La conférence de
LALIT sur Diego
Garcia
et
les
Chagos a pris fin le 2
novembre et a requis des
actions
fermes
du
Gouvernement
mauricien. Ses effets ont été
immédiats : avant même
la soumission au ministre
des Affaires étrangères
de la Déclaration issue
de la Conférence, et suite
aux reportages médiatiques,
le
Premier
ministre Navin Ramgoolam a annoncé, au
lendemain
de
cette
conférence de quatre
jours, que le Gouvernement ne se contentera
plus
uniquement
de
pourparlers. Il a traité le
Gouvernement de la GB Lindsey Collen, Cassam Uteem et Alain Ah-Vee lors de la cérémonie d’ouverture.
de “menteur”, d’“hypocrite” et de “fourbe”. Il a annoncé que le Gouvernement mauricien exigera de l’IAEA (Agence internationale de l’énergie atomique) une inspection tombant sous l’égide du traité de Pelindaba pour une ‘Afrique exempte Garcia et les Chagos d’armes nucléaires’, une demande issue de la Conférence de LALIT. Il a également annoncé une sorte d’assemblée régionale pour les Chagos, comme celle de Rodrigues ; une demande qui émane également de la conférence. Il a, pour la première fois, et adoptant les termes utilisés lors de la Conférence, accusé le Gouvernement britannique de Crime contre l’humanité pour la déportation des Chagossiens. S’agissant du “Parc marin protégé” autour des Chagos (excluant Diego Garcia) décrété par le Gouvernement britannique, le Premier ministre a dit : “Diego Garcia abrite des sous-marins nucléaires et des bateaux de guerre. Quand bombe nucléaire explose, ça ne les dérange pas. Les bateaux de guerre polluent la mer et ça aussi ne les dérange pas. Ensuite ils affirment qu’ils vont protéger les poissons et les coraux. Poissons et coraux comptent plus à leurs yeux que des humains. Nous n’accepterons pas cela !” *
Lors de la participation d’Alain Ah-Vee à une
émission radiophonique sur Top FM le 3 novembre, il
apparut clairement qu’une des propositions de la
Conférence de LALIT avait capté l’imagination du public.
De nombreuses personnes se sont prononcées en
faveur d’une expédition du Chef d’Etat et du Premier
ministre aux Chagos à bord du Trochetia. Beaucoup de
Mauriciens trouvent normal que des membres du gouvernement puissent se rendre à n’importe quel endroit du Territoire établi par la Constitution.
La conférence internationale de LALIT sur Diego a été un événement fort et animé qui a vu la participation d’une centaine de personnes chaque jour. La moitié étant des membres de LALIT de différentes branches du pays. Il y a eu environ 200 personnes distinctes qui ont été présentes à Grande Rivière Nord-Ouest et à la municipalité de Port-Louis : délégués de syndicats, d’association de Droits humains, de Mouvement féministes, des universitaires, des artistes, des natifs des Chagos (l’une de ces personnes a donné un témoignage), quelques très jeunes Chagossiens nés à Maurice et des Mauriciens qui ont loyalement soutenu la cause chagossienne depuis des une décennies. La concomitance de la Conférence et l’entrée en vigueur du Parc marin eut un effet instantané car le Gouvernement mauricien annonça dès le lendemain une stratégie plus audacieuse et cohérente face à la GB.
Le discours d’ouverture de l’ancien Président de la République Cassam Uteem a été des plus percutants sur les trois aspects de la lutte : fermeture de la base, décolonisation et droit de retour des Chagossiens. Il mit
la barre très haute en termes de réflexion à un haut
niveau et de nécessité d’être fermes dans cet
engagement. Les trois invités internationaux ayant pris la
parole, Wilbert van der Zeijden, de Hollande, et membre
du Mouvement No-Bases, John Percy, leader du Parti
socialiste révolutionnaire en Australie, et Penny Duggan,
de France, s’exprimant au nom de la IV internationale,
ont abordé des sujets liés à la lutte autour des Chagos.
Le Dr Vinesh Hookoomsing s’est exprimé, lui, sur le
‘Parc marin protégé’ entré en vigueur le 1er novembre,
soit le troisième jour de la Conférence.
