L’autopsie du corps de l’homme touché par un tir de Flash-Ball, dimanche à Marseille, a révélé le rôle « indiscutable » de l’arme dans la mort, l’état de santé préexistant de la victime étant néanmoins étudié afin d’écarter d’autres causes, a-t-on appris mardi 14 décembre auprès du parquet. Les premiers résultats transmis avaient indiqué qu’il était mort d’un « œdème pulmonaire » provoqué par l’arrêt cardiaque, lui-même « causé semble-t-il » par le tir.
« Pour l’instant, il est encore trop tôt pour indiquer si ce décès est dû uniquement au tir de Flash-Ball ou s’il n’y avait pas aussi un état physique préexistant propice à ce type de décès », a précisé le procureur de la République adjoint de Marseille. « Un certain nombre d’investigations sont en cours au niveau médical », notamment des « analyses anatomopathologiques, analyses toxicologiques, etc., pour savoir s’il n’y avait pas chez cette personne un état de faiblesse physique particulier », a-t-il précisé, tout en indiquant que « l’action du Flash-Ball était indiscutable ».
TIR AU THORAX
Mostefa Ziani, né en 1967 et résident d’un foyer de Marseille, est mort lundi matin après avoir été victime d’un arrêt cardiaque dimanche à la suite du tir de Flash-Ball d’un policier. Les faits se sont déroulés dimanche après-midi dans un studio d’un foyer de travailleurs situé dans le 15e arrondissement. La victime, connue des services de police pour de petits délits, avait blessé au couteau un colocataire. Appelée sur place, une patrouille de trois policiers était intervenue.
A leur arrivée, l’homme avait « une attitude extrêmement violente à leur égard », blessant l’un d’eux en jetant une grande tasse sur son crâne, selon le directeur départemental de la sécurité publique, Pascal Lalle. Le policier a alors riposté par un tir de Flash-Ball qui a atteint l’homme au thorax. Une fois maîtrisé, il a été victime d’un arrêt cardioventilatoire avant d’être ranimé par les marins-pompiers. Plongé dans le coma, il est mort lundi matin.
Alors que le policier doit être entendu par l’inspection générale de la police nationale, le procureur adjoint de Marseille a précisé, mardi, qu’aucune mesure coercitive, comme une garde à vue, « n’était pour l’instant envisagée ». Selon lui, « l’enquête va pour l’essentiel être tournée vers les conditions d’utilisation du Flash-Ball : au regard des circonstances, est-ce qu’il était légitime ou illégitime de se servir de cette arme réputée habituellement non-létale pour essayer de se défendre contre un individu agressif et violent. (...) Il y a des conditions d’utilisation qui sont prévues, il y a un certain nombre de mètres minimum qui sont imposés, sauf circonstances de péril pour soi-même ou pour les personnes qui sont présentes », a-t-il rappelé mardi.