 30.000 euros mensuels« , pour »15.000 ultra riches".
Enchaînant radios et télévisions en pleine campagne contre la réforme des
retraites du gouvernement, ce partisan d’une sortie du Traité de Lisbonne sera
aussi le 7 novembre sur le plateau consensuel de Michel Drucker pour un
« Vivement Dimanche » spécial.
Après l’épisode David Pujadas (traité de « larbin » en réaction à une
interview d’un syndicaliste par le journaliste de France 2), M. Mélenchon qui
entend « libérer les médias » et leur « armée » de précaires, s’est attiré la
sympathie de Bernard Tapie.
« J’aime bien Mélenchon » parce qu’il « pense » la même chose que moi des
journalistes, a dit l’homme d’affaires sur France Inter.
Mais au PS, François Hollande a critiqué « les vulgaires » qui sont "dans
l’excès" à gauche.
Chez l’allié communiste, certains s’inquiètent du côté « incontrôlable » du
possible candidat à la présidentielle du Front de gauche et craignent des
dérapages, explique un responsable PCF alors que les communistes essaient de
faire monter la candidature d’André Chassaigne, député « coco-écolo » du
Puy-de-Dôme.
Globalement, pour le politologue Stéphane Rozès (CAP Conseil), Jean-Luc
Mélenchon, anti-Dominique Strauss-Kahn déclaré, mène "une stratégie délibérée
de parler au peuple à la façon du peuple« pour que »s’instaurent deux types de
candidatures à gauche : celle de ceux dans la logique des élites« et »celle de
celui qui se situe dans une logique populaire".
« Il ne fait qu’exprimer la colère populaire avec les mots du peuple » et un
"discours en phase avec une période qui ne supporte plus le mi-chèvre
mi-chou« , assure Eric Coquerel (PG). »Il va falloir s’y habituer", lance ce
cadre d’un parti dont le tract « casse toi pov’con » à l’adresse de Nicolas
Sarkozy après sa phrase au Salon de l’Agriculture, fait un tabac.
« Avec ses accents à la Georges Marchais », "sa stratégie depuis qu’il a
quitté le PS (fin 2008), c’est de parler pour ’les petits’, il y a une vraie
authenticité« , explique Frédéric Dabi (Ifop), mais »le problème c’est de
concrétiser cela en intention de vote dans un contexte abstentionniste".
Car M. Mélenchon se heurte à un "décalage entre son exposition médiatique
et une « popularité en construction », note ce sondeur. Il n’arrive en effet que
46e (-4 places par rapport à septembre) dans le classement des personnalités
politiques Ifop-Paris Match avec 32% de bonnes opinions, loin derrière Olivier
Besancenot : 15e avec 56%.
Mais selon M. Rozès, l’ex-sénateur montre une "cohérence d’identité entre
sa sémantique, sa façon d’être et ses propositions« et »ça va avoir une
efficacité".
Julie DUCOURAU