Quatre membres de LALIT ont fait de
vigoureuses interventions, alors que cinq autres
membres ont présidé des sessions plénières animées. Ils
ont tous rappelé les confrontations de rue remportées
contre l’Unité Anti-émeute, de même que les victoires
judiciaires des Chagossiennes et des femmes membres
de LALIT jugées pour manifestation illégale. Ils ont
évoqué les initiatives de LALIT Rann nu Diego et la
Flottille de la Paix, toutes deux couronnées de succès.
Deux ateliers de travail lors de la Conférence furent
également présidés par deux personnes ayant déjà
participé aux précédentes luttes ; Kishore Mundil du
Komite Moris Losean Indyen et du Front National de
Soutien aux Ilois, et Pynee Chellarpermal du CEDREFI.
La participation des artistes à la Conférence ne
se résument pas à des « divertissements ». Ils ont
exprimé une autre façon de voir le même combat : à
travers les sens. Des chansons incisives ont été
interprétées par Menwar, Richard Beaugendre et
Daniella Bastien, de même que Joëlle Hosseny
accompagnée par Rajni Lallah, dans une atmosphère où
prenaient vie les œuvres d’art de Nirmal Hurry et de
Jean-Claude Baissac. Stéphanie Théodore et Ashish
Beesonndial ont fait une vibrante lecture sur les Chagos
tirée du roman Mutiny, de Lindsey Collen, alors que
Yannick Jeanne a lu un poème sur la Palestine, un sujet
lié à l’occupation illégale d’un territoire. Krishna
Luchoomun, Gerard Foy et leur groupe ont, eux, réalisé
une « performance mouvementée ».
Cinq interprètes, des sympathisants de LALIT,
ont assuré une émission radiophonique locale pour que
les participants créolophones puissent suivre, par
écouteurs, les interventions en anglais. Ils ont également
assuré la traduction pour les participants internationaux
venant des USA, Pays-Bas, Australie, Chine, et Réunion.
Lors des pauses-déjeuner, la Conférence ne
s’est pas arrêtée pour autant : les participants
continuaient à débattre autour de leurs thé et sandwiche
ou parcouraient l’exposition préparée par deux collégiens
et un membre de LALIT.
Le 1er novembre, lors du Forum national présidé
par Jean-Claude Bibi à la municipalité de Port-Louis, il
paraissait clair que le Gouvernement, de par le ministre
des Affaires étrangères, Dr Arvind Boolell, intensifiait
déjà ses démarches politiques, diplomatiques et légales
au sujet des Chagos. Lindsey Collen, représentant
LALIT, fit ressortir que la stratégie gouvernementale
visant à des négociations bilatérales depuis 42 ans
n’avait abouti à grand-chose. La promulgation d’un ‘Parc
marin protégé’ britannique, avec une base militaire
mitoyenne, ne fait que renforcer l’existence d’une colonie
Britannique des Territoires de l’Océan indien (BIOT),
confirmer son occupation illégale de cette région (terre et
mer) appartenant à Maurice, et perpétuer le
bannissement du peuple Chagossien des Chagos. Le
leader du MMM ne jugea utile ni d’être présent ni
d’envoyer un représentant du parti à ce débat.
Après quatre jours riches en débats et en
discussions, la Conférence parvint à un consensus sur
un certain nombre de points fondamentaux : que les trois
questions, à savoir, la fermeture de la base, le
démantèlement du BIOT et le droit de retour garanti à
tous les Chagossiens sur toutes les îles et pas en tant
que peuple colonisé, restent intimement liées et pas
troquées l’une contre l’autre ; que le Parc marin
impérialiste britannique soit contrecarré ; que des
structures démocratiques soient mises en place pour les
Chagossiens dans une République mauricienne
réunifiée. Dans le même temps, une série d’actions
visant à faire avancer la lutte a été consentie. Elle inclut
la proposition pour que les représentants de l’Etat,
incluant le Président et le Premier ministre, effectuent
une visite à bord du Trochetia, des Chagos et de Diego
Garcia, donnant ainsi force de loi à notre Constitution qui
stipule que ces îles forment partie du Territoire
mauricien. Elle donne également des pistes clés pour
garantir la souveraineté en s’adressant à des organismes
et à des recours des Nations unies.
* (Citations du discours du Premier ministre des
quotidiens l’Express et Le Matinal)
Traduction des comptes-rendus en anglais de Ram Seegobin et de
Lindsey Collen (voir www.lalitmauritius.org)
LALIT a reçu plus d’une trentaine de messages de soutien du monde entier pour cette Conférence (liste plus bas et
messages dans leur intégralité sur www.lalitmauritius.org).
Messages de soutien
War Resisters’ International, International anti-war organisation founded in 1921
War Resisters Africa working Group, Matt Meyer
Tony Simpson and Ken Fleet for the Bertrand Russell Peace Foundation.
USA
Steve Bloom for the Anti-War Committee of SOLIDARITY.
Al Marder for the US Peace Council, big US Peace organization.
Dud Hendriks for Veterans for Peace, big US ex-armed forces organization.
Elsa Wiehe, Activist and Teacher in the USA
Terry Moon for News & Letters, left wing organization in the US
David Vine, academic and author of book, Island of Shame.
Grande-Bretagne
Alan Thornett for Socialist Resistance
John Pilger, journalist, writer and film-maker.
Dr Sean Carey — Research Fellow at Roehampton University and has written on Chagos for the Guardian, New
Statesman and New African
Philippa Gregory, novelist in UK
Sylvia Boyes, veteran of the Greenham Common protests 25 years ago, anti-war activist, anti-nuclear campaigner
France
Nouveau Parti Anti-Capitaliste [Voir ci-dessous]
Irelande
Peadar King, film-maker for Irish TV.
Italie
Enzo Ciscato for No Dal Molin Movement in Vicenza
Australie
Jo Vallentine, Chairperson, for ANAWA (Anti-Nuclear Alliance)
Peter D. Jones, for War Resisters International Australia
Nouvelle-Zélande
Grant Morgan for the Socialist Worker
Afrique du Sud
Dale McKinlay for the Anti-Privatization Forum in South Africa.
Gunvant Govindjee, South African peace activist
Frene Ginwala, former Speaker of South African Post-Apartheid Parliament
La Réunion
Jean-Yves Payet for Lutte ouvrière
T. Appadoo for NPA Reunion
Japon
Action Committee against US-Japan Security Pact
Hamamatsu Alliance for Human Rights and Peace
No War — Peace White Ribbon Kanagawa
Okinawa Awase Bible Church
Peace Link Hiroshima-Kure-Iwakuni
Tachikawa Tent-mura Monitoring Military Base
Citizens to Stop Victimization by Yokota Airbase
Mozambique
Miguel Soares Prista, of the Department of Communication Studies at the University of Eduardo Mondlane in Maputo.
Message de soutien
Le NPA France salue la conférence internationale de Lalit “Free Diego, Liber Chagos”.
Nous connaissons le rôle colonial de la France dans votre région. Par le passe, et encore aujourd’hui.
Nous sommes d’autant plus conscients de notre devoir de participer activement a la campagne pour le droit de retour des Chagossians dans leurs îles et a des réparations pour tout ce qu’ils ont perdu pendant leur quarante ans d’exil.
Nous nous joignons également a vous dans la revendication pour le démantèlement immédiat de la base militaire US de Diego Garcia, « louée » par le gouvernement britannique aux USA suite a son expropriation illégale des îles Chagos.
Les pouvoirs impérialistes n’ont aucun droit ni besoin de maintenir une base militaire dans votre région, base qui ne sert qu’a leur « guerre contre le terrorisme », guerre qui stigmatise une partie de la population mondiale, y compris dans les métropoles, sur la base de leur religion et surtout qui nie aux peuples d’Afghanistan et Irak le droit de déterminer eux-mêmes leur avenir.
* Pour le droit de retour des Chagossiens et pour les réparations appropriées !
* Pour le démantèlement immédiat de la base militaire de Diego Garcia !
* Pour le droit des peuples de l’Océan Indien de déterminer leur avenir !
Penny Duggan
Le Nouveau Parti Anticapitaliste
Paris
Le 30 octobre 2